Question de M. BONHOMME François (Tarn-et-Garonne - Les Républicains-A) publiée le 10/04/2025
Question posée en séance publique le 09/04/2025
M. le président. La parole est à M. François Bonhomme, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. François Bonhomme. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'éducation nationale, et pour cause, elle porte sur l'école.
Madame la ministre, tout le monde observe depuis bien longtemps les effets délétères des écrans, et notamment des téléphones portables, en particulier sur les enfants et les adolescents. L'usage excessif du numérique, qui altère leur sommeil, leur attention et leur concentration, est source de décrochages multiples.
Parmi nos jeunes, personne n'est épargné. Le déluge numérique auquel ces derniers sont soumis est désormais permanent. Il est devenu un phénomène social majeur, qui contribue en grande partie à la dégradation des apprentissages et, plus largement, de la réussite scolaire.
À la rentrée de septembre 2024, une expérimentation de l'interdiction effective du téléphone portable au collège a été lancée. Mais, par définition, elle ne concerne qu'un nombre réduit d'élèves : comptez-vous généraliser cette mesure à la prochaine rentrée scolaire ? (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains. - MM. Mickaël Vallet et Alexandre Basquin applaudissent également.)
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 10/04/2025
Réponse apportée en séance publique le 09/04/2025
M. le président. La parole est à Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le sénateur François Bonhomme, je vous le confirme : je souhaite que la pause numérique soit étendue à tous les collèges à la prochaine rentrée.
M. Mickaël Vallet. Bravo !
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Vous avez évoqué de nombreux effets néfastes du téléphone portable. À ce titre, le Centre national du livre (CNL) dresse le constat suivant dans une récente enquête : quand un jeune passe en moyenne cinq heures par jour devant un écran, il ne passe que trois heures par semaine sur un livre.
En parallèle - le CNL le souligne également -, non seulement la pratique de la lecture baisse, mais la moitié des jeunes qui lisent font autre chose, en même temps, avec leur téléphone.
L'usage excessif des écrans est en effet préjudiciable à la réussite des élèves.
La pause numérique fait suite au rapport que la commission chargée d'évaluer les enjeux de l'exposition des enfants aux écrans a remis à la fin du mois d'avril 2024 au Président de la République. Comme vous l'avez dit, elle est expérimentée dans une centaine de collèges depuis la rentrée de 2024, et tous les retours sont très positifs. On observe notamment une amélioration du climat scolaire et le large soutien dont cette mesure bénéficie de la part des parents et des professeurs.
Évidemment, ce choix n'exclut pas tout usage du numérique : ce dernier peut être employé à des fins pédagogiques, mais il doit être encadré.
Pour la rentrée prochaine, je souhaite que les modalités de mise en oeuvre de cette généralisation soient laissées à l'appréciation des chefs d'établissement, en lien avec les conseils départementaux. On pourra opter, par exemple, pour des casiers ou pour des pochettes. Le coût de cette mesure pourra être nul pour l'établissement. Au maximum, il atteindra quelques milliers d'euros.
Vous le soulignez avec raison, à l'heure où l'usage des écrans inspire de plus en plus d'interrogations, du fait de ses nombreuses conséquences néfastes, cette mesure est essentielle à la fois au bien-être et à la réussite de nos élèves. (Applaudissements sur des travées des groupes RDPI, RDSE et UC.)
M. Mickaël Vallet. C'est plus urgent que les uniformes !
M. le président. La parole est à M. François Bonhomme, pour la réplique.
M. François Bonhomme. Madame la ministre, j'ai bien entendu votre réponse et j'y souscris assez largement. Simplement, nous sommes en 2025 ! Cela fait quinze ans que ce phénomène provoque des dégâts considérables à l'école. On ne le découvre pas ; on le répète, étude après étude.
Dans une récente enquête, le CNL souligne une fois de plus que le temps de lecture ne cesse de diminuer au profit du temps passé sur les écrans.
L'usage excessif du numérique participe de l'effondrement du niveau des élèves, régulièrement confirmé par les études tant nationales qu'internationales. Vous connaissez comme moi ses effets terribles sur la santé des élèves. Il nuit à leur sommeil comme à leur concentration, et je ne parle pas du cyberharcèlement. Je le répète, nous sommes loin de découvrir ce phénomène.
Je salue évidemment la généralisation de la pause numérique. Mais, en la matière, il va falloir faire preuve d'une grande fermeté et d'un grand courage. En outre, vous n'avez parlé que du collège : pourquoi le lycée ne bénéficierait-il pas lui aussi de cette protection ?
Toutes les salles de classe doivent être protégées des intrusions multiples auxquelles donne lieu ce flux permanent. Les phénomènes que l'on déplore au collège sont également à l'oeuvre au lycée. Face à ce fléau, je vous encourage à faire preuve de volonté et de détermination : c'est le seul moyen d'obtenir des succès effectifs ! (Applaudissements sur des travées des groupes Les Républicains et SER. - M. Alexandre Basquin applaudit également.)
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