Question de Mme EUSTACHE-BRINIO Jacqueline (Val-d'Oise - Les Républicains) publiée le 21/07/2022
Mme Jacqueline Eustache-Brinio attire l'attention de M. le ministre de la santé et de la prévention sur un phénomène extrêmement préoccupant en matière de santé dans le monde du sport.
En effet, les fréquents décès de rugbymen, skieurs, hockeyeurs, footballeurs, judokas témoignent des risques encourus par les sportifs, notamment les plus jeunes, dont le cerveau est en construction. Le couplage d'un contact violent et de la vitesse produit un effet similaire à celui d'un accident de la route.
Ce problème a été révélé aux yeux de tous par le scandale de la ligue nationale de football américain (national football league - NFL) aux États-Unis en 2006 et étudié par un médecin légiste et neurologiste. Ses recherches ont démontré que les traumatismes crâniens répétés que subissent les sportifs, mais également les personnes subissant des chocs accidentels, entraînent des lésions au cerveau, qui sont irréversibles, évolutives et invalidantes. Ces pathologies sont désignées sous le nom d'encéphalite traumatique chronique.
Or, en France, les médecins n'y sont pas formés, livrant donc les patients à eux-mêmes, entre erreur de diagnostic et errance médicale, ce qui ne manque pas d'entraîner l'aggravation des symptômes. En parallèle, les acteurs du monde du sport n'ont pas conscience des dégâts causés par la pratique de leurs activités, empêchant ainsi toute prévention.
Elle lui demande donc si le Gouvernement envisage la reconnaissance de cette pathologie et la formation adéquate des entraîneurs sportifs pour une meilleure prise en compte des symptômes et des risques.
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Transmise au Ministère des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques
Réponse du Ministère des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques publiée le 17/11/2022
Dans le milieu sportif, sont à distinguer les décès d'origine traumatique et non traumatique (morts subites). Ces derniers sont deux fois plus fréquents (entre 800 et 1 000 morts par an en France) que les premiers (401 en 2017 et 409 en 2018 selon une étude de Santé publique France). Selon cette étude, en ce qui concerne le nombre de décès d'origine traumatique, les sports de montagne (dont le ski) arrivent largement en tête par rapport aux autres disciplines sportives : aquatiques, aériennes, mécaniques terrestres, avec armes et autres (respectivement 37 % versus 23 %, 19 %, 9 %, 4 % et 8 %). Le nombre de décès dans les disciplines citées dans la question (hors ski) représente donc environ 8 % de l'ensemble des décès d'origine traumatique. Dans les disciplines citées, les traumatismes crâniens légers ou commotions cérébrales sont effectivement relativement fréquents et peuvent avoir d'éventuelles conséquences sanitaires à plus ou moins long terme, notamment s'ils sont répétés. Cependant, si l'encéphalopathie traumatique chronique (ETC) a été décrite au début du XXe siècle, le lien causal direct entre cette pathologie neurodégénérative et les commotions cérébrales répétées reste sujet à controverses. Néanmoins, le ministère des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques est mobilisé pour que les sportifs bénéficient d'une plus grande protection. Ainsi, plusieurs fédérations sportives ont déjà mis en place des protocoles dans ce domaine et les ministères chargés de la santé et des sports ont parfaitement identifié cette problématique dans le cadre de la stratégie nationale sport santé (SNSS 2019-2024). En effet, dans l'axe 3 de la SNSS, qui vise à mieux protéger la santé des sportifs et à renforcer la sécurité des pratiques quelle que soit leur intensité, l'action 18 se doit de déterminer les moyens de prévention et de prise en charge des pathologies induites par la pratique sportive, notamment des commotions cérébrales. Un groupe de travail sur les commotions cérébrales, piloté par la direction des sports, a été mis en place regroupant des représentants du ministère chargé de la santé, de Santé publique France, de sociétés savantes (neurochirurgie, neurologie, médecine physique, médecine du sport, traumatologie du sport) et du mouvement sportif. Dans un premier temps ce groupe a travaillé sur les critères diagnostiques de la commotion cérébrale qui ont fait l'objet d'une publication dans une revue scientifique à comité de lecture et sur une formation à destination des professionnels de santé sur la commotion cérébrale dans le cadre du développement professionnel continu. Les travaux interrompus en raison de la crise sanitaire vont reprendre fin novembre 2022 et le groupe de travail devrait orienter ses travaux vers : - l'élaboration de recommandations de prise en charge des commotions cérébrales pour les fédérations sportives ; - l'élaboration d'un document d'information sur le phénomène à destination du mouvement sportif, des professionnels de santé et du grand public ; - la constitution d'un comité médical et scientifique ; - la réalisation d'une veille bibliographique ; - la création d'un registre national sur les commotions cérébrales dans le sport.
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