Question de M. CARDON Rémi (Somme - SER) publiée le 16/12/2021

M. Rémi Cardon attire l'attention de Mme la ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion sur une proposition de loi en faveur de l'extension du revenu de solidarité active (RSA) dès 18 ans qui a été déposée en 2020 pour répondre au péril de notre jeunesse.

À l'époque, il avait été estimé, en dépit des difficultés conséquentes à la crise sanitaire, des situations de détresse psychologique et financière et des files continues des banques alimentaires, que notre jeunesse ne méritait pas qu'on l'accompagne davantage vers l'insertion et l'emploi.

Une année plus tard, la sensation de déjà-vu est désagréablement saisissante.

Le dispositif « garantie jeune » devait tout résoudre, il n'en a rien été.

Le contrat d'engagement est d'ores et déjà une demi-mesure : il devait bénéficier à un million de jeunes, il visera finalement 400 000 jeunes, dont 300 000 sont actuellement déjà dans le circuit de la garantie jeune et de l'accompagnement intensif des jeunes (AIF)

En attendant un sursaut de la part du ministère du travail, la jeunesse continue de souffrir : un jeune sur six a arrêté ses études, 21,8 % des jeunes de 18 à 25 ans sont au chômage, un tiers des jeunes a renoncé au moins une fois à des soins.

Il lui demande donc quand elle compte dépasser les effets d'annonce pour enfin accompagner une jeunesse plus que jamais en souffrance.
Il lui demande également quelles initiatives elle va prendre pour éviter une cinquième vague de détresse, quel plan d'aide aux banques alimentaires elle envisage et ce qu'elle compte mettre en place pour aller chercher les invisibles.

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Réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion - Insertion publiée le 26/01/2022

Réponse apportée en séance publique le 25/01/2022

M. le président. La parole est à M. Rémi Cardon, auteur de la question n° 1996, adressée à Mme la ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion.

M. Rémi Cardon. Madame la ministre, voilà déjà un an, je déposais une proposition de loi tendant à ouvrir le bénéfice du revenu de solidarité active (RSA) dès 18 ans pour répondre au péril qui menace de notre jeunesse.

À l'époque, vous aviez jugé, en dépit de l'urgence sociale, des difficultés liées à la crise sanitaire, de sa détresse financière et psychologique, des files d'attente devant les banques alimentaires, que notre jeunesse méritait mieux qu'un RSA.

Alors, madame la ministre, je vais peut-être vous surprendre, mais, sur ce point, je suis d'accord avec vous. Hélas ! le mieux est l'ennemi du bien, et vous l'avez démontré.

Vous nous avez annoncé la garantie jeunes universelle, qui pourrait être un bon dispositif si elle ne se limitait pas à 200 000 bénéficiaires.

Puis, vous avez annoncé un nouveau dispositif, le revenu d'engagement pour les jeunes, bizarrement devenu « contrat d'engagement jeune », qui devait bénéficier à 1 million des jeunes. Finalement, 400 000 en bénéficieront, dont 300 000 sont déjà attributaires de la garantie jeunes ou relèvent de l'accompagnement intensif des jeunes (AIJ).

Une année plus tard, j'ai un sentiment de déjà-vu. Un jeune sur six a arrêté ses études, 26 % des jeunes sont au chômage et un tiers d'entre eux renoncent parfois à se soigner. Sans compter que les files d'attente réapparaissent, pour notre plus grande honte.

Madame la ministre, quand comptez-vous aller au-delà des effets d'annonce et, enfin, non pas accompagner la jeunesse, mais lui porter secours, alors qu'elle est plus que jamais en souffrance ? L'urgence est là.

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Brigitte Klinkert, ministre déléguée auprès de la ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion, chargée de l'insertion. Monsieur le sénateur, vous proposez un RSA jeune ; nous, nous préférons le contrat d'engagement jeune. D'ailleurs, l'Assemblée nationale, à deux reprises au cours de cette législature, a rejeté l'idée d'un RSA jeune.

Nous croyons en effet dans la capacité de tous les jeunes à accéder à un emploi durable. L'objectif du Gouvernement, avec le contrat d'engagement jeune, est de garantir à chaque jeune une insertion professionnelle réussie.

Le constat de départ, c'est qu'en France, la période entre la fin de la scolarité et le premier emploi, en particulier pour les décrocheurs, est trop longue.

Pour changer cela, la première étape est de réussir à remettre le jeune en activité le plus vite possible, par des formations, des immersions en entreprise, des services civiques et un accompagnement soutenu. C'est pour cela que nous créons un dispositif cohérent qui allie accompagnement intensif et mise en activité, bien sûr en sécurisant financièrement le jeune lorsqu'il en a besoin.

Monsieur le sénateur, vous faites également référence aux invisibles, qui sont les plus en difficulté. Nous ne les oublions pas, au contraire : nous estimons qu'il faut mener des politiques conçues sur mesure pour eux.

Le premier défi, c'est d'aller les chercher. Pour y arriver, le service public de l'emploi ne suffit pas. Beaucoup de jeunes, en particulier les plus éloignés, ne passent plus les portes des missions locales et de Pôle emploi.

C'est pourquoi nous souhaitons nous appuyer sur les associations de lutte contre la pauvreté pour leur proposer un parcours sur mesure. Ces jeunes bénéficieront d'un accompagnement non seulement professionnel, mais aussi social. Enfin, ils pourront bénéficier chaque mois d'une allocation de 500 euros.

M. le président. La parole est à M. Rémi Cardon, pour la réplique.

M. Rémi Cardon. Madame la ministre, vous avez essayé de répondre à la question, mais vous avez oublié de revenir sur les faits, c'est-à-dire les chiffres que je vous ai indiqués. De fait, la situation n'a pas changé depuis un an, malgré vos prétendues actions.

Vous avez parlé des jeunes qui ne sont « ni en emploi, ni en études, ni en formation » (NEET). On en compte aujourd'hui 1,2 million ! Or votre dispositif s'adresse à 300 000 ou 400 000 jeunes. Qu'en est-il des autres ?

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