Question de Mme PERROT Évelyne (Aube - UC) publiée le 03/11/2022
Question posée en séance publique le 02/11/2022
M. le président. La parole est à Mme Évelyne Perrot, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
Mme Évelyne Perrot. Ma question s'adresse à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur.
Aujourd'hui même, en fin de matinée, la Russie a annoncé reprendre sa participation à l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, après avoir reçu des « garanties écrites » de la part de l'Ukraine sur le retrait militaire du couloir de transport. Nous ne pouvons que saluer cette excellente nouvelle.
Le monde entier retient son souffle : avec la suspension de l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, nous ne sommes peut-être pas passés loin d'une catastrophe économique et humanitaire. Cet accord est aujourd'hui vital pour la sécurité alimentaire mondiale. On n'ose imaginer ce qui se serait passé si la suspension avait duré. Dimanche, un navire chargé de 40 tonnes de céréales aurait dû partir pour l'Éthiopie ; il est resté à quai. Lundi, un autre bateau affrété par le Programme alimentaire mondial (PAM), chargé de 30 000 tonnes de céréales destinées à Djibouti, est aussi resté bloqué.
Cet épisode montre que la Russie fait peser une épée de Damoclès sur la sécurité alimentaire mondiale. Une suspension durable provoquerait une famine en Afrique et une nouvelle flambée des prix alimentaires.
Se prépare-t-on à une telle éventualité ? Sur le plan intérieur, comment éviter qu'une envolée des cours mondiaux de céréales n'atteigne l'élevage hexagonal, qui dépend essentiellement du maïs et des oléagineux ukrainiens ? La présidente de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) nous a récemment exprimé ses craintes à ce sujet.
Sur le plan international, pourrait-on, en cas de crise, débloquer avec nos partenaires européens et américains une aide alimentaire exceptionnelle ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
Réponse du Ministère auprès de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger publiée le 03/11/2022
Réponse apportée en séance publique le 02/11/2022
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger.
M. Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je voudrais d'abord vous prier d'excuser l'absence de Mme la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, Catherine Colonna.
Vous l'avez dit, madame la sénatrice Perrot, la Russie a annoncé aujourd'hui reprendre sa participation à l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes. Nous la prenons au mot. En suspendant sans aucun fondement sa participation à la fin de la semaine dernière, la Russie avait engagé, avec un cynisme dramatique, son chantage alimentaire, et délibérément choisi de se servir de la faim comme d'un moyen de pression et d'une arme de guerre.
Soyons clairs : l'initiative sur les exportations de céréales en mer Noire, portée par le secrétaire général des Nations unies, est un succès. Depuis le 22 juillet dernier, 9 millions de tonnes de céréales et d'autres produits alimentaires ont été exportées par la voie maritime.
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture a confirmé que les prix du blé avaient baissé sous l'effet de la reprise des exportations. C'est le meilleur moyen de maîtriser le prix sur les marchés. C'est une bonne chose pour assurer notre propre sécurité alimentaire.
Dans sa guerre absurde et dramatique, la Russie est plus isolée que jamais. La dernière résolution de l'assemblée générale des Nations unies en soutien à l'Ukraine, approuvée par 143 États, en atteste. Les conséquences de la guerre inquiètent, et d'ailleurs pas seulement chez nous : c'est le cas sur tous les continents. L'ensemble des membres du Conseil de sécurité, y compris la Chine, avaient vivement regretté d'ailleurs lundi dernier la décision du Kremlin de suspendre l'accord sur les céréales.
Je rappelle que la France est à l'initiative pour endiguer la crise alimentaire. Nous continuerons donc à nous mobiliser avec nos partenaires européens pour la mise en uvre des voies de solidarité, qui ont permis l'exportation de près de 13 millions de tonnes de céréales et d'autres produits alimentaires.
Nous soutenons également la création prochaine d'un mécanisme d'urgence d'achats groupés d'engrais pour l'Afrique et l'acheminement par le Programme alimentaire mondial des céréales vers l'Afrique. Le Gouvernement est à la manuvre pour faire en sorte que les prix restent contrôlés et que les approvisionnements soient effectifs, y compris sur nos marchés nationaux. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à Mme Évelyne Perrot, pour la réplique.
Mme Évelyne Perrot. Monsieur le ministre, aujourd'hui, nous ne pouvons que nous réjouir que le blocus ait cessé. Mais nous avons tous en tête les images atroces de la famine en Éthiopie : plus jamais ça ! (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
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