Question de M. RAPIN Jean-François (Pas-de-Calais - Les Républicains) publiée le 20/03/2025

Question posée en séance publique le 19/03/2025

M. le président. La parole est à M. Jean-François Rapin, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)

M. Jean-François Rapin. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, monsieur le ministre d'État Bruno Retailleau, vous êtes venu à deux reprises dans le Pas-de-Calais, sur la Côte d'Opale, pour mieux appréhender la situation migratoire sur les côtes de la Manche, situation migratoire qui nécessite le déploiement d'importants moyens.

Vous avez entendu les élus, vous avez entendu les forces de sécurité, vous avez constaté les moyens considérables mis en oeuvre par Frontex, vous avez aussi entendu ceux qui sauvent les migrants en mer, notamment les équipages de la marine nationale.

Lors de votre deuxième visite, monsieur le ministre, vous étiez accompagné de votre homologue anglaise, la ministre Yvette Cooper. Elle a pu vous entendre - nous entendre - lui dire que ce qui se passait là était en grande partie lié à la situation exceptionnelle et incroyable de l'emploi en Grande-Bretagne.

Monsieur le ministre, pouvez-vous indiquer à notre assemblée quelles suites les Anglais ont données à cette rencontre, après la description que nous leur avons faite de la situation sur place ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - M. Hervé Maurey applaudit également.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 20/03/2025

Réponse apportée en séance publique le 19/03/2025

M. le président. La parole est à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.

M. Bruno Retailleau, ministre d'État, ministre de l'intérieur. Monsieur le président Jean-François Rapin, oui, je me suis déplacé à deux reprises dans le Pas-de-Calais. La deuxième fois, je voulais tout simplement rendre compte des engagements que j'avais pris lors de mon premier déplacement.

Précisément, j'ai détaillé, à l'unité près, les moyens supplémentaires considérables que, conformément à ces engagements, j'ai affectés à ce territoire : moyens en matière d'enquête, renforcement des effectifs de deux commissariats, dont celui de Dunkerque, par exemple.

Nous avons également obtenu que les accords de Sandhurst soient prorogés d'une année supplémentaire, soit jusqu'en 2027, afin de ne pas perdre les financements britanniques.

Voilà pour le premier point.

En deuxième lieu, je me suis toujours engagé à faire évoluer les Britanniques sur la question de l'attractivité du modèle anglais, qui reposait jusqu'à présent grandement sur le travail clandestin. Il s'est produit une petite révolution en matière de contrôle et d'inspection : le gouvernement de Keir Starmer vient de durcir la législation anglaise en adoptant un paquet législatif anti-immigration et anti-travail clandestin, ce qui a permis d'augmenter de près de 40 % les contrôles pour lutter contre le travail clandestin et, partant, le nombre des arrestations.

L'attractivité du modèle britannique est, je crois, la première cause de cette immigration massive, qui, depuis le début de l'année, a provoqué la mort de pas moins de sept personnes, je tiens à rappeler.

Enfin, puisque vous êtes le président de la commission des affaires européennes du Sénat, je veux vous dire, monsieur le sénateur, ainsi d'ailleurs que je vous l'ai souvent indiqué, que je suis convaincu que si l'on reste dans le face-à-face franco-britannique, nous ne parviendrons pas à réguler cette immigration irrégulière. La frontière entre nos deux pays n'est pas seulement une frontière entre la France et le Royaume-Uni : c'est une frontière extérieure européenne.

Par ailleurs, puisque le Brexit a démonté l'ensemble des mécanismes d'immigration, il faut patiemment les reconstruire. De fait, 30 % de l'immigration irrégulière en Europe s'agrège sur les côtes de la Manche. C'est pourquoi il faut élargir ce cadre à un cadre qui soit européen. Je m'emploie à le faire avec les États membres du groupe de Calais. Nous avançons pour mettre en place un canal de réadmission, à effet dissuasif, et un canal d'admission légale. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - Mme Évelyne Perrot et M. Franck Dhersin applaudissent également.)

M. le président. La parole est à M. Jean-François Rapin, pour la réplique.

M. Jean-François Rapin. Monsieur le ministre, je vous remercie de ces précisions tant attendues. Si je vous pose cette question aujourd'hui, c'est parce que, avec l'amélioration des conditions climatiques, le nombre de traversées va augmenter, comme vous le savez bien. Ce qui importe aux élus, en particulier à ceux des zones côtières de la Manche, c'est d'éviter tous ces drames que nous avons connus et que vous avez rappelés. Je sais toute l'attention que vous portez à ce sujet et connais votre bienveillance. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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