Question de M. BURGOA Laurent (Gard - Les Républicains) publiée le 03/10/2024

M. Laurent Burgoa attire l'attention de Mme la ministre de la transition écologique, de l'énergie, du climat et de la prévention des risques sur les spécificités du milieu rural dans l'objectif de décarbonation.

Le plan d'action présenté par la Première ministre, le 22 mai 2023, devant les membres du conseil national de la transition écologique (CNTE) semble s'appuyer sur la seule électrification massive des usages comme réponse aux besoins énergétiques des Français dans le contexte de la décarbonation.

Si les objectifs sont bien sûr partagés, les moyens pour y parvenir doivent faire l'objet d'une attention particulière lorsqu'il s'agit de la ruralité et il s'interroge sur la prise en compte des 33 % de français vivant en milieu rural dans ces plans macro-économiques.

En effet, les infrastructures énergétiques diffèrent entre les milieux ruraux et urbains.

D'abord, l'habitat en milieu rural ne répond pas au profil énergétique optimal pour l'installation massive de pompes à chaleur (PAC) : 93 % des résidences principales sont des maisons individuelles et la superficie de ces habitations est plus importante. Ce qui influe fortement sur la puissance requise pour satisfaire les besoins de chauffage et d'eau chaude sanitaire (ECS). De plus et malheureusement, majoritairement anciennes, un certain nombre restent mal isolées. C'est ainsi que 35 % des ménages ruraux sont touchés par la précarité énergétique, et la totalité de ces ménages fait face à un surcoût tant en matière de chauffage (+ 20 %) que de mobilité (+ 40 %).

Les projections de l'interdiction du chauffage aux énergies fossiles dans le bâtiment devraient donc prendre en compte la ruralité tant le coût de la transition énergétique y est plus important.

Une conversion aux pompes à chaleur du parc de logements équipés de chaudières en milieu rural entraînerait + 37 % à + 68 % de hausse de la pointe électrique. C'est le résultat d'une modélisation de deux scénarios de décarbonation par électrification du parc de logements des 24 523 communes dépourvues de réseaux de gaz naturel.

Alors que l'incorporation de biopropane dans les chaudières à très haute performance énergétique (THPE) permet de réduire les émissions de CO2 de ces logements de 77 % sans nécessiter de changement d'équipement, l'installation d'une pompe à chaleur (PAC) est excessivement onéreuse (50 000 euros pour la rénovation de l'enveloppe, l'installation d'une PAC et le changement des émetteurs) et son efficacité serait questionnable dans des logements qui resteraient mal isolés.

Alors que la France doit maintenir un mix énergétique équilibré pour conforter son indépendance, il lui demande la place qu'elle souhaite donner aux solutions de gaz liquides renouvelables.

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En attente de réponse du Ministère de la transition écologique, de l'énergie, du climat et de la prévention des risques.

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