Question de M. BASCHER Jérôme (Oise - Les Républicains) publiée le 10/11/2022

Question posée en séance publique le 09/11/2022

M. le président. La parole est à M. Jérôme Bascher, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jérôme Bascher. Monsieur le président, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique

Monsieur le ministre, nous nous connaissons depuis longtemps. Nous partagions, à une époque, la conviction qu'il fallait lutter contre les déficits. Or, voilà cinq ans et demi que vous êtes ministre de l'économie, et force est de constater que vous serez le ministre du record historique du déficit public, du déficit budgétaire, mais aussi – voilà l'exploit ! – du déficit commercial.

Aujourd'hui, nous pouvons penser, mes chers collègues, que le déficit commercial s'élèvera, en fin d'année, à 200 milliards d'euros. Il s'établit à 150 milliards d'euros sur trois trimestres, et s'aggrave de trimestre en trimestre.

Monsieur le ministre, comment analysez-vous votre échec ? Et, sur la base de cette analyse, dont je ne doute pas qu'elle sera bonne, quelles pistes avez-vous pour redresser la barre ? (Applaudissements sur les mêmes travées.)


Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique publiée le 10/11/2022

Réponse apportée en séance publique le 09/11/2022

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique. Monsieur le sénateur Bascher, si c'est un échec, c'est un échec collectif, puisque, depuis 2000, la balance commerciale n'a jamais été excédentaire dans notre pays. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) Je vous suggère donc de chercher ensemble des solutions plutôt que d'accabler les groupes qui siègent sur toutes les travées de cette assemblée, gauche et droite confondues.

La réalité est que nous ne pouvons aujourd'hui parvenir à l'excédent commercial, dont j'ai déjà dit à plusieurs reprises que nous devions en faire l'une des grandes batailles économiques de la prochaine décennie,…

M. François Bonhomme. C'est raté !

M. Bruno Le Maire, ministre. … en raison, d'abord, de l'augmentation de la facture énergétique et de notre dépendance énergétique. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Sur les 16 milliards d'euros de déficit commercial supplémentaire que nous venons d'enregistrer, les deux tiers sont liés à la facture énergétique. Je ne cherche pas de subterfuge : je dis la réalité des chiffres aujourd'hui.

Compte tenu de votre attachement à ce sujet, vous connaissez aussi bien que moi la seconde raison du déficit commercial : la désindustrialisation massive de la France depuis trois décennies. (Protestations sur les mêmes travées.) Il n'y aura pas d'excédent de la balance commerciale française sans réindustrialisation massive, rapide, volontariste de notre pays.

Or quelle est la seule majorité qui, depuis vingt ans, a recréé des emplois industriels dans notre pays ? C'est la nôtre ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

Quelle est la seule majorité qui puisse se targuer d'avoir ouvert plus d'usines qu'elle n'en a fermé sur la dernière année ? C'est la nôtre ! (Applaudissements sur les mêmes travées.)

Quelle est la seule majorité qui ait eu le courage de baisser les impôts de production de 10 milliards d'euros et qui les baissera de nouveau dans les années qui viennent ? C'est la nôtre ! (Applaudissements sur les mêmes travées. – Protestations sur les travées des groupes SER et CRCE.)

Si vous voulez réduire le déficit de la balance commerciale extérieure, votez avec nous la nouvelle baisse des impôts de production ! Soutenez l'industrie ! Soutenez la réindustrialisation du pays ! Nous aurons alors, enfin, une balance commerciale extérieure positive. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Jérôme Bascher, pour la réplique.

M. Jérôme Bascher. Monsieur le ministre, tout à l'heure, vous nous avez raconté une histoire. Là, vous nous racontez des histoires !

Nous venons de vous expliquer exactement ce qu'il fallait faire. Avez-vous bien écouté les questions posées par les membres du groupe Les Républicains ? Tout à l'heure, Christine Lavarde a évoqué la question du déficit public. Nous avons également évoqué la réindustrialisation dans la santé ou l'automobile. Voilà quinze jours, Laurent Duplomb vous interrogeait sur l'agriculture. Oui, nous vous faisons des propositions, mais, dans votre dogmatisme, vous ne les entendez pas.

On propose des normes, puis on demande à notre industrie de s'adapter. Non, monsieur le ministre, il faut donner des caps clairs ! Il faut indiquer au pays ce que l'on veut faire.

Vous vous en remettez à la prochaine décennie, mais vous avez raté la dernière. Aujourd'hui, notre pays n'est pas souverain. Or, en ce jour anniversaire de la mort du général de Gaulle, la souveraineté aurait vraiment mérité d'être mise à l'honneur.

M. Julien Bargeton. Quelle caricature !

M. Jérôme Bascher. La souveraineté, vous l'avez dans les titres. Vous ne l'avez pas dans les faits ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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