Question de Mme JACQUES Micheline (Saint-Barthélemy - Les Républicains) publiée le 10/04/2025

Question posée en séance publique le 09/04/2025

M. le président. La parole est à Mme Micheline Jacques, pour le groupe Les Républicains.

Mme Micheline Jacques. Monsieur le ministre de l'intérieur, en 2024, quelque 50 tonnes de cocaïne ont été saisies. C'est le résultat de la lutte intensive que nous avons engagée contre le narcotrafic sur notre territoire terrestre et maritime. Dans la nuit du 3 au 4 avril dernier, 830 kilos de cocaïne ont encore été interceptés. En Guyane, le dispositif d'interception des mules a fait diminuer radicalement les passages.

Toutefois, il faut voir dans ces prises le corollaire de l'augmentation de la production. Les chiffres sont alarmants et suscitent de vives inquiétudes pour les territoires français de la Caraïbe, qui sont particulièrement exposés en raison de leur position géographique.

Il y a deux semaines, une chaîne de télévision diffusait un reportage montrant, en Guadeloupe, un trafiquant, bracelet électronique à la cheville, poursuivre ses affaires illégales. Cela n'est pas tolérable.

À 900 kilomètres de Saint-Martin, et donc de la France, la capitale haïtienne, Port-au-Prince, est en proie à des gangs dont tout porte à croire qu'ils sont soutenus et financés par des cartels de drogue. Localement, l'inquiétude que nous partageons est de voir la ville tomber aux mains des trafiquants, ce qui offrirait un point de passage facilité à la drogue et aux armes. Aussi, nous ne pouvons pas rester inactifs.

La part des mineurs dans les rangs des gangs est évaluée à 30 %. Bien sûr, nous ne pouvons pas demander à l'armée d'intervenir contre des enfants. Toutefois, nos forces de police disposant d'une certaine expertise en matière de guérilla urbaine, comment pouvons-nous envisager d'aider Haïti pour ne pas laisser s'y créer un hub du narcotrafic ?

- page 4839


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 10/04/2025

Réponse apportée en séance publique le 09/04/2025

M. le président. La parole est à M. le ministre d'État.

M. Bruno Retailleau, ministre d'État, ministre de l'intérieur. Madame la sénatrice Micheline Jacques, je l'ai souvent dit, les drogues les plus dures sont désormais disponibles partout, tout le temps. Cela vaut évidemment pour nos territoires d'outre-mer.

Comme vous l'avez indiqué, les Caraïbes sont une zone de transit intermédiaire entre les pays producteurs, je pense en particulier à l'Amérique du Sud, et les pays consommateurs, situés plutôt en Europe ou en Amérique du Nord.

Vous pointez la situation d'Haïti, qui est absolument chaotique. Vous le savez parfaitement, plusieurs crises s'y emboîtent et se potentialisent : sécuritaire, politique, humanitaire. Les vulnérabilités du pays sont autant de chances pour les narcotrafiquants et pour des gangs lourdement armés et ultraviolents.

Depuis longtemps, la France se tient aux côtés d'Haïti. Nous aidons autant que nous le pouvons la force de police, qui est la seule à pouvoir résister à ces gangs. Nous le faisons à la fois par du conseil, par de la formation et par la livraison de matériel.

Pour répondre à votre question précise, nous allons accroître cette aide. C'est le sens de la rencontre entre le Président de la République et le président du Conseil présidentiel de transition haïtien le 29 janvier. Nous apporterons notre expertise et je vous informe que des éléments du Raid (recherche, assistance, intervention, dissuasion) sont actifs et conseillent les forces de police haïtienne.

Nous livrerons également du matériel, notamment des drones, et même des véhicules blindés. Nous essayons de reproduire ce qui peut ressembler à notre modèle de l'Office anti-stupéfiants (Ofast) avec l'Unité de lutte contre la corruption (ULCC) haïtienne.

Ce que je peux vous dire, c'est que la situation en Haïti est tellement mauvaise que la plupart des pays se sont retirés. Un seul pays, le nôtre, se tient debout aux côtés d'Haïti pour aider ses habitants dans le chaos auquel ils sont confrontés. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à Mme Micheline Jacques, pour la réplique.

Mme Micheline Jacques. Je vous remercie, monsieur le ministre. Aider Haïti, c'est aussi aider les outre-mer caribéens et je sais que je peux compter sur votre détermination et sur celle de la France. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Michel Savin. Très bien !

- page 4839

Page mise à jour le