Question de M. HUGONET Jean-Raymond (Essonne - Les Républicains-A) publiée le 01/02/2024
M. Jean-Raymond Hugonet attire l'attention de M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports sur le transport d'instruments de musique par le réseau SNCF.
Depuis quelques années, la SNCF interdit aux musiciens qui transportent des instruments encombrants d'accéder aux trains à grande vitesse (TGV). On ne compte plus les contrebassistes, harpistes ou tubistes qui ont, dans le meilleur des cas, dû payer de lourdes amendes, ou, dans le pire des cas, ont été tout simplement interdits d'accès au train. Cette politique d'interdiction n'est pratiquée par aucune autre société de transport ferroviaire en Europe.
Il semble que le problème ait été réglé pour les violoncellistes qui peuvent voyager avec leur instrument.
Néanmoins, la difficulté demeure pour les contrebassistes et harpistes dans l'exercice de leur métier, particulièrement pour les musiciens évoluant dans les ensembles musicaux spécialisés (classique, baroque, jazz).
Aussi, sachant qu'un service de livraison de bagage, inconcevable pour leur secteur compte tenu de la valeur des instruments et des modalités de mises en place de ce service, est la seule alternative qui leur ait été proposée, il lui demande d'intervenir.
Contrairement à tous leurs collègues qui partent en tournée par le train, pour aller travailler, ils sont donc condamnés à voyager par la route malgré le bilan carbone nettement plus négatif que cela représente, sans parler des coûts supplémentaires et de la fatigue. Pour un musicien qui travaille régulièrement, cela représente des milliers de kilomètres par an.
Bien que la presse se soit fait l'écho ces derniers mois de cette aberration écologique, le Gouvernement et la SNCF ne sont toujours pas en mesure d'annoncer une solution.
La solution simple et immédiate pour toutes les parties semble être, au vu de la faible population concernée, la mise en place d'un simple avis de tolérance.
Il souhaite connaître sa position sur le sujet.
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Réponse du Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires publiée le 07/02/2024
Réponse apportée en séance publique le 06/02/2024
M. le président. La parole est à M. Jean-Raymond Hugonet, auteur de la question n° 1037, adressée à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.
M. Jean-Raymond Hugonet. Monsieur le ministre, je souhaite attirer votre attention sur le transport d'instruments de musique par le réseau SNCF. N'ayant reçu aucune réponse de Clément Beaune à ma précédente question écrite du 29 décembre 2022, je tente ma chance à l'oral ce matin.
Rendez-vous compte : depuis quelques années, la SNCF interdit aux musiciens qui transportent des instruments encombrants d'accéder aux TGV. S'il semble que le problème ait été réglé pour les violoncellistes, on ne compte plus les contrebassistes, harpistes ou tubistes qui, dans le meilleur des cas, ont dû payer de lourdes amendes ou, dans le pire des cas, ont été tout simplement interdits d'accès au train.
Pour des raisons qui semblent liées à des mesures de sécurité, le règlement actuel limite le transport aux instruments tenant dans un étui dont les dimensions n'excèdent pas 130 centimètres sur 90 centimètres. Cette politique d'interdiction n'est pratiquée par aucune autre société de transport ferroviaire en Europe.
Eu égard à la valeur des instruments et aux modalités du service de livraison de bagages, une telle solution de remplacement est hors de propos. La solution simple et immédiate pour toutes les parties semble être, au vu de la faible population concernée, la mise en place d'un simple avis de tolérance.
Monsieur le ministre, pouvez-vous enfin trouver une solution de bon sens et obtenir de la SNCF qu'elle arrête de persécuter les saltimbanques, qu'ils soient harpistes, contrebassistes, ou bien encore batteurs-percussionnistes, comme votre serviteur ? (Sourires.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Monsieur le batteur Hugonet - le musicien affleure sous le sénateur en cet instant -, je rends hommage à vos prestations dans le Collaro Show et dans les autres endroits où, avant cet hémicycle, vous avez eu l'occasion de vous produire ! (M. Jean-Raymond Hugonet sourit.)
Je pourrais vous expliquer, comme cela est indiqué dans mes fiches, que la complexité du sujet tient au caractère volumineux des instruments transportés, mais une telle réponse ne conviendrait pas. Je pourrais également vous dire qu'il nous faut réfléchir à des possibilités de réservation dédiées et à des tarifs adaptés, ce qui serait une façon élégante de vous expliquer que nous n'avons pas réellement commencé à travailler sur le sujet !
Or, sur ce sujet, comme sur la question du Paris-Clermont ou d'autres, je souhaite que nos délais de réponse soient plus compatibles avec l'impatience de ceux qui nous font vibrer et rêver.
Vous avez raison, nous devons lutter contre la discrimination que subissent les instruments de musique volumineux. Nous ne pouvons pas nous contenter d'accompagner seulement les guitares et les flûtes traversières. Nous devons penser à ceux qui ont choisi des instruments de taille plus importante, leur choix n'étant pas sans conséquence. Compte tenu de leur poids, leurs instruments doivent en effet entraîner des troubles musculosquelettiques, voire des maladies professionnelles : nous devons réparer une partie de ces injustices. (Sourires.) Très sincèrement, merci de me faire découvrir cette réalité.
En cet instant, j'ai une pensée pour Clément Beaune, que vous ne pouvez pas blâmer de ne pas être à ma place ce matin pour vous répondre. Je ne doute pas qu'il aurait aimé être présent aujourd'hui.
En tout cas, je vais saisir officiellement le président Farandou afin que nous puissions obtenir une réponse à votre question dans un délai compatible avec l'impatience naturelle que vous exprimez.
M. Jean-Michel Arnaud. Excellent !
M. le président. La parole est à M. Jean-Raymond Hugonet, pour la réplique.
M. Jean-Raymond Hugonet. Je suis ravi d'avoir égayé votre journée, monsieur le ministre. Merci de votre réponse détaillée.
Le Collaro Show ne passera peut-être pas à la postérité, mais je me réjouis que vous soyez un fin connaisseur des faits télévisuels majeurs et philosophiques.
Si ma question peut sembler anecdotique, elle ne l'est vraiment pas. Cela fait très longtemps que ce problème se pose. Loin de moi l'idée de blâmer Clément Beaune de ne pas être là ce matin. En revanche, ce n'est pas une bonne habitude de ne pas répondre aux questions écrites !
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