Question de M. TABAROT Philippe (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 02/12/2021

M. Philippe Tabarot attire l'attention de M. le ministre délégué auprès de la ministre de la transition écologique, chargé des transports, sur l'accord de libre-échange signé entre l'Union européenne et le Qatar, redoutant qu'une concurrence déloyale de Qatar Airways affecte les compagnies aériennes françaises et européennes.
Cet accord, signé le 18 octobre 2021 sans ratification des États membres de l'Union européenne au préalable, prévoit l'ouverture du ciel européen à la compagnie nationale qatarie, que ce soit pour le transport de voyageurs ou le fret aérien.
Qatar Airways a notamment obtenu le droit de transporter des marchandises en partance d'Europe vers n'importe quel pays tiers, un marché en pleine croissance avec la crise sanitaire. En échange, les conditions imposées, comme la fréquence des vols autorisés, paraissent bien faibles.
La seule garantie dont bénéficient nos compagnies est celle de l'ouverture du ciel qatari, un marché de 3 millions de personnes, contre 447 millions en Europe.
Ce traitement inégalitaire est particulièrement malvenu, alors que nos compagnies aériennes sont confrontées à une crise économique majeure.
Aussi, il entend connaître la position de la France après la signature de cet accord, que le ministre des transports lui-même jugeait déséquilibré.

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Réponse du Ministère auprès de la ministre de la transition écologique - Transports publiée le 03/03/2022

L'accord sur le transport aérien entre l'Union européenne et ses États membres, d'une part, et l'État du Qatar, d'autre part, signé le 18 octobre 2021, se substitue aux accords bilatéraux que les États membres de l'Union européenne avaient conclus avec cet État et, pour la France, à l'accord de 1975. Conformément à l'article 218 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, cet accord a été signé par la présidence du Conseil, le ministre qatarien et par l'ensemble des États membres,  après que ces derniers, réunis au sein du Conseil, ont adopté la décision autorisant sa signature. Les accords bilatéraux des États membres avaient déjà largement ouvert le marché européen aux transporteurs aériens du Qatar, plus d'une vingtaine de ces États ayant même entièrement libéralisé le trafic avec ce pays ; en revanche, aucun de ces accords ne comportait de disposition encadrant strictement les conditions de concurrence, ni ne prévoyait de disposition promouvant les droits et principes fondamentaux au travail tels que déclinés par l'Organisation internationale du travail. Enfin, aucun de ces accords n'abordait de façon précise la problématique environnementale. C'est dans ce contexte et pour atteindre des objectifs précis en matière de concurrence, de droit du travail et d'environnement, que les États membres ont décidé en juin 2016 d'autoriser la Commission européenne à ouvrir des négociations avec le Qatar. Celles-ci ont abouti, début 2019, à un texte répondant aux objectifs qui avaient été assignés à la Commission européenne. Ces objectifs étaient notamment que cet accord comporte des dispositions novatrices en matière de concurrence directement inspirées du droit européen sur les abus de position dominante, les ententes, ou encore les concentrations, et sur les aides d'État. Le texte comporte aussi des obligations de transparence financière, seule à même de permettre le respect de ces dispositions concurrentielles. Il renvoie aux obligations des États découlant de leur appartenance à l'Organisation internationale du travail, ce qui est là-aussi novateur. Il entérine, enfin, la nécessité de protéger l'environnement, avec notamment un engagement à appliquer le dispositif CORSIA de l'Organisation de l'aviation civile internationale. Les États membres, pris individuellement, auraient vraissemblablement eu des difficultés à négocier de telles clauses. En contrepartie, l'accord européen prévoit une ouverture du marché européen, qui est progressive dans le temps, comme la France et l'Allemagne l'avaient souhaité, pour les vols passagers entre l'Union européenne et le Qatar. Cette ouverture ne prévoit pas la possibilité d'exploiter des vols intra-européens ; elle ne prévoit pas non plus le droit d'exploiter des vols de passagers au-delà de l'Union européenne, comme le demandait pourtant le Qatar. Enfin, concernant le transport de fret, l'accord ne prévoit pas la possibilité pour Qatar Airways d'embarquer ou de débarquer du fret de façon illimitée au départ de l'Europe vers des pays tiers. En effet, ces droits portent seulement, à terme, sur un vol par jour au plus, en continuation des vols entre Doha et l'Union et exclusivement de ou vers le continent américain. Ces éléments font de cet accord un texte dans lequel les droits ouverts aux transporteurs aériens qatariens ont été maîtrisés et s'accompagnent d'obligations fortes ; les autorités françaises veilleront à ce que ces obligations soient respectées. A cet égard, le Gouvernement a d'ores et déjà demandé à la Commission européenne de réunir sans délai le comité mixte, instance créée par l'accord aérien, afin que la transparence requise par l'accord soit apportée sur les conditions économiques de fonctionnement de la compagnie Qatar Airways.

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