Question de Mme APOURCEAU-POLY Cathy (Pas-de-Calais - CRCE-K) publiée le 16/01/2025
Mme Cathy Apourceau-Poly appelle l'attention de M. le ministre auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie sur la situation industrielle du département du Pas-de-Calais et ses conséquences sur l'emploi industriel.
Cette situation est notamment très inquiétante dans le cadre de la chimie, de la sidérurgie ou du travail du verre. Si les facteurs menaçant sont nombreux, au premier rang desquels, le coût des énergies, elle souhaite connaître les schémas directeurs de l'action du ministère afin de défendre et de développer l'activité et l'emploi industriel sur ce territoire.
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Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé des comptes publics publiée le 26/03/2025
Réponse apportée en séance publique le 25/03/2025
M. le président. La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly, auteure de la question n° 249, adressée à M. le ministre auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie.
Mme Cathy Apourceau-Poly. Madame la ministre, vous nuancez les difficultés que rencontre notre industrie et vous accusez ceux qui mettent en doute votre stratégie, si tant est qu'il en existe une, de faire preuve de pessimisme et de refuser de reconnaître les quelques avancées obtenues en la matière.
La réalité est pourtant là : les restructurations tombent en cascade. Vous affirmez que l'on compte davantage d'ouvertures que de fermetures d'usines en 2024, mais vous intégrez dans votre calcul les extensions de sites déjà existants, quel que soit le montant de l'investissement concerné.
Or nos industries sont loin de tourner à leur pleine capacité. En décembre dernier, le taux d'utilisation des usines est tombé à 73,9 %, au plus bas depuis 2010 en dehors de la période du covid-19.
En face, que constatons-nous du côté des grandes promesses d'une nouvelle industrialisation ? Notre usine ACC de Billy-Berclau ne monte pas suffisamment en cadence et le fossé technologique se creuse, notamment avec la Chine. Vous ne pouvez pas soutenir que nous rattrapons petit à petit notre retard : ce n'est pas vrai. Je peux vous assurer pourtant que les travailleurs et les élus se mobilisent et mettent du coeur à l'ouvrage.
Vous me direz qu'il convient aussi d'écouter les industriels ; je le fais. Lorsque la Commission européenne étudie la possibilité d'une subvention directe, la réaction d'ACC est claire : « pour en bénéficier, il nous faudra survivre jusque-là ! » Très franchement, si vous ne corrigez pas le tir, nous allons droit dans le mur.
Je vous ai interpellée à de nombreuses reprises. Pour le moment, je n'ai pas obtenu de réponse concrète à mes questions.
Quelle est la stratégie de l'État en matière de planification ? Que comptez-vous faire pour soutenir l'entreprise Lhoist dans sa décarbonation ? Entendez-vous tenir l'engagement pris par M. Lescure de venir à Calais et de présenter les résultats du travail de vos services ? Quelles mesures précises pouvez-vous proposer à Catensys afin d'offrir à cette entreprise un avenir au travers, peut-être, d'une diversification de son activité ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Amélie de Montchalin, ministre auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargée des comptes publics. Madame la sénatrice Apourceau-Poly, je vous réponds au nom du ministre chargé de l'industrie et de l'énergie, Marc Ferracci, sur la situation que vous décrivez en France, plus particulièrement dans le Pas-de-Calais et dans le Calaisis, puisque vous mentionnez ce bassin industriel.
Vous soulignez votre inquiétude pour les secteurs de la chimie, de la sidérurgie et du travail du verre.
La réindustrialisation, conçue territoire par territoire, avec les offres commerciales, de formation et de financement qui l'accompagnent, constitue une ambition majeure du Gouvernement depuis 2017. Cette politique porte ses fruits, puisque nous avons créé 130 000 emplois dans l'industrie depuis lors et que nous continuons d'ouvrir davantage d'usines que nous n'en fermons : en 2024, on dénombre 89 créations et extensions nettes, portant le total à 450 depuis 2022.
Cependant, je ne nierai pas les difficultés auxquelles nous sommes confrontés. Certains secteurs, notamment la chimie, l'automobile ou l'acier, subissent la pression d'une concurrence internationale plus ou moins loyale, dans un contexte de mutations technologiques et alors même que les règles et normes françaises et européennes, adoptées à juste titre, nous placent face à des concurrents qui ne s'imposent pas les mêmes contraintes.
Concernant l'acier, vous n'ignorez pas, madame la sénatrice, que nous souffrons de surcapacité. Lorsque j'étais ambassadrice à l'OCDE, j'ai travaillé avec tous les partenaires de l'organisation sur cette problématique. Par le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières, nous entendons prévenir l'entrée en Europe d'acier vendu à des prix déloyalement bas.
Dans le secteur de la chimie, nous devons également agir pour renforcer notre attractivité. Le rôle de l'État consiste à accompagner non seulement les secteurs, mais aussi les salariés, en améliorant leur formation.
Nous avons par ailleurs conclu des accords avec certaines entreprises, à l'instar d'Arc, leader mondial du verre et employeur de 4 000 salariés, qui, grâce à l'engagement d'acteurs privés ayant investi 42 millions d'euros, peut envisager l'avenir avec confiance.
Soyez assurée, madame la sénatrice, que nous ne relâchons pas nos efforts. Je ne manquerai pas de transmettre à M. Ferracci votre souhait de le voir venir dans le Calaisis.
Notre stratégie, tant française qu'européenne, vise non seulement à sauvegarder l'emploi, mais aussi à pérenniser nos filières industrielles. Nous la mènerons avec tout le dynamisme et l'engagement requis.
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