Question de M. CHEVALIER Cédric (Marne - Les Indépendants) publiée le 27/03/2025

M. Cédric Chevalier appelle l'attention de M. le Premier ministre sur la nécessité de mettre en place un hommage national rendu à la mémoire des victimes de cette pandémie, qui a profondément marqué notre pays. Le 17 mars 2020, la France entrait dans un premier confinement strict, bouleversant la vie de tous nos concitoyens. Cette date, symbole d'une crise sanitaire et sociale sans précédent, marque cette année son cinquième anniversaire.
Au-delà des souffrances liées à la maladie elle-même, la gestion des décès, souvent dans la solitude, et la privation de rituels essentiels au processus de deuil ont laissé de profondes blessures chez de nombreuses familles. Si d'autres priorités occupent aujourd'hui l'agenda politique, un moment de recueillement collectif pourrait contribuer à panser ces plaies et à favoriser une forme de réconciliation nationale. Un hommage, empreint de solennité et de respect, permettrait non seulement de rendre justice à celles et ceux qui ont été emportés par cette tragédie, mais également d'apporter un réconfort symbolique aux familles endeuillées. Il s'agirait d'un acte fort, non pas pour raviver les polémiques, mais pour rappeler l'importance de la mémoire et du lien entre les générations. Aussi, au regard du besoin de reconnaissance et de mémoire exprimé par de nombreux citoyens, il lui demande s'il entend oeuvrer pour que cet hommage prenne une forme pérenne et soit inscrit dans le calendrier républicain comme un rendez-vous annuel de mémoire et de solidarité.

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Transmise au Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins


Réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé du travail et de l'emploi publiée le 09/04/2025

Réponse apportée en séance publique le 08/04/2025

M. le président. La parole est à M. Cédric Chevalier, auteur de la question n° 419, transmise à M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins.

M. Cédric Chevalier. Madame la ministre, je veux vous parler ce matin de Lionel Petitpas.

Le 29 mars 2020, au tout début de la crise sanitaire, cet habitant de la Marne a perdu son épouse, emportée par le covid-19. Face à cette tragédie, au lieu de se replier dans la douleur comme tant d'autres, il a fait le choix de l'action, en créant l'association Victimes du covid-19, dont l'objectif est d'honorer la mémoire de ceux qui ont succombé au virus et d'offrir à leurs proches un lieu de recueillement.

Depuis lors, à Cormontreuil - sa commune -, mais aussi à Châlons-en-Champagne ou, plus récemment, à Taissy et à Reims, cet homme de 73 ans s'est engagé sans relâche pour convaincre les collectivités de mettre en place des lieux de mémoire : stèles, arbres, plaques commémoratives. Chaque installation a donné lieu à des hommages locaux, empreints d'émotion et de dignité.

Aujourd'hui, je souhaite appeler votre attention sur son combat et sur la nécessité de prévoir un hommage national à la mémoire des victimes de la pandémie de covid-19, une crise qui a profondément marqué notre pays.

Rappelons-nous : le 17 mars 2020, la France est entrée dans un premier confinement strict, bouleversant le quotidien de tous nos concitoyens. Cette date, devenue le symbole d'un bouleversement sanitaire, social et humain sans précédent, marque cette année son cinquième anniversaire.

Durant cette période sombre, des milliers de familles ont été endeuillées, souvent dans des conditions particulièrement cruelles : sans adieux, sans cérémonie, sans possibilité d'accompagner leurs proches dans leurs derniers instants.

Au-delà de la souffrance causée par la maladie, l'isolement dans la mort et la privation de rituels essentiels au deuil ont laissé des cicatrices profondes. Aujourd'hui encore, beaucoup ressentent le besoin d'un moment de reconnaissance collective, d'un temps de mémoire pour apaiser les douleurs et tourner une page douloureuse de notre histoire commune.

Certes, d'autres urgences occupent désormais l'agenda politique, mais il paraît indispensable qu'un hommage national puisse être institué, afin que la Nation dans son ensemble puisse se recueillir. Un tel moment, empreint de solennité et de respect, permettrait non seulement d'honorer les disparus, mais aussi d'apporter un soutien symbolique aux familles qui restent. Il s'agirait non de rouvrir les débats ou les polémiques, mais d'affirmer l'importance du devoir de mémoire, du lien entre les générations et de notre capacité à nous rassembler dans les épreuves.

M. le président. Veuillez conclure, mon cher collègue.

M. Cédric Chevalier. Dans cet esprit de reconnaissance et de solidarité, le Gouvernement entend-il inscrire cet hommage dans la durée, sous la forme d'un rendez-vous annuel de mémoire nationale, afin de permettre aux Français de se souvenir, ensemble, des vies brisées par cette pandémie ?

M. le président. La parole est à Mme la ministre.

Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargée du travail et de l'emploi. Monsieur le sénateur Cédric Chevalier, votre question nous rappelle que nous sommes entrés dans une nouvelle ère, celle des chocs externes : crises sanitaires, à l'image du covid-19, mais également chocs géopolitiques ou inflationnistes, à l'image de l'augmentation des prix alimentaires et énergétiques à laquelle nous assistons aujourd'hui. Tout cela nous oblige à nous poser la question fondamentale de la résilience nationale.

Votre proposition, consistant à instaurer un hommage national annuel aux victimes de la pandémie du covid-19, touche à un sujet essentiel : la mémoire collective. Nous nous souvenons tous de l'endroit où nous étions quand le Président de la République a annoncé le confinement et que le pays s'est arrêté. Vous l'avez rappelé, des familles ont perdu des proches sans pouvoir leur dire adieu, ce qui a provoqué des traumatismes intimes et collectifs, qui appellent un geste fort de la République.

Un hommage solennel, inscrit durablement dans notre calendrier républicain, serait un acte de reconnaissance, d'unité et de résilience nationales. Il pourrait rassembler autour de notre histoire récente nos douleurs partagées et, surtout, ce que nous avons appris ensemble. Ce serait également une manière de réaffirmer le rôle de l'État, en particulier de nos élus placés en première ligne - je pense aux maires -, comme garants du lien social et de la mémoire nationale.

Cette mémoire ne doit pas être figée, elle doit aussi nous permettre de tirer des leçons pour améliorer notre capacité à affronter les chocs externes.

Sur votre proposition d'instaurer une journée nationale d'hommage, je ne peux répondre ni m'engager formellement au nom du Gouvernement. En revanche, je peux vous dire que le Gouvernement souhaite qu'un débat puisse se tenir sur ce sujet.

Cette question mérite une réflexion collective, digne, à la hauteur de l'impact qu'a eu la pandémie sur notre société. C'est dans cet esprit d'écoute et de dialogue qu'il appelle à l'engagement de cette discussion, afin d'examiner avec vous les formes de reconnaissance et de mémoire les plus justes et les plus à même de nous rassembler.

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