Question de M. LEMOYNE Jean-Baptiste (Yonne - RDPI) publiée le 10/04/2025

Question posée en séance publique le 09/04/2025

M. le président. La parole est à M. Jean-Baptiste Lemoyne, pour le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. Jean-Baptiste Lemoyne. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

Là où Donald Trump passe, le commerce trépasse ! (Marques d'approbation amusées sur diverses travées.) Depuis six heures ce matin, des droits de douane additionnels s'appliquent au monde entier ou presque. Pour la France, pour l'Union européenne, le tarif est de 20 % !

Cette guerre commerciale apporte une mauvaise réponse à un mauvais diagnostic.

Il s'agit d'un mauvais diagnostic, parce que le président Trump veut résorber de prétendus déficits commerciaux, alors qu'il ne prend en compte que les biens et pas les services, secteur dans lequel les États-Unis sont largement excédentaires.

Il s'agit d'une mauvaise réponse, parce que nos économies sont désormais totalement interdépendantes. À titre d'exemple, les entreprises françaises emploient 700 000 salariés aux États-Unis quand les entreprises américaines emploient 400 000 salariés en France.

Naturellement, les Américains seront en première ligne pour subir ce choc et perdre en pouvoir d'achat, mais les entrepreneurs français sont légitimement inquiets. La France exporte en effet pour 48 milliards d'euros aux États-Unis : du chablis bien sûr (Sourires.), du fromage, des produits de luxe, des cosmétiques, des produits pharmaceutiques...

Heureusement, l'Union européenne n'est plus l'idiot du village global, ouvert à tous les vents ; elle s'est armée et réarmée en matière commerciale.

Monsieur le ministre, plusieurs questions se posent. (M. Michel Savin ironise.) Comment ferez-vous en sorte de maintenir le dialogue avec cette administration déterminée, mais qui commence à se diviser ? Comment éviter que l'Union européenne ne devienne le déversoir des produits chinois, par exemple ? Comment accompagner nos entreprises à trouver de nouveaux débouchés ? Comment répliquer sans causer de nouveaux dommages collatéraux pour nos économies ? (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique publiée le 10/04/2025

Réponse apportée en séance publique le 09/04/2025

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

M. Éric Lombard, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique. Monsieur le sénateur Jean-Baptiste Lemoyne, vous avez eu parfaitement raison de dire ce que vous venez de dire. Je vais tâcher de répondre à vos questions.

Tout d'abord, nous faisons en sorte de maintenir le fil du dialogue au niveau du Gouvernement, puisque Laurent Saint-Martin et moi-même échangeons régulièrement avec nos interlocuteurs américains ; je le fais moi-même avec Scott Bessent dans le cadre des réunions du G7, dont la prochaine aura lieu à Washington le 22 avril. Nous dialoguons aussi avec la Commission européenne, dont c'est d'ailleurs le mandat : Laurent Saint-Martin et moi-même parlons ainsi régulièrement avec Maros Sefcovic, lequel échange tout aussi fréquemment avec Howard Lutnick, l'actuel secrétaire au commerce des États-Unis.

Ensuite, nous comptons protéger l'Union européenne en préparant une réaction très vigoureuse. Mon collègue Jean-Noël Barrot a commencé à en parler : ce matin, nous avons décidé un premier paquet de mesures qui s'appliqueront à partir du 15 avril prochain et concerneront 22 milliards d'euros d'importations de produits depuis les États-Unis. Nous travaillons avec l'Union européenne à un deuxième paquet de mesures, qui portera non seulement sur les droits de douane, mais aussi sur d'autres sanctions ou règles que nous pourrons imposer en réponse aux annonces des Américains.

Un conseil des ministres des finances de l'Union européenne se réunira par ailleurs à Varsovie en fin de semaine. Nous y proportionnerons nos exigences, afin de permettre l'ouverture de négociations, car nous souhaitons naturellement aboutir à une baisse des droits de douane.

Vous avez évoqué la question des nouveaux débouchés. Les États-Unis ne représentent que 15 % du total de nos exportations et nous cherchons à augmenter nos parts de marché ailleurs. Dans le cadre des réunions dont Jean-Noël Barrot a parlé, nous cherchons à accompagner nos entreprises, afin qu'elles s'orientent vers de nouveaux marchés. C'est du reste la raison pour laquelle j'accompagnais le Président de la République en Égypte ces deux derniers jours.

Enfin, notre objectif est le retour au libre-échange. Pour cela, nous allons dialoguer sans limite et de façon très assidue avec les Américains et avec l'ensemble de nos partenaires dans le monde - il faut veiller aux équilibres mondiaux - pour que la situation puisse revenir à la normale. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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