Question de Mme NADILLE Solanges (Guadeloupe - RDPI) publiée le 13/03/2025
Mme Solanges Nadille appelle l'attention de Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur les multiples défis de l'école en Guadeloupe. La région académique Guadeloupe est singulière du fait de son caractère archipélagique avec la double, voire la triple insularité. À cela viennent s'ajouter des facteurs qui pèsent fortement sur la scolarité et l'insertion professionnelle des jeunes : diminution de la population et du nombre d'élèves, pertes de jours ou d'heures de classe, tensions sociales, problématiques de transport, sensibilité du territoire aux catastrophes majeures, manque d'accès à l'eau dans certains établissements, population avec un niveau de pauvreté et un taux de chômage élevé. De fait, le système éducatif en Guadeloupe aujourd'hui se caractérise par des retards dès la maternelle qui s'amplifient tout au long de la scolarité au primaire et au secondaire. Plus de 1200 élèves sortent chaque année du système scolaire sans aucun diplôme ou avec des niveaux de formation trop faibles pour leur permettre une insertion sociale. En plus de ces difficultés, l'école en Guadeloupe fait face au défi de l'autorité, avec une recrudescence de débordements et d'actes de violences contre les professeurs. Pourtant, alors que ces défis appellent des moyens humains à la hauteur, une nouvelle baisse du nombre d'enseignants est annoncée pour la rentrée 2025, avec 22 postes en moins dans le premier degré et 67 postes dans le second degré. La baisse démographique ne peut pas être l'unique variable d'ajustement dans des territoires qui souffrent déjà tant. Enfin, les îles du sud de la Guadeloupe connaissent des contraintes spécifiques, avec des perturbations sur le rythme scolaire causées par les difficultés de mobilité des enseignants, dépendants des horaires des bateaux depuis la Guadeloupe dite « continentale ». Aussi, elle souhaiterait savoir quelles réponses le Gouvernement entend-il apporter face aux multiples défis de l'école en Guadeloupe, qui nécessitent des réponses adaptées.
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Réponse du Ministère auprès de la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 19/03/2025
Réponse apportée en séance publique le 18/03/2025
M. le président. La parole est à Mme Solanges Nadille, auteure de la question n° 379, adressée à Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Mme Solanges Nadille. Monsieur le ministre chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche, je souhaite attirer l'attention du Gouvernement sur les multiples défis de l'école en Guadeloupe.
De multiples facteurs pèsent fortement sur la scolarité et l'insertion professionnelle des jeunes : pertes de jours ou d'heures de classe, tensions sociales, problèmes de transport, sensibilité du territoire aux catastrophes majeures, manque d'accès à l'eau dans certains établissements, manque d'enseignants remplaçants et d'assistants d'éducation.
De fait, le système éducatif en Guadeloupe se caractérise aujourd'hui par des retards observables dès la maternelle, qui s'amplifient tout au long de la scolarité, dans le primaire et dans le secondaire. Plus de 1 200 élèves y sortent chaque année du système scolaire sans aucun diplôme ou avec des niveaux de formation trop faibles pour leur permettre une insertion sociale.
En plus de ces difficultés, l'école en Guadeloupe fait face au défi de l'autorité, avec une recrudescence de débordements et d'actes de violence contre les professeurs.
Pourtant, alors que ces défis appellent des moyens humains qui soient à la hauteur de l'enjeu, une nouvelle baisse du nombre d'enseignants est annoncée pour la rentrée 2025 : 22 postes en moins dans le premier degré et 67 postes en moins dans le second degré. La baisse démographique ne saurait être l'unique variable d'ajustement dans des territoires qui souffrent déjà tant.
La rectrice de l'académie de Guadeloupe a reçu les représentants des parents d'élèves et les syndicats de personnels pour échanger sur le sujet. Je salue ce dialogue, mais il faudra faire plus qu'écouter : il faudra agir.
Les îles du sud de la Guadeloupe méritent à cet égard une attention toute particulière. Les enseignants y connaissent en effet des difficultés de mobilité, car ils sont dépendants des horaires des bateaux depuis la Guadeloupe dite continentale.
Monsieur le ministre, quelles réponses le Gouvernement entend-il apporter aux défis de l'école en Guadeloupe ? Allez-vous revenir sur la décision de suppression de postes d'enseignants à la rentrée 2025 ?
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Philippe Baptiste, ministre auprès de la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche. Madame la sénatrice Nadille, l'école a le devoir d'offrir les mêmes chances de réussite à tous les élèves, et ce quel que soit le lieu de leur scolarisation, dans l'Hexagone comme dans les territoires ultramarins.
L'éducation nationale est pleinement engagée dans la mise en oeuvre de politiques éducatives adaptées aux spécificités de l'académie de Guadeloupe, que vous avez rappelées.
Pour ce qui est des taux d'encadrement, l'académie enregistre une diminution significative des effectifs dans le premier degré public.
À la rentrée 2025, cette baisse se poursuivra, avec une nouvelle diminution de 430 élèves, sans que cela entraîne un moindre encadrement, au contraire, sachant que le nombre d'élèves par classe est déjà passé de 22 en 2017 à 19 à la rentrée 2024.
En plus de ce taux d'encadrement exceptionnellement bas, la Guadeloupe bénéficie de dispositifs spécifiques.
À cet égard, je rappelle notamment que, depuis 2019, la Guadeloupe est dotée d'un dispositif de soutien scolaire auquel sont éligibles tous les élèves volontaires. Ce dispositif, qui mobilise 420 intervenants, touche 4 000 élèves et a contribué à une nette amélioration de leurs performances.
En outre, l'académie de Guadeloupe a été pionnière, dès 2021, dans le déploiement des contrats locaux d'accompagnement, qui sont aujourd'hui au nombre de 46 et couvrent 40 écoles, 4 collèges et 2 lycées.
En ce qui concerne la sécurité des professeurs, je rappelle que, depuis deux ans, chaque académie dispose d'un pôle citoyenneté. Il se réunit de manière hebdomadaire et assure le suivi de l'ensemble des situations afin de prendre les mesures adaptées. Je précise aussi que la protection fonctionnelle est systématiquement proposée et un accompagnement médico-social mis en place.
Concernant la mobilité des enseignants dans les îles du sud de la Guadeloupe, des solutions d'hébergement sont mises en place avec les mairies. Par ailleurs, l'académie, en lien avec les collectivités territoriales, sensibilise les autorités organisatrices des transports concernant les effets des horaires des bateaux sur la scolarité des élèves.
Je puis donc vous assurer, madame la sénatrice, que le ministère est pleinement engagé pour l'école dans l'académie de Guadeloupe, et qu'il le restera.
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