Question de M. PIEDNOIR Stéphane (Maine-et-Loire - Les Républicains) publiée le 27/01/2022
Question posée en séance publique le 26/01/2022
M. le président. La parole est à M. Stéphane Piednoir, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Stéphane Piednoir. Ma question s'adressait initialement à M. le ministre de l'éducation nationale.
Lundi dernier, le comité de suivi de la réforme des affectations en classe de seconde pour l'académie de Paris a recommandé la fin du recrutement sur dossier pour les lycées Henri-IV et Louis-le-Grand, au profit d'une plateforme informatisée que tout le monde connaît, Affelnet.
Depuis, le rectorat a indiqué qu'il fallait faire évoluer le recrutement, mais par étapes, pour rendre le changement acceptable pour les communautés éducatives. On le voit, le discours est devenu un peu plus flou, mais le recteur Kerrero a pour sa part indiqué qu'il convenait d'ouvrir le recrutement à l'ensemble des collégiens et d'instaurer des quotas de boursiers.
Le Gouvernement entend-il effectivement inscrire ces deux établissements d'excellence dans un processus de discrimination positive ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargé de l'éducation prioritaire publiée le 27/01/2022
Réponse apportée en séance publique le 26/01/2022
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de l'éducation prioritaire.
Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargée de l'éducation prioritaire. Votre question, monsieur le sénateur Piednoir, me permet d'aborder un sujet central, celui de l'égalité républicaine, du mérite de nos élèves et de la reconnaissance de leur travail.
La réforme de l'affectation au lycée engagée par l'académie de Paris depuis la rentrée 2020-2021 a déjà démontré son efficacité, notamment en ce qu'elle a renforcé la mixité sociale. Par ailleurs, contrairement à ce qui avait pu être avancé, nous ne constatons pas de fuite vers l'enseignement privé.
En ce qui concerne les lycées Henri-IV et Louis-le-Grand, ils entrent en effet dans la procédure, car leur situation devait évoluer. Il n'y avait jusqu'à présent aucun critère d'admission explicite, aucun barème, alors que toute décision d'affectation doit pouvoir être objectivement justifiée, notamment en cas de recours des familles. (M. Roger Karoutchi s'agace.)
Monsieur le sénateur, ce n'est pas la fin de la méritocratie scolaire
Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains. Si !
Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État. C'est, au contraire, son rétablissement dans les lycées d'excellence.
Nos objectifs sont clairs : en pleine cohérence avec l'esprit de l'école républicaine, nous voulons promouvoir la transparence, l'équité, le mérite et rendre ces lycées potentiellement accessibles à tous les élèves parisiens, sur la base de leurs seuls résultats scolaires. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Roger Karoutchi. C'est faux !
M. le président. La parole est à M. Stéphane Piednoir, pour la réplique.
M. Stéphane Piednoir. Madame la secrétaire d'État, votre argumentation pourrait se résumer en quelques mots : cachez ces bons élèves que je ne saurais voir
M. Roger Karoutchi. Très bien !
M. Stéphane Piednoir. Je comprends évidemment votre intention d'ouverture sociale, mais je réfute la corrélation entre le statut de boursier et les performances académiques d'un collégien. Je déplore l'abandon des parcours d'excellence dans l'enseignement public,
M. Roger Karoutchi. Eh oui!
M. Stéphane Piednoir. le constat de la « honte » de nos élites et cette nouvelle étape dans la déconstruction de la méritocratie républicaine, à laquelle votre gouvernement était pourtant si attaché au début du quinquennat.
Notre pays, figurez-vous, est fier de ses filières d'excellence. Quoi que vous en disiez, madame la secrétaire d'État, celles-ci sont ouvertes à tous, indépendamment de leurs origines sociales. Je fais confiance aux professeurs pour détecter et convaincre leurs meilleurs élèves d'y postuler.
Notre pays aspire à autre chose qu'à la convergence des établissements vers une moyenne d'indicateurs technocratiques ou à la construction d'un « indice de position sociale » totalement artificiel.
Notre pays, celui des Lumières, est fondamentalement attaché à ce que le talent l'emporte sur la naissance. Il faudrait donc surtout multiplier ces établissements d'excellence pour permettre à tous d'y accéder et faire prévaloir, enfin, le bulletin scolaire sur toute autre considération. (Bravo ! et vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - Mmes Sonia de La Provôté et Catherine Morin-Desailly applaudissent également.)
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