Question de M. GILLÉ Hervé (Gironde - SER) publiée le 04/08/2022
M. Hervé Gillé attire l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche sur les conséquences délétères de la réforme des diplômes des métiers d'art.
Par le décret n° 2018-367 du 18 mai 2018, l'État a réformé les diplômes des métiers d'art et du design pour leur conférer une architecture unique et conforme au schéma européen licence-master-doctorat (L.M.D.) avec un diplôme national des métiers d'art et du design (DNMADE).
Si l'intention a pu sembler louable, dans une volonté de cohérence internationale et de développement des passerelles entre filières, les professionnels comme les étudiants des filières d'art nous sollicitent contre un projet qui, selon eux, ne prend pas en compte la particularité de leur formation. L'une des principales conséquences est la division par deux des heures d'enseignement technique en atelier, au profit des enseignements de design.
Les premiers concernés s'estiment ainsi lésés et inquiets face à un projet mené sans consultation préalable et qui ne correspond pas aux exigences d'excellence qui ont fait la renommée de l'artisanat français. Ils considèrent que cette volonté d'uniformisation entre l'art et le design omet sciemment la différence d'approche et de formation inhérente à chaque parcours qui permet la richesse des métiers artistiques français, dans des domaines recherchés et prestigieux comme la restauration patrimoniale ou le travail du bois.
Les acteurs de ces filières entendent ici exprimer leur crainte de voir disparaitre à terme tout un savoir-faire qui a su résister jusqu'à présent à la concurrence internationale par son attachement à un modèle d'apprentissage unique, inscrit dans notre histoire.
Il demande dès lors quelles seront les mesures prises par le ministère pour s'assurer de l'adaptation de ce nouveau diplôme aux exigences des métiers d'art, qui constituent un enjeu de diversité culturelle et d'excellence.
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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 06/10/2022
Depuis la rentrée 2018, le diplôme national des métiers d'art et du design (DN MADE) créé par le décret n° 2018-367 du 18 mai 2018 s'est substitué à une offre peu lisible (MANAA+BTS). La création du diplôme a été concertée, en amont, avec l'ensemble des représentants des différents acteurs de la filière et notamment les professionnels des métiers d'arts. Un comité de suivi chargé d'étudier la mise en place du déploiement du DN MADE s'est réuni de décembre 2020 à avril 2021. Un des groupes de travail de ce comité a été chargé d'étudier la question de l'articulation des métiers d'art et du design. La relation entre ces deux filières apparait comme complémentaire et non concurrentielle. En effet, le geste technique artistique est incontournable pour favoriser l'innovation et l'excellence de la création à travers la matière. Concernant les volumes horaires des enseignements en ateliers, d'après les premières projections faites au moment de la création du diplôme, ces derniers étaient sensiblement les mêmes que pour les anciens BTS ou DMA. Un autre groupe de travail a réalisé une enquête sur la perception, par les équipes pédagogiques, des volumes horaires d'ateliers. La conclusion de cette enquête a mis en lumière une perception positive des équipes, et a souligné la nécessité d'un projet pédagogique d'établissement concerté avec un redéploiement du volume horaire. Les conclusions de ce comité de suivi ont été traduites réglementairement dans un décret et un arrêté présentés aux membres du CSE et CNESER, actuellement en cours de publication.
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