Question de Mme PRIMAS Sophie (Yvelines - Les Républicains) publiée le 14/07/2022
Question posée en séance publique le 13/07/2022
M. le président. La parole est à Mme Sophie Primas, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. Mmes Valérie Létard et Françoise Gatel applaudissent également.)
Mme Sophie Primas. Madame la Première ministre, les Français ont chaud aujourd'hui, mais ils ont peur d'avoir froid cet hiver, et ils ont raison : crise énergétique sans précédent, fin du gaz russe, production nationale d'électricité historiquement faible, prix élevés, etc. C'est inquiétant pour les ménages et pour notre économie de production.
Cette situation était pourtant prévisible. En février, nous vous alertions sur le probable blackout et nous avions formulé douze recommandations. Pas de réponse, évidemment.
Surtout, nous avons perdu dix ans : dix ans d'une politique énergétique qui s'est acharnée, comme nous l'avons entendu ce matin, à détruire le monde d'hier avant de construire l'énergie décarbonée de demain. Un exemple emblématique en est la fermeture de la centrale de Fessenheim, d'une capacité de deux gigawatts. Et dire que nous rouvrons des centrales à charbon
Quel échec !
Pour le nucléaire, la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) prévoit toujours l'arrêt de douze autres réacteurs. C'est contraire au discours du Président de la République à Belfort. Quand passerez-vous donc des annonces aux actes ? Même question pour la construction des nouveaux EPR (European Pressurized Reactor).
Pour garantir la sécurité d'approvisionnement à court terme, il nous faut un grand plan d'action. Depuis des années, le Sénat demande la consolidation et la simplification de MaPrimeRénov', des certificats d'économie d'énergie (C2E), l'accélération de la production de biogaz, la conversion au biocarburant, le retour en grâce de l'hydroélectricité, la simplification des projets d'énergie renouvelable (EnR) avec les collectivités territoriales.
Madame la Première ministre, quelle est votre feuille de route énergétique ? Nous sommes un peu perdus devant tant de revirements
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)
Réponse du Ministère de la transition énergétique publiée le 14/07/2022
Réponse apportée en séance publique le 13/07/2022
M. le président. La parole est à Mme la ministre de la transition énergétique. (M. François Patriat applaudit.)
Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, madame la présidente Primas, nous sommes aujourd'hui confrontés à l'une des pires crises énergétiques depuis le choc pétrolier des années 1970.
En conséquence, nous devons agir à la fois à court terme pour garantir nos approvisionnements en gaz et en électricité et maintenir une forte capacité de production électrique, ainsi que pour construire l'électricité et le monde décarboné de demain : la canicule nous rappelle à quel point il est urgent de s'y investir.
Nous agissons, d'abord en mobilisant tous les moyens pour anticiper une possible interruption de la livraison du gaz naturel russe, notamment en accroissant nos stocks stratégiques de gaz naturel ou en nous préparant à réactiver la centrale à charbon de Saint-Avold. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) Certes, cette réactivation n'est pas une bonne nouvelle, mais elle ne correspond qu'à moins de 1 % de notre production d'électricité Nous aurons peut-être besoin de cette centrale au pic de l'hiver, même si notre préférence serait de ne pas y avoir recours.
Nous lançons un plan de sobriété qui prévoit une réduction de 10 % de notre consommation d'énergie, par exemple en modulant le chauffage dans les bâtiments publics. J'ai mobilisé les entreprises et, avec mes collègues ministres, chacun dans leur domaine, les administrations, pour faire cette économie de 10 % qui est absolument nécessaire pour nous décarboner et nous passer des énergies fossiles, et qui nous permettra de passer plus facilement ces moments de crise énergétique.
Enfin, nous n'avons rien perdu de notre ambition énergétique et de notre volonté de prévenir le réchauffement climatique. Sur ce point, le discours de Belfort, qui énonce quatre piliers, est parfaitement clair. Pour la sobriété énergétique, nous prévoyons une réduction de 40 % ; pour l'efficacité énergétique, nous rendrons encore plus efficaces les dispositifs de conversion des véhicules et MaPrimeRénov' nous allons y travailler avec Christophe Béchu et Olivier Klein ; pour l'accélération du développement des énergies renouvelables, nous allons multiplier par dix notre parc photovoltaïque, avec un objectif de 50 parcs éoliens marins et une loi prochaine sur l'accélération de la transition énergétique ; sur le nucléaire, enfin, nous serons prêts. (Marques d'impatience sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. Il faut conclure.
Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre. Tout cela sera repris dans la PPE qui nous attend dans les mois à venir : nous aurons l'occasion d'en parler tout à l'heure lors de notre rendez-vous. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à Mme Sophie Primas, pour la réplique.
Mme Sophie Primas. Nous voudrions vous croire, mais cela fait dix ans que le Sénat lutte contre des trajectoires qui sont de fausses trajectoires, puisque nous n'atteignons jamais l'objectif. La fermeture de Fessenheim, la réouverture des centrales à charbon sont des exemples de ce manque d'anticipation et de cette fausse route sur l'énergie.
Nous voulons des énergies renouvelables, nous voulons des énergies décarbonées, nous voulons la sobriété, mais maintenant, nous voulons des actes ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. Mmes Françoise Férat et Amel Gacquerre applaudissent également.)
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