Question de M. CHARON Pierre (Paris - Les Républicains) publiée le 02/12/2021
M. Pierre Charon attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports sur les conséquences de la réforme du lycée sur les enseignements scientifiques et techniques.
Dans une note récente de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) de l'éducation nationale, les effets des choix des élèves en lycée général et technologique sur les services des enseignants ont été analysés. Cette note met en évidence qu'on assiste, en lien avec la diversification des parcours des élèves, à une redistribution des heures données entre les différents champs disciplinaires au détriment des sciences.
On constate que le nombre d'heures dans le domaine scientifique en première et terminale s'est effondré. Les mathématiques baissent de 18 % entre 2018 et 2020 soit 33 540 heures de cours en moins. La baisse est en partie due à la disparition des mathématiques du tronc commun d'enseignement, mais surtout au choix des élèves. Si le nombre d'heures en physique-chimie baisse d'un peu plus de 1 %, le nombre d'heures consacré à l'enseignement de la technologie baisse de 27 % sur la période.
Parallèlement, le nombre d'heures consacré à l'histoire et la géographie progresse de 14 % avec 19 954 heures supplémentaires !
Selon les sociétés mathématiques, « la réforme du lycée conduit à une réduction inquiétante de l'enseignement des mathématiques au lycée ». Cette diminution de la formation mathématique, (33 500 heures de cours en moins) et technologique (-27 %) va à l'encontre des besoins croissants de la société concernant les secteurs de l'innovation, de la technologie, de l'ingénierie, nécessitant par exemple de la modélisation numérique et statistique.
Les spécialistes évoquent dans cette réforme un « vrai risque d'aggraver le déficit actuel de qualification dans les disciplines mathématiques, scientifiques, techniques. » Il est certain que l'enseignement de ces matières scientifiques est indispensable pour retrouver un niveau de compétences satisfaisant pour l'ensemble de la population scolaire, tant pour le socle commun de tous que pour les futurs techniciens, ingénieurs, scientifiques dont la société aura besoin pour relever les défis immenses de son avenir.
Il lui demande quelles dispositions il envisage pour redonner toute leur place aux matières scientifiques dans l'enseignement scolaire.
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 12/05/2022
La réforme du lycée d'enseignement général et technologique a permis, dans la voie générale, de proposer aux lycéens une organisation renouvelée, mettant fin, grâce à la suppression des séries, aux effets induits de hiérarchisation et d'étanchéité entre les formations. De même, la voie technologique a bénéficié d'aménagements pour une plus grande homogénéité avec la voie générale. Sur les 13 spécialités proposées à la rentrée 2022 dans la voie générale, 5 sont scientifiques. Deux options mathématiques sont également proposées en terminale (mathématiques complémentaires et mathématiques expertes). Par ailleurs, le tronc commun de tous les lycéens a été ajusté. Dès la classe de seconde générale et technologique, la création de l'enseignement « sciences numériques et technologiques » (SNT) permet une ouverture aux problématiques technologiques. Puis, durant le cycle terminal, l'enseignement scientifique pour la voie générale et les mathématiques pour la voie technologique, intègrent le tronc commun. Une formation scientifique est donc dispensée tout au long du parcours des lycéens. La place des mathématiques dans cette formation scientifique fait actuellement l'objet d'une réflexion menée au sein d'une mission associant notamment les sociétés savantes et les Académies des sciences et des technologies. Comme dans toute réforme profonde sur les enseignements, un impact sur les services des enseignants était attendu. La note de la DEPP n° 21.37 intitulée « Les effets des choix des élèves en lycée général et technologique sur les services des enseignants » précise toutefois que le volume global des services des enseignants est également impacté par la baisse de 4,1 % d'élèves scolarisés en terminale et la hausse de 0,3 % en première. L'augmentation du volume horaire constatée en histoire-géographie s'explique par le succès que rencontre la nouvelle spécialité « histoire géographie, géopolitique et sciences politiques « (HGGSP) et dans une moindre mesure l'option « droit et grands enjeux du monde contemporain » (DGEMC). Le tronc commun comportant de l'histoire-géographie et de l'enseignement moral et civique, le volume horaire dispensé par des enseignants d'histoire-géographie a nécessairement augmenté. Avant la réforme, 40 % des élèves de terminale de la voie générale étaient en série S avec 6h de mathématiques et 2h d'option mathématiques, soit un total de 8h d'enseignement. Désormais, 41 % des élèves de la voie générale choisissent la spécialité mathématiques (6h) et peuvent ajouter l'option « mathématiques expertes » (3h), soit un total de 9h d'enseignement. Enfin, suite à la réforme du baccalauréat, les deux spécialités les plus choisies demeurent les mathématiques et la physique. Concernant plus particulièrement les mathématiques, il convient également de distinguer l'enseignement de la spécialité mathématiques dévolue aux seuls enseignants de mathématiques, de la sensibilisation et du bon usage de l'outil mathématique qui est bien au cur de la formation de tous les élèves à travers leurs différents enseignements (tronc commun, spécialités ou options). Une note d'information du SIES de janvier 2022 souligne que les nouveaux bacheliers ont des profils plus variés qu'avant la réforme, mais plus adaptés aux formations scientifiques sélectives. La réforme du baccalauréat n'induit donc pas une diminution des profils scientifiques. Elle permet une sensibilisation de tous les lycéens à l'importance des mathématiques, de la technologie et de la science dans le cadre d'un parcours en adéquation avec leur souhait de poursuite d'études notamment celles vers les sciences et la technologie. Des travaux conduits en mars 2022 par un comité d'experts en lien avec l'ensemble des parties prenantes ont conduit à plusieurs propositions. D'ores et déjà, le CSP (conseil supérieur des programmes) a été saisi pour renforcer la place des mathématiques en classe de 1ère au sein de l'enseignement commun d'enseignement scientifique et mathématique.
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