Question de Mme HAVET Nadège (Finistère - RDPI) publiée le 20/03/2025

Question posée en séance publique le 19/03/2025

M. le président. La parole est à Mme Nadège Havet, pour le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants. (Mme Patricia Schillinger applaudit.)

Mme Nadège Havet. Ma question s'adresse à Mme la ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche.

Madame la ministre, fermeture du golfe de Gascogne qui équivaut dans les faits à une interdiction de travailler, menace d'interdiction de certaines techniques de pêche dans les aires marines protégées, problématique de la délimitation des zones de pêche liée au Brexit, les contraintes imposées aux pêcheurs sont nombreuses.

Ils doivent, comme nos agriculteurs, faire face aux nombreuses critiques ou pressions de la part de certaines organisations non gouvernementales. Ils ressentent un profond sentiment d'injustice et déplorent un paradoxe : notre pêche, ce sont des emplois en mer et sur terre, c'est l'identité de nombreux territoires, et notamment celle du pays bigouden dans le Finistère.

Au Guilvinec, où vous vous êtes rendue il y a quelques semaines, madame la ministre, vous avez déclaré devant les acteurs de la filière : « J'enrage que notre pays, qui possède la deuxième façade maritime mondiale, affiche un déficit de plus de 5 milliards d'euros dans sa balance commerciale sur la pêche », alors que nous avons les ressources et le savoir-faire pour y remédier. Nous partageons votre constat à 100 %.

Depuis trente ans, la pêche française a profondément évolué : quotas stricts, progrès techniques, sélectivité accrue. Oui, ces efforts ont porté leurs fruits ! Il est aussi indispensable de renforcer ce secteur, gage de notre souveraineté alimentaire. Comment comprendre que les mareyeurs soient obligés d'importer du poisson en camion ou en avion, parce qu'ils n'ont pas la matière première pour travailler, faute de bateaux pour aller pêcher ? La logique environnementale n'est pas toujours évidente. (Murmures désapprobateurs sur les travées du groupe GEST.)

Il y a dix jours, des pêcheurs bretons ont ainsi fait part de leur ras-le-bol, celui d'être pointés du doigt, d'être vus comme un problème et non comme une solution.

Madame la ministre, en juin, nous accueillerons la conférence des Nations unies sur l'océan (Unoc). Quelles réponses pouvez-vous apporter aujourd'hui pour rassurer nos pêcheurs sur ces différents points ? Que prévoit le Gouvernement pour enfin rééquilibrer notre balance commerciale en matière de pêche ? Le soutien au secteur de la pêche sera-t-il un axe fort de la stratégie française au cours de l'Unoc ? (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. - M. Max Brisson applaudit également.)

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Réponse du Ministère de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche publiée le 20/03/2025

Réponse apportée en séance publique le 19/03/2025

M. le président. La parole est à Mme la ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche.

Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche. Madame la sénatrice Havet, je tiens à vous rassurer tout de suite, les pêcheurs auront tout mon soutien lors de l'Unoc.

En tant que ministre de la transition écologique et de la pêche, mon rôle est de valoriser les efforts considérables de nos pêcheurs pour mettre en place une pêche durable, de les défendre contre le phénomène de la pêche illégale, qui frappe non seulement certains territoires ultramarins, mais également l'Hexagone, de m'assurer qu'ils peuvent contribuer à notre souveraineté alimentaire, ce qui, dans cette période de tensions géopolitiques, est plus que jamais essentiel, alors même que nous importons aujourd'hui 80 % des produits issus de la mer que nous consommons.

C'est l'ambition que je porte dans le contrat stratégique de filière que nous avons signé avec nos pêcheurs, sous l'égide du Président de la République et du Premier ministre, lors du dernier salon de l'agriculture.

Alors, quelles sont nos priorités immédiates et quelles actions allons-nous mener ?

D'abord, au regard de la situation dans le golfe de Gascogne, au-delà de la mobilisation réussie de mes services auprès de la Commission européenne pour obtenir, dans les meilleures conditions, une compensation juste et qui soit à la hauteur, nous entendons instruire rapidement les dossiers et travailler pour faire en sorte de réunir toutes les conditions nécessaires à une réouverture de la pêche en 2027 selon des méthodes permettant de concilier celle-ci avec la préservation de la biodiversité.

Je mène également un travail de lutte contre la concurrence déloyale. Ainsi, je serai à Bruxelles lundi prochain afin de défendre deux dossiers en particulier auprès du commissaire Costas Kadis : d'une part, aux côtés de sept autres pays, nous entendons faire valoir que la pêche ne doit pas être la variable d'ajustement dans cette négociation des accords post-Brexit ; d'autre part, dans le cadre du pacte européen pour les océans, nous voulons défendre notre vision, celle d'une lutte ferme contre la pêche illégale, lutte dont la Commission européenne est partie prenante. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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