Question de Mme LIENEMANN Marie-Noëlle (Paris - CRCE-R) publiée le 26/05/2022

Mme Marie-Noëlle Lienemann attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur le choix des sujets de baccalauréat en sciences économiques et sociales pour l'année scolaire 2021-2022.
En effet, le sujet soumis le jeudi 11 mai 2022 dans cette spécialité présentait les énoncés suivants : « À partir d'un exemple, vous montrerez que l'innovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance », « À l'aide d'un exemple, vous montrerez que l'action des pouvoirs publics en faveur de la justice sociale peut produire des effets pervers » ou encore « À l'aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que l'approche en terme de classes sociales, pour rendre compte de la société française, peut être remis en cause ». La formulation de ces énoncés ne permet pas de suggérer différents points de vue ou d'exprimer une position critique.

Concernant la question sur les classes sociales, le programme demande de « comprendre que la pertinence d'une approche en termes de classes sociales pour rendre compte de la société française fait l'objet de débat théoriques et statistiques » mais l'énoncé tranche en faveur d'une disparition des classes sociales.
L'énoncé sur l'innovation, tel qu'il est posé, oriente le candidat vers une option idéologique marquée, alors qu'il existe un intense débat chez les économistes entre la soutenabilité forte ou la soutenabilité faible.
Concernant la question sur la justice sociale, le programme demande de « comprendre que l'action des pouvoirs publics en matière de justice sociale fait l'objet de débats en termes d'efficacité, de légitimité et de risque d'effets pervers ». Là encore, le sujet tel qu'il est posé au candidat tranche en faveur des effets pervers, alors qu'entre économistes il existe des débats pour savoir si les prestations sociales créent ou non une désincitation à travailler.

Ce n'est pas la première fois que les sujets du baccalauréat dans cette matière posent question. En juin 2021, elle l'avait déjà interpellé en déposant la question n° 23373 publiée le 17 juin 2021 au Journal officiel. Il semble que les leçons n'aient pas été retenues puisque la rédaction de sujets de sciences économiques et sociales ne laissant aucune place à l'esprit critique fait l'objet d'une récidive. Elle regrette fortement la réponse spécieuse apportée le 3 mars 2022 : « l'élève ne se voit imposer aucun sujet ». Cependant, cette année, les trois sujets étaient orientés dans le même sens politique sans toujours aucune possibilité de contraster sa réponse et de formuler une analyse critique alors même que ces sujets divisent les économistes entre eux.

Elle lui demande donc à nouveau s'il est bien conforme à l'éthique éducative de présenter ainsi aux candidats comme une vérité un point de vue largement contesté, même chez les économistes.
Elle lui demande si ce type de formulation ne met pas en cause les principes éducatifs de l'esprit critique ainsi que la neutralité de l'enseignement public alors même que le sujet tel qu'il est formulé affiche comme une évidence ce qui relève plus d'un choix politique que d'un fait irréfutable.
Elle lui demande si le Gouvernement ne prend pas ainsi le risque d'entacher l'école républicaine de partialité et que cette dernière subisse l'accusation d'orienter abusivement les choix des élèves et des candidats aux examens, alors que ce doit être la noblesse de l'école publique et de l'éducation nationale de ne pas le faire.
Attachée à ces exigences éthiques, elle lui demande enfin les dispositions qu'il compte prendre effectivement pour éviter à l'avenir que des sujets formulés de manière aussi tendancieuse finissent par entacher la confiance des Français dans nos institutions éducatives.

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La question est caduque

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