Question de M. LAFON Laurent (Val-de-Marne - UC) publiée le 03/04/2025
M. Laurent Lafon appelle l'attention de Mme la ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche au sujet du projet de port industriel à Vigneux-sur-Seine. Porté par l'établissement public Haropa Port, ce projet soulève de vives inquiétudes dans nos territoires. Préoccupation relayée en particulier par le maire et les élus locaux d'Ablon-sur-Seine, dans le Val-de-Marne.
Ce projet, présenté comme une opportunité pour redévelopper les zones industrialo-portuaires de l'axe Seine, apparaît aujourd'hui comme une menace concrète pour le cadre de vie de nos concitoyens. Nous constatons en effet que l'implantation de ce port et du pont reliant Vigneux-sur-Seine à Ablon risque d'entraîner une augmentation significative du trafic, des nuisances sonores accrues, ainsi qu'une dégradation sensible de la biodiversité locale, sans compter la saturation déjà lourde de notre réseau routier.
Face à ces constats, il souhaite interroger le Gouvernement sur plusieurs points essentiels : comment concilier les ambitions industrielles affichées avec les impératifs de transition écologique et de protection de l'environnement qui nous sont chers ? Est-il prévu de revoir à la baisse l'intensité de ce projet, ou d'en modifier la conception, afin de limiter ces impacts négatifs ? Par ailleurs, compte tenu des mobilisations citoyennes et de l'inquiétude manifeste des élus locaux, quelles garanties concrètes le Gouvernement peut-il apporter pour assurer une réelle concertation avec les collectivités concernées avant de poursuivre un projet aux conséquences potentiellement désastreuses pour nos territoires ?
Il lui demande donc quelles mesures le Gouvernement envisage pour répondre aux préoccupations des riverains et des élus locaux et comment réconcilier développement économique et préservation de la qualité de vie à Ablon-sur-Seine et dans ses environs.
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Transmise au Ministère auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargé des transports
Réponse du Ministère délégué auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargé de la ville publiée le 09/04/2025
Réponse apportée en séance publique le 08/04/2025
M. le président. La parole est à M. Laurent Lafon, auteur de la question n° 440, transmise à M. le ministre auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargé des transports.
M. Laurent Lafon. Madame la ministre, j'attire votre attention sur un projet qui suscite une vive inquiétude dans le Val-de-Marne et dans l'Essonne : le port industriel de Vigneux-sur-Seine, porté par l'établissement public Haropa Port, placé sous la tutelle de la direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités (DGITM) du ministère des transports.
L'objectif affiché est clair : développer l'axe Seine, renforcer l'activité industrielle et portuaire. Pourtant, sur le terrain, l'opposition est forte. Le maire d'Ablon-sur-Seine, Éric Grillon, ainsi que de nombreux élus et habitants, dénonce les effets négatifs de ce projet de plateforme multimodale à vocation régionale sur les rives de Vigneux-sur-Seine et du pont de franchissement entre Vigneux-sur-Seine et Athis-Mons.
Trois préoccupations majeures émergent.
D'abord, la mobilité. Le réseau routier est déjà saturé. L'implantation de ce port multimodal, couplée à la construction du pont reliant Vigneux à Ablon, risque d'aggraver la situation : davantage de trafic, plus de congestion. La circulation accrue des poids lourds, les nuisances sonores, la pollution de l'air et de l'eau, les lumières nocturnes, ainsi que les manoeuvres des bateaux auront des conséquences pour les riverains, à quelques mètres seulement de leurs habitations.
Ensuite, l'environnement. Nous parlons ici de l'une des plus belles rives naturelles de la Seine en Île-de-France. Ce projet entraînera la destruction et l'artificialisation de plus de 50 hectares de zones humides et d'espaces naturels classés, ainsi que la déforestation de 30 hectares en bord de Seine.
Enfin, la concertation. Elle est largement insuffisante. Un projet d'une telle ampleur ne saurait être préparé sans un dialogue approfondi avec les élus locaux et les habitants.
Madame la ministre, comment le Gouvernement entend-il, sur ce dossier, concilier développement économique et impératifs écologiques ?
Peut-on envisager de revoir l'ampleur du projet, d'en adapter la conception afin de limiter ses impacts et de préserver cette zone naturelle essentielle à l'environnement ?
Surtout, face aux mobilisations citoyennes et à l'inquiétude parfaitement légitime des élus locaux, quelles garanties concrètes le Gouvernement peut-il offrir pour assurer une véritable concertation avant d'engager un projet aux conséquences néfastes et irréversibles ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Juliette Méadel, ministre déléguée auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargée de la ville. Monsieur le sénateur Lafon, le ministre chargé des transports, Philippe Tabarot, comprend les inquiétudes que le projet de Vigneux-sur-Seine suscite dans votre territoire. Il m'a chargée de vous apporter les précisions suivantes.
Haropa Port, le grand port fluviomaritime de l'axe Seine, est en effet propriétaire d'un terrain d'environ 110 hectares sur la commune de Vigneux-sur-Seine, dans l'Essonne. Si ce terrain avait été acquis dans les années 1990 avec l'objectif d'y développer une plateforme industrielle portuaire sur sa totalité, je peux vous assurer que ce projet initial n'est plus d'actualité.
En effet, le nouveau schéma directeur environnemental de la région d'Île-de-France (Sdrif-E), adopté par le conseil régional le 11 septembre 2024, redéfinit complètement l'aménagement de cette zone. Il prévoit désormais une urbanisation à vocation industrielle et multimodale limitée à 35 hectares le long de la voie ferrée, soit moins d'un tiers de la surface initiale. Plus important encore, il garantit la préservation d'une armature verte en bord de Seine sur la majeure partie du terrain.
Cette nouvelle orientation pose les bases d'un projet plus équilibré, qui concilie les enjeux de développement économique et de préservation écologique, en phase avec les défis actuels.
En ce qui concerne vos interrogations sur la concertation, je peux vous indiquer qu'Haropa Port est actuellement en phase de réflexion préalable. Une fois le nouveau Sdrif-E en application, une concertation approfondie sera engagée avec l'ensemble des acteurs du territoire. Cette démarche permettra d'entendre et de prendre en compte les préoccupations légitimes que vous relayez, qu'il s'agisse des impacts sur le cadre de vie, des nuisances potentielles ou des enjeux de circulation.
Le ministre chargé des transports et son cabinet restent à votre disposition pour suivre l'évolution de ce dossier, qui revêt une importance particulière pour votre territoire.
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