Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UC) publiée le 24/11/2022

M. Yves Détraigne souhaite appeler l'attention de M. le ministre de la santé et de la prévention sur l'utilisation des sels nitrités dans la charcuterie.

En effet, le centre international de la recherche sur le cancer (CIRC), organe de l'organisation mondiale de la santé, a classé les viandes transformées, dont les charcuteries, « cancérogènes pour l'homme ». Dès février 2020, la ligue contre le cancer, l'organisation non gouvernementale (ONG) Foodwatch et l'application nutritionnelle Yuka ont appelé à interdire les nitrites présents dans les viandes transformées, notamment la charcuterie. L'agence nationale sécurité sanitaire alimentaire nationale a confirmé en juillet 2022 le lien entre risque de cancer et exposition aux additifs nitrés, notamment utilisés en charcuterie.

Les quatre additifs nitrités à proscrire seraient le nitrite de potassium (E249), le nitrite de sodium (E250), le nitrate de sodium (E251) et le nitrate de potassium (E252). Ces quatre substances sont autorisées, y compris en bio. Il convient donc d'explorer des pistes pour se passer de ces substances sans dégrader la qualité sanitaire et organoleptique des charcuteries, en dégageant des solutions techniquement et économiquement acceptables par les transformateurs. Pour cela, il faut accompagner les industriels pour tester les méthodes alternatives à l'utilisation des nitrites. Un certain nombre d'artisans et d'industriels se sont engagés pour bannir ses substances.

Considérant qu'il s'agit là d'un enjeu de santé publique, il lui demande s'il entend interdire l'ajout de nitrites dans nos denrées alimentaires.

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Transmise au Ministère auprès du ministre de la santé et de la prévention, chargé de l'organisation territoriale et des professions de santé


Réponse du Ministère auprès du ministre de la santé et de la prévention, chargé de l'organisation territoriale et des professions de santé publiée le 02/03/2023

Les sels de nitrite et de nitrate (E249, nitrite de potassium, E250, nitrite de sodium, E251, nitrate de sodium, et E252, nitrate de potassium), également appelés additifs nitrés, sont couramment utilisés pour préserver la viande et d'autres produits périssables. Les additifs nitrés sont autorisés dans l'Union européenne et fréquemment utilisés dans la fabrication de la charcuterie. Dans le cadre de la réévaluation des additifs alimentaires, l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a conclu en 2017 que les additifs nitrés ajoutés aux aliments aux niveaux autorisés sont sans danger pour les consommateurs en Europe. Dans un avis publié en juillet 2022, l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) confirme le lien épidémiologique entre une consommation excessive de nitrites/nitrates et un risque accru de développer un cancer colorectal. Toutefois, l'avis indique que l'exposition des consommateurs reste modérée et qu'il n'y a pas d'urgence de santé publique qui nécessiterait l'arrêt immédiat de l'utilisation des nitrites/nitrates dans les produits alimentaires concernés. L'Anses a cependant confirmé la pertinence de réduire l'ajout intentionnel d'additifs nitrés dans les aliments autant que possible, afin de réduire l'exposition globale et le risque de développer un cancer colorectal. Cette réduction doit être accompagnée de mesures compensatrices afin d'éviter tout impact sanitaire sur les produits. A cet effet, le Gouvernement souhaite mettre en œuvre un plan d'actions visant à réduire l'apport d'additifs nitrés dans les produits charcutiers. Un groupe de travail réunissant les professionnels, les ministères concernés et l'institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement a été mis en place en septembre 2022 et est piloté par le ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire. Le plan d'actions sera diffusé au cours du premier semestre 2023 et définira la trajectoire de réduction de l'utilisation des additifs nitrés, les adaptations réglementaires nécessaires tant au niveau français qu'européen, l'accompagnement technique et scientifique nécessaire et les éléments de communication. Il est également rappelé l'importance de respecter les recommandations de consommation du Programme national nutrition santé (PNNS), en particulier la consommation maximale de 150 g de charcuterie par semaine.

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