Question de M. MELLOULI Akli (Val-de-Marne - GEST) publiée le 10/04/2025
Question posée en séance publique le 09/04/2025
M. le président. La parole est à M. Akli Mellouli, pour le groupe Écologiste - Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST. - M. Jean-Marc Vayssouze-Faure applaudit également.)
M. Akli Mellouli. Monsieur le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, à Gaza, c'est l'humanité elle-même qui s'effondre ! Jamais dans l'histoire contemporaine un peuple n'a été aussi méthodiquement isolé, affamé, bombardé, privé d'accès aux soins et aux secours !
Gaza est aujourd'hui le théâtre d'une catastrophe humanitaire totale, sans précédent, qui a été rendue possible par l'inaction de la communauté internationale et le silence complice de nos grandes puissances !
C'est la première guerre moderne durant laquelle aucun couloir humanitaire n'a été mis en place, la première guerre moderne durant laquelle des blessés graves ne peuvent être évacués, la première guerre moderne durant laquelle des enfants meurent de faim à quelques mètres d'entrepôts pleins d'aide humanitaire volontairement bloquée, la première guerre moderne durant laquelle des médecins de retour du théâtre des opérations entament des grèves de la faim pour exiger un cessez-le-feu et un corridor humanitaire.
Cette réalité interroge notre conscience collective. Quand des femmes accouchent au sol, sans anesthésie, quand des chirurgiens opèrent à la lumière des téléphones portables, sans eau, sans médicaments, quand l'odeur de la mort remplace celle de la vie, ce n'est plus une guerre, mais un effondrement moral !
Il y a plus d'un an, dans cet hémicycle, je disais déjà qu'à Gaza on ne soignait plus, on amputait. Aujourd'hui, on n'ampute plus, on enterre !
Chaque jour qui passe sans cessez-le-feu, sans aide, sans voix pour crier son désarroi face à la réalité est une trahison de nos valeurs fondamentales et de la dignité humaine !
Dans ce contexte, il est temps de passer des discours aux actes. En effet, si, comme l'affirme le Président de la République, notre pays est opposé à toute annexion de Gaza et de la Cisjordanie, la France doit soutenir le droit du peuple palestinien à l'autodétermination et reconnaître sans tarder l'État de Palestine, unique levier pour imposer enfin le respect du droit international et stopper le génocide.
Monsieur le ministre, notre pays compte-t-il prendre ses responsabilités ? Entend-il exiger un cessez-le-feu immédiat, l'ouverture d'un corridor humanitaire, le respect des décisions des instances internationales ? Enfin, quand reconnaîtrez-vous l'État de Palestine ? (Applaudissements sur les travées des groupes GEST, SER et CRCE-K, ainsi que sur des travées du groupe RDSE.)
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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 10/04/2025
Réponse apportée en séance publique le 09/04/2025
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le sénateur, vous auriez pu, dans le cadre de votre question, saluer la visite du Président de la République, hier, à El-Arich, à trente-cinq kilomètres de Gaza,...
M. Mickaël Vallet. Il en a parlé !
M. Jean-Noël Barrot, ministre. ... pour apporter huit tonnes de fret humanitaire, se rendre au chevet des blessés palestiniens, qui sont aujourd'hui soignés en Égypte, et aller à la rencontre des acteurs humanitaires qui continuent courageusement de tenter d'apaiser les souffrances du peuple palestinien.
Vous auriez pu, dans le cadre de votre question, souligner la responsabilité très lourde, historique, du Hamas...
M. Laurent Burgoa. Très bien !
M. Jean-Noël Barrot, ministre. ... quant à la situation dans laquelle se trouve plongé aujourd'hui le peuple palestinien. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées des groupes UC et Les Républicains.)
La France a bien fait passer les messages que vous souhaitez. Le Président de la République s'est ainsi entretenu avec les dirigeants des pays arabes pour qu'ils fassent pression sur le Hamas, afin que celui-ci relâche les otages encore retenus dans les tunnels de Gaza. Il s'est entretenu avec le Premier ministre israélien et le président américain pour obtenir que les hostilités puissent s'arrêter et que le cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier dernier puisse reprendre. (Mme Raymonde Poncet Monge proteste.)
Au-delà de cette question, nous travaillons, comme vous le savez, avec l'Arabie saoudite à la préparation d'une conférence des Nations unies sur une solution à deux États, car nous considérons que c'est la seule option susceptible d'apporter la paix à Israël comme au peuple palestinien. Cela passera, le moment venu, par des reconnaissances collectives et croisées apportant à Israël comme à la Palestine des garanties en termes de sécurité, qui permettent aux deux peuples de vivre en paix et d'assurer la stabilité à l'ensemble de la région.
C'est dans cet esprit que nous agissons. C'est dans cet esprit que le Président de la République s'est rendu en Égypte ces deux derniers jours. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. - Mme Catherine Morin-Desailly applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. Akli Mellouli, pour la réplique.
M. Akli Mellouli. Monsieur le ministre, quand le droit s'efface devant la force, quand la dignité humaine devient une variable d'ajustement diplomatique, c'est tout l'ordre international qui vacille ! Soyez fidèles à ce que la France a longtemps été et à ce qu'elle devrait rester ! (Applaudissements sur les travées du groupe GEST. - M. Mickaël Vallet applaudit également.)
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