Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 24/11/2022

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires sur la fonte accélérée des glaciers des sites du patrimoine mondial.
Le 3 novembre 2022, l'organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) a alerté sur la disparition annoncée d'un tiers des glaciers classés au patrimoine mondial de l'UNESCO d'ici à 2050.
Cette étude, menée en partenariat avec l'union internationale pour la conservation de la nature (UICN), porte sur 18 600 glaciers, répartis sur 50 sites et sur une surface totale de 66 000 km2, ce qui représente près de 10 % de la surface glacière totale de la Terre. Elle conclut que ces glaciers reculent à un rythme accéléré depuis 2000 en raison des émissions de CO2, qui réchauffent les températures. Toutes les régions du globe sont touchées. Cela concerne aussi bien les derniers glaciers d'Afrique dans le parc national du Kilimandjaro et du mont Kenya que certains sites européens comme les glaciers des Pyrénées, Mont-Perdu en France et en Espagne et ceux des Dolomites en Italie.
Si les émissions de gaz à effet de serre demeurent à leur niveau actuel, 50 % des glaciers du patrimoine mondial pourraient presque entièrement disparaître d'ici 2100.
En conséquence, il lui demande comment sauver les glaciers et l'exceptionnelle biodiversité qui en dépend.

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Réponse du Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires publiée le 26/01/2023

Le Gouvernement partage totalement l'inquiétude du Sénateur Jean-Noël Guérini quant à la fonte des glaciers alpins et pyrénéens observés ces dernières décennies. L'étude publiée par l'UNESCO confirme l'évaluation scientifique faite par le GIEC dans ces derniers rapports, parmi lesquels le rapport spécial sur les océans et la cryosphère dont la France avait encouragé l'élaboration. L'UNESCO s'intéresse plus particulièrement aux glaciers des sites du patrimoine mondial mais la situation est catastrophique pour l'ensemble des glaciers de montagne du monde. L'Europe et la France n'y échappent pas, conformément aux projections faites par le GIEC dès ses premiers rapports publiés avant les années 2000. Cette situation est due essentiellement au réchauffement climatique, provoqué par les émissions anthropiques de gaz à effet de serre, qui atteint désormais +1.1° C en moyenne sur le globe par rapport à l'ère pré-industrielle. Ce réchauffement est encore plus marqué en France avec déjà +1.7°C. Dans le rapport de son Groupe de Travail 1 publié en 2021, le GIEC nous dit que le réchauffement se poursuivra pour atteindre inévitablement 1.5° C au début des années 2030 et que seule une réduction drastique et rapide des émissions mondiales de gaz à effet de serre permettra de ne pas dépasser 2°C de réchauffement d'ici la fin du siècle. Les glaciers européens ont déjà perdu beaucoup de leur masse de glace et l'été 2022 a encore accéléré leur fonte. Dans son rapport spécial sur l'océan et la cryosphère publié en 2019, le GIEC estimait que 80 % de la masse globale des glaciers de montagne disparaitrait d'ici 2100 dans les régions telles que l'Europe dans un scénario où les émissions de gaz à effet de serre continueraient leur croissance tendancielle. Ce rapport dit aussi que de nombreux glaciers disparaîtraient quels que soient les scénarios d'émissions. Il est clair également que limiter le réchauffement mondial à seulement +2° C plutôt que +1.5° C aura des conséquences encore bien plus dramatiques sur les glaciers de montagne au-delà de 2050. Le seul espoir pour assurer la survie d'une part non négligeable des glaciers alpins et pyrénéens est donc de réduire considérablement les émissions anthropiques mondiales de gaz à effet de serre, en particulier du gaz carbonique qui a une durée de vie de plus de 100 ans une fois stocké dans l'atmosphère. La France prend toute sa part dans ce défi, en coordination avec les pays de l'Union Européenne qui a adapté un objectif fort de réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre de 55 % en 2030 par rapport à 1990. Ainsi, au-delà de son objectif de neutralité carbone en 2050, la France devra dans la future loi de programmation énergie-climat accélérer le rythme de réduction des émissions et renforcer ses objectifs climatiques et énergétiques d'ici 2030. Les travaux de planification sous l'égide de la Première ministre devront permettre de bâtir les politiques publiques permettant de concrétiser ce rehaussement de l'ambition française. Parallèlement, la France pousse au sein des négociations internationales sur le climat pour le relèvement des ambitions collectives de l'ensemble des pays du globe dans le cadre de l'Accord de Paris.

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