Question de M. LAURENT Pierre (Paris - CRCE) publiée le 14/07/2022
M. Pierre Laurent attire l'attention de Mme la ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur la situation au Cameroun. Le Cameroun ne cesse de s'enfoncer dans une crise multiforme avec de nombreux foyers de tension militaire. Les massacres d'hommes, de femmes et même d'enfants s'y multiplient notamment dans la zone anglophone (20 % de la population) avec des belligérants qui radicalisent leurs positions. De plus en plus d'acteurs du Cameroun se prononcent contre la gestion des conflits dans le pays, notamment en ce qui concerne la crise anglophone et l'élection présidentielle controversée de 2018. Ceux qui prônent le dialogue et le respect de l'État de droit continuent à faire l'objet de répressions comme en témoigne, entre autres, la non-légalisation du plus vieux parti politique camerounais, l'union des populations du Cameroun-manifeste national pour l'instauration de la démocratie (UPC-Manidem), pourtant demandée par la commission africaine des droits de l'homme et des peuples depuis 2016. En témoignent aussi les nombreux prisonniers d'opinion détenus dans les prisons camerounaises. S'ajoutent à cela les inquiétudes concernant la succession de l'actuel chef de l'État au pouvoir depuis près de 40 ans et dont le règne autoritaire a participé fortement au délitement social et économique de plus en plus prononcé. Il est à noter par ailleurs que la présence française, notamment économique, reste très importante. Nombre d'acteurs camerounais estiment qu'il est urgent qu'un cessez-le-feu intervienne entre tous les groupes armés et que s'engage un vrai dialogue, impliquant toutes les forces vives du Cameroun en vue de trouver des solutions politiques pour sortir du délitement de ce pays et également pour que les droits élémentaires des populations soient respectés.
Il lui demande ce que les autorités françaises en coordination avec l'Union africaine comptent prendre comme initiatives tant du point de vue national, européen qu'à l'organisation des nations unies (ONU), en vue d'appuyer une telle démarche et de cesser d'être d'un mutisme déconcertant au sujet de ce pays, lequel mutisme est aperçu de plus en plus comme une complicité avec des pratiques inqualifiables.
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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 20/10/2022
La France a appelé publiquement, dès octobre 2017, l'ensemble des acteurs camerounais à la retenue et au rejet de la violence, encourageant le règlement par le dialogue des tensions dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, en vue de répondre de manière pacifique et concertée aux préoccupations de toutes les parties, dans le respect de l'unité et de l'intégrité du pays. Depuis lors, la France n'a eu de cesse de porter ce message, y compris au plus haut niveau. Avec d'autres partenaires africains, européens et internationaux, la France se tient prête à soutenir toute initiative favorisant la résolution de la crise. Le sujet a été abordé dans le cadre des entretiens officiels du Président de la République avec les autorités camerounaises, durant son déplacement au Cameroun les 25 au 26 juillet 2022. Le Président de la République a appelé à la mise en uvre effective du processus de décentralisation et d'un statut spécial pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, étape essentielle pour le retour à la paix. La France continuera de soutenir la poursuite des efforts en ce sens, comme elle s'y est déjà engagée en 2019, lors de la visite au Cameroun du ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Par ailleurs, la France poursuit un dialogue exigeant avec les autorités camerounaises sur le respect des libertés fondamentales et de l'État de droit. Elle s'est exprimée publiquement, à plusieurs reprises, sur ce sujet, notamment concernant la libération des personnes emprisonnées en raison de leur participation à des manifestations à caractère politique. Lors de sa dernière visite au Cameroun, le Président de la République a une nouvelle fois invité son homologue à prendre l'initiative de gestes d'ouverture pour rétablir la confiance sur la scène politique intérieure.
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