Question de M. PLA Sebastien (Aude - SER) publiée le 28/07/2022

M. Sebastien Pla rappelle à l'attention de M. le ministre de la santé et de la prévention que le dérèglement du climat, couplé à un certain nombre de phénomènes liés aux activités humaines – déforestation, urbanisation galopante, mondialisation des échanges, trafic illégal d'espèces animales, etc. –, devrait entraîner une recrudescence des zoonoses, ces virus transmis de l'animal à l'homme.
Il souligne qu'à l'évidence, la pandémie de covid-19 et aujourd'hui le virus du singe en sont que des avertissements. Grippe espagnole, VIH-sida, SRAS-CoV-1, chikungunya, H1N1, Ebola, Zika… : depuis le début du XXe siècle, la quasi-totalité des pandémies virales ayant ravagé la planète ont été déclenchées par une zoonose et plus de 60 % des quelque trois-cent nouvelles maladies infectieuses recensées entre 1994 et 2004 auraient eu pour cause des pathogènes zoonotiques.
Il lui précise d'ailleurs qu' une étude, publiée dans la revue scientifique « Nature » prévoit que le changement climatique pourrait, au cours des cinquante prochaines années, entraîner plus de 15 000 nouveaux cas de transmission de virus de mammifères à mammifères – y compris vers l'homme. Les scientifiques estiment dès lors en effet que la probabilité de connaître de nouvelles épidémies est susceptible de tripler au cours des prochaines décennies.
Il lui indique que le dérèglement climatique à l'oeuvre fait bien évidemment partie des facteurs aggravants. L'augmentation de la chaleur et de l'humidité favorise ainsi la prolifération des arthropodes – insectes (mouches, moustiques), arachnides (tiques, araignées), etc. – qui sont parfois vecteurs de maladies. De même, à mesure que la terre se réchauffe, les animaux marins ou terrestres migrent à la recherche de nouveaux habitats, entraînant avec eux des agents pathogènes transmissibles à l'être humain.
Il souligne que les scientifiques estiment aussi que les inondations, les cyclones, les feux de forêts et autres phénomènes extrêmes dont la multiplication est liée au changement climatique contraignent aussi de nombreuses espèces à se déplacer, tout en favorisant, pour certains d'entre eux, le développement de maladies comme le choléra ou la leptospirose, autant de facteurs qui faciliteront l'émergence de hotspots ou « points chauds de biodiversité » qui pourraient à leur tour encourager la propagation de nouveaux virus à l'homme.
Dans ces conditions, il lui demande s'il entend renforcer les capacités d'investissement dans la recherche, mais aussi prévoir un plan de développement et un système de coordination avec des structures et des experts déjà identifiés, afin de développer cette « culture du risque » qui fait encore cruellement défaut à l'Europe et à la France.

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Transmise au Ministère de la santé et de la prévention


Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 05/10/2023

Les maladies infectieuses émergentes ou ré-émergentes sont une priorité de santé publique. L'exemple récent de la pandémie de Covid-19 est l'illustration concrète de l'impact de ces maladies sur la santé mais aussi sur les économies et les sociétés dans leur ensemble. Dans ce contexte, la mise en place de projets de recherche ambitieux est indispensable pour mieux comprendre, prévenir et contrôler les phénomènes d'émergence des maladies infectieuses, mais également développer des contre-mesures pour diagnostiquer, protéger ou traiter les individus. Les zoonoses constituent un enjeu important pour la santé de demain, auquel le ministère de la santé et de la prévention est particulièrement attentif. Ainsi, une réponse globale et intégrée, dans un esprit « une seule santé » (One Health en anglais) pourra être mise en place pour limiter leurs impacts. Pour faire face à ces enjeux, la France s'est dotée d'une Stratégie nationale d'accélération "Maladies infectieuses émergentes et menaces nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques" soutenue dans le cadre de France 2030. Le socle scientifique de la stratégie est constitué par deux Programmes et équipements prioritaires de recherche (PEPR) complémentaires et qui seront mis en oeuvre en étroite collaboration sur 5 ans : le PEPR maladies infectieuses émergentes porte sur la prévention et le contrôle des maladies infectieuses émergentes. Doté de 80 millions d'euros il a pour objectifs de prévenir et contrôler efficacement les maladies infectieuses émergentes et ré-émergentes au niveau individuel et collectif et de permettre une meilleure préparation au risque d'épidémie et/ou de crise sanitaire. Un premier appel à projets a été lancé le 7 février 2023 ; le PEPR PREZODE, porte sur la prévention des émergences zoonotiques (virus, bactérie ou parasites transmis aux humains par des animaux). Doté de 30 millions d'euros il a pour objectif de renforcer la production de connaissances et le développement d'outils pertinents pour définir des stratégies innovantes de réduction des risques et de détection précoce des émergences. Lancée par la France, l'initiative PREZODE est soutenue par la Commission européenne et la Quadripartite : l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, l'Organisation mondiale de la santé, l'Organisation mondiale de la santé animale et le Programme des Nations unies pour l'environnement, ainsi que par de nombreux gouvernements et organisations non gouvernementales. S'agissant du partage de la culture du risque dans ce domaine, les ministères en charge de l'agriculture, de la santé et de l'écologie ont soutenu la création de l'Institut One Health appelé à devenir l'organisme de référence pour la formation et la sensibilisation des décideurs publics et privés à la démarche "une seule santé", tant au niveau national qu'au niveau international. L'institut propose un catalogue de formations interdisciplinaires et intersectorielles dans l'esprit « une seule santé », en partenariat avec l'Ecole des hautes études en santé publique, VetAgro Sup (notamment l'école nationale des service vétérinaires) et AgroParisTech.

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