Question de Mme CARLOTTI Marie-Arlette (Bouches-du-Rhône - SER) publiée le 20/01/2022
Question posée en séance publique le 19/01/2022
M. le président. La parole est à Mme Marie-Arlette Carlotti, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
Mme Marie-Arlette Carlotti. M. le ministre Jean-Yves Le Drian a clairement affirmé que la présence de la société Wagner n'était pas compatible avec la manière dont la France concevait la lutte contre le terrorisme au Mali. Nous sommes d'accord.
Depuis le 23 décembre, des doutes s'effacent quant à l'implication de Wagner sur le théâtre malien. La presse rapporte les premiers accrochages de ses miliciens au début de l'année 2022, près de Bandiagara. Les faits sont là, les hommes de Wagner se déploient au Mali : ils ont été repérés à Ségou.
Le silence du gouvernement malien ne pourra pas masquer longtemps le concert barbare de ces mercenaires, dans un conflit dont la complexité ne saurait être résolue par l'usage d'une milice à la solde de l'argent.
Seule l'instabilité en sortira gagnante et les conséquences seront graves pour les populations maliennes, d'autant que la junte ne prévoit plus d'élections et décide désormais de confisquer le pouvoir.
La ligne rouge a été transgressée, c'est un fait ! Pourtant, il nous semble que, désormais, l'objectif du Gouvernement est de gagner du temps. D'ailleurs, monsieur le ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l'attractivité, vous évoquiez précédemment des consultations.
C'est pourquoi nous demandons clairement une clarification quant à la position de la France. Notre pays envisage-t-il de rappeler ses troupes ? Quel avenir pour la force Takuba ? Comment la France compte-t-elle mettre en œuvre les sanctions décidées par l'Union européenne ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
Réponse du Ministère auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères - Commerce extérieur et attractivité publiée le 20/01/2022
Réponse apportée en séance publique le 19/01/2022
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l'attractivité.
M. Franck Riester, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur et de l'attractivité. Comme je l'ai souligné voilà quelques minutes, madame la sénatrice Carlotti, la présence de Wagner est inacceptable, tout comme le report des élections de cinq ans par la junte. Les pays de la Cédéao ont pris des décisions très fortes, que tous les États de l'Union européenne soutiennent. Nous avons aussi décidé d'un certain nombre de sanctions, individuelles et collectives, à l'encontre de Wagner.
Cela étant, nous ne pouvons pas prendre des décisions unilatérales. Nous avons besoin de consulter nos partenaires européens et internationaux, d'échanger avec eux.
En effet, nous ne sommes pas seuls au Sahel. Nous sommes présents au sein de la force Takuba, qui bénéficie de forces spéciales issues de 11 États européens.
Nous sommes également présents aux côtés des Nations unies et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali, la Minusma, pour veiller au respect des accords d'Alger.
Nous sommes présents, enfin, auprès de nos partenaires sahéliens dans le cadre du G5 Sahel.
Nous devons donc prendre le temps des échanges et des discussions, afin d'arrêter la meilleure décision possible. Mais il est clair, dans notre esprit, que le contexte appelle la tenue de telles discussions dans les prochains jours, afin de définir précisément la position de la France et de l'Union européenne pour l'avenir proche. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à Mme Marie-Arlette Carlotti, pour la réplique.
Mme Marie-Arlette Carlotti. C'est Jean-Yves Le Drian, lui-même, qui a défini la ligne rouge, monsieur le ministre. Maintenant que nous y sommes, il donne l'impression de ne pas avoir de solution. C'est cette improvisation qui nous inquiète !
Nous sommes à un niveau de tension rarement atteint, ayant contraint le Président de la République à annuler son déplacement à Bamako et à Gao ; on a invoqué le covid, mais on sait que ce n'est pas le cas et qu'on a surtout cherché à éviter une situation explosive, susceptible de mettre en danger nos militaires en opération.
Vous vous escrimez à convaincre la junte de renoncer à Wagner. Elle ne veut rien entendre, et les invectives ne font pas une politique.
Vous n'avez pas voulu nous répondre, monsieur le ministre, mais, d'une certaine manière, je le comprends : C'est le Président de la République qui doit désormais dire aux Français quelle politique antiterroriste il entend mener au Mali ! (Applaudissements sur les travées du groupe SER et sur des travées du groupe Les Républicains.)
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