Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 03/11/2022
M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche sur les moyens alloués à la recherche polaire française.
Cette recherche souffre en effet d'un cruel manque de moyens humains et financiers, disposant d'un budget de moins de 20 millions d'euros par an pour les missions scientifiques, l'entretien de quarante refuges aux pôles et de deux stations de recherche en Antarctique. C'est une somme dérisoire quand on sait que la réfection de la station Dumont d'Urville, en Terre-Adélie, grandement nécessaire, reviendrait à elle seule à 50 millions. Lors de son audition par la mission d'information sénatoriale sur « L'exploration, la protection et l'exploitation des fonds marins : quelle stratégie pour la France ? », le 14 mars 2022, l'ambassadeur des pôles et des enjeux maritimes a ainsi déploré « l'invraisemblable et dramatique décrochage de la France » et son « dénuement » matériel. Les scientifiques français contribuent pourtant à des projets d'envergure, à l'instar de « Beyond Epica-Oldest Ice », qui pourrait nous apporter des informations essentielles sur 1,5 million d'années de climat en échantillonnant et en analysant la glace profonde. D'autres projets sont en attente, qui souhaiteraient étudier l'interaction entre la glace et l'eau de mer à une grande échelle ou la formation de la banquise, la congélation de l'eau de mer et la diversité biologique au large de la station Dumont d'Urville.
C'est pourquoi, le 5 avril 2022, la présentation de la stratégie polaire de la France jusqu'en 2030 a nourri beaucoup d'espoirs ; espoirs déçus quand la subvention accordée à l'institut polaire français Paul-Emile Victor (IPEV) pour 2023 ne serait que reconduite à l'identique, alors que de nouvelles missions ont été confiées à l'institut.
En conséquence, il lui demande quels moyens elle compte dégager pour mettre en place une recherche polaire française à la hauteur des enjeux.
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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 23/02/2023
La recherche polaire, comme l'a rappelé le Gouvernement lors de l'adoption de la stratégie polaire, est essentielle, notamment pour la compréhension du changement climatique et de l'évolution de la biodiversité. La ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche est consciente du rôle clé de l'institut polaire français Paul-Emile Victor (IPEV) pour apporter le soutien logistique aux scientifiques dans des conditions extrêmes, et reste bien sûr très attentive à garantir la sécurité des personnels de l'IPEV et des scientifiques ainsi que la jouvence des équipements. C'est pour cette raison que le ministère, en complément de la subvention versée chaque année au GIP IPEV, a apporté un soutien supplémentaire aussi bien humain que financier ces dernières années, avec : un total de 11 ETP supplémentaires entre 2021 et 2023, ce qui représente un accroissement notable pour le GIP IPEV dans la conjoncture actuelle ; 7,8 M d'investissements sur la période 2021-2023, pour des études techniques visant à préparer la rénovation de la station Dumont D'Urville en Terre Adélie. L'IPEV est par ailleurs confronté à des difficultés structurelles que le ministère souhaite résoudre dans leur ensemble, avec toutes les parties prenantes. Ainsi, la ministre a demandé dès son arrivée à ce que lui soient proposés : d'une part, un scenario d'évolution de l'IPEV afin de le rendre plus robuste, en lien avec les organismes de recherche concernés (en particulier Ifremer, CNRS) ; d'autre part, un scenario d'évolution des stations : rénovations possibles, partenariats européens et internationaux, adéquation aux priorités scientifiques. Ce travail aboutira dans les mois à venir, avec un scenario sur la table en début d'année 2023. Dans l'immédiat, pour permettre à l'IPEV de faire face à un besoin conjoncturel, comme l'ensemble des infrastructures de recherche, du fait de l'inflation et des surcoûts engendrés par les crises énergétique et sanitaire, le ministère confirme qu'il a notifié à l'IPEV un abondement exceptionnel de 3 M supplémentaires pour répondre à l'augmentation du prix des carburants, du coût des matières premières, du prix du fret maritime et du transport aérien, et pour assurer la sécurisation des infrastructures.
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