Question de M. ANGLARS Jean-Claude (Aveyron - Les Républicains-A) publiée le 14/07/2022

M. Jean-Claude Anglars attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur l'épisode de pullulation de campagnols terrestres qui frappe le Massif Central.

Depuis le mois d'août 2021, les agriculteurs sont en effet confrontés à une explosion sans précédent des populations de rats taupiers qui ravagent les cultures fourragères, les prairies temporaires, permanentes et semi-naturelles. Ce nuisible herbivore est un fléau pour l'agriculture de montagne alors que le rat taupier détruit les racines végétales, laissant les prés et les estives à nu, littéralement labourés.

Or, le Massif Central est la plus grande prairie d'Europe. Il représente un tiers de la surface nationale, compte une surface agricole utile de 4.1 millions d'hectares avec 85 % de surfaces en herbe dont, 60 % de surfaces toujours en herbe là où elle est de 28 % au niveau national et 25 % au niveau européen. Par ailleurs, avec un tiers des sources françaises et la moitié des eaux minérales du pays, le Massif central est également qualifié de château d'eau de la France pour l'importance et la qualité de ses eaux.

Parce que la prairie offre un bouquet de services agronomiques et environnementaux multifonctionnels, aujourd'hui la menace du rat taupier pour l'élevage et les filières entretenant ces prairies est un enjeu national. Il s'agit d'un problème sanitaire, écologique et économique qui menace tout l'écosystème du Massif.
Le cycle de pullulation des campagnols terrestres est d'une durée de 5 à 6 ans, la population peut alors grimper de quelques individus à plus de1 500 par hectare. Sur le plateau de l'Aubrac, en octobre 2020, la fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles (FDGDON), évaluait à 900 le nombre d'individus à l'hectare avec une dominance des effectifs jeunes propres à la reproduction.

Aujourd'hui, les agriculteurs n'ont pas de solution technique pour enrayer ce phénomène et lutter contre l'invasion. Le « Ratron GW » utilisé pour venir à bout des foyers, montrerait une efficacité, mais uniquement sur des populations en démarrage. Son application manuelle, possiblement mécanisée par autorisation dérogatoire ponctuelle, couplée aux contrats de lutte expérimentés en 2020, ne sont pas adaptés à la situation de crise qui se tient actuellement. C'est une menace de crise sanitaire et économique qui se profile et c'est un véritable plan de relance et de défense pour la prairie Massif Central qui doit être mis en œuvre.

Aussi, il l'interroge sur ce que compte faire le Gouvernement pour accompagner économiquement les agriculteurs dans les mesures de lutte contre les rats taupiers et pour compenser les pertes de récoltes.
D'autre part, il lui demande quels sont les moyens alloués à la recherche pour la mise au point de nouveaux moyens de lutte adaptés aux enjeux sanitaires et de préservation de la faune sauvage.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 29/09/2022

La lutte collective contre les campagnols est essentielle pour préserver la qualité des prairies. Elle se révèle la plus efficace lorsque la population de rongeurs est de basse densité, avant la phase de pullulation. En effet, la population progresse de façon exponentielle lorsque la phase initiale n'est pas correctement maîtrisée, et seul le déclin naturel peut alors inverser la courbe. Le ministère chargé de l'agriculture accompagne les agriculteurs en cas de dommages causés par les campagnols terrestres de plusieurs façons. L'État contribue ainsi chaque année au fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE), à hauteur de 65 % du montant des indemnisations versées aux agriculteurs selon le coût des mesures de lutte. Les mesures de lutte pouvant être indemnisées par le FMSE concernent l'utilisation de produits phytosanitaires, la mise en place de pièges, la destruction des réseaux de galeries souterraines des ravageurs, ainsi que la mise en place d'équipements favorisant la présence de prédateurs naturels du campagnol. Cette contribution représente une enveloppe de plus de 5 millions d'euros (M€) depuis 2016, pour un total de 12 programmes dans les territoires concernés. Pour 2021, le budget prévisionnel d'indemnisation des agriculteurs représente un montant d'aide publique de 1,1 M€ au bénéfice de 1 055 agriculteurs, dont 935 du Massif Central. Concernant l'indemnisation pour pertes de récolte, un seul programme d'indemnisation au titre des pertes subies a été mis en place à ce jour, en 2016, pour les éleveurs du Cantal et du Puy-de-Dôme. L'aide publique consacrée aux nouvelles méthodes de lutte contre le campagnol et de préservation de la faune sauvage s'élève à 1,9 M€ pour la période 2016-2022. Ce financement porte notamment sur les projets en cours suivants : - projet « PHEROCAMP » : étude de la communication phéromonale chez le campagnol terrestre - application au contrôle des populations par piégeage (INRAE Tours) ; - projet « CONTRACAMP » : régulation des populations du campagnol terrestre par une approche vaccinale d'immuno-contraception (Université Clermont Auvergne) ; - étude sur les préférences alimentaires du campagnol terrestre et identification de la flore prairiale favorable à son installation et aux pullulations (VetAgroSup).

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