Question de M. REICHARDT André (Bas-Rhin - Les Républicains-A) publiée le 25/11/2021

Question posée en séance publique le 24/11/2021

M. le président. La parole est à M. André Reichardt, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. André Reichardt. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

Monsieur le ministre, la France perd pied en Afrique ! En ma qualité de président du groupe interparlementaire d'amitié France-Afrique de l'Ouest, je le constate avec beaucoup de regret : l'influence économique, politique, diplomatique ou même culturelle de notre pays ne cesse de se dégrader, au bénéfice d'autres pays qui, jusqu'à une période récente, ne se préoccupaient absolument pas de ce continent.

Jusqu'à présent, cette situation nous préoccupait. Désormais, elle nous inquiète.

Elle nous inquiète, car, progressivement, ce déclin de la France en Afrique semble changer de nature, pour se muer véritablement en un rejet, en particulier dans la zone d'intervention de Barkhane. Les rassemblements hostiles à notre pays se sont en effet multipliés ces derniers mois au Mali, au Niger, au Tchad ou, dernièrement, au Burkina Faso.

Dans ce pays, le 20 novembre dernier, il y a quatre jours, un convoi des forces françaises a été bloqué par des manifestants reprochant à la France de ne rien faire pour stopper les attaques djihadistes et allant même jusqu'à l'accuser – on peine à le croire – d'être complice des terroristes !

M. Rémy Pointereau. Eh voilà !

M. André Reichardt. Malgré le sacrifice de nos soldats, malgré les succès opérationnels décisifs remportés par nos armées sur les groupes armés djihadistes, un sentiment anti-français d'une virulence inédite se développe, attisé par tous ceux qui espèrent bénéficier, d'une manière ou d'une autre, du déclassement de notre pays dans cette région.

Dans ces conditions, je crains que, avant même d'avoir gagné la guerre, nous ne soyons confrontés au risque de perdre la paix. Une telle issue ne ferait que des perdants, africains comme européens, face à un terrorisme islamique qui ne désarme pas.

Cette dégradation de l'image de la France ne s'observe pas qu'au Sahel. Elle a également cours dans le reste de l'Afrique de l'Ouest, et même au Maghreb. Il est donc urgent d'agir pour inverser la tendance.

Monsieur le ministre, comment le Gouvernement compte-t-il s'attaquer à cette tâche, certes difficile, mais indispensable pour notre pays et pour l'Afrique ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère auprès de la ministre des armées - Mémoire et anciens combattants publiée le 25/11/2021

Réponse apportée en séance publique le 24/11/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de la mémoire et des anciens combattants.

Mme Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants. Monsieur le sénateur, vous posez une question importante concernant l'Afrique, la présence de notre pays sur ce continent et l'action qu'il y mène.

Je souhaite vous parler d'abord du convoi terrestre que vous avez évoqué. Ce convoi, qui ravitaille Barkhane, est effectivement bloqué au Burkina Faso depuis le 18 novembre. Je voudrais vous rassurer : il est actuellement stationné en sécurité, près de Ouagadougou, au sein d'une caserne de gendarmerie burkinabée. Le dialogue avec les autorités et les forces de l'ordre burkinabées est permanent. Ce convoi, d'ailleurs, n'a rien d'exceptionnel, puisque c'est le trente-deuxième que nous envoyons pour rejoindre la bande sahélo-saharienne avec les ressources nécessaires à l'opération Barkhane.

Vous le savez, le Burkina Faso est aujourd'hui dans une situation sécuritaire très fragile. L'attaque d'Inata, le 14 novembre, a créé un véritable émoi dans la population : 53 gendarmes y ont été tués… La population s'indigne et vit dans une véritable frustration, car elle est la première victime des attaques terroristes.

Nous mettons tout en œuvre pour lutter contre la désinformation. Celle-ci est bien réelle, parfois à l'instigation de forces étrangères qui veulent devenir influentes dans ces pays. Notre rôle majeur, toutefois, sera de faire en sorte que ceux-ci trouvent une stabilité politique et que leurs gouvernements regagnent la confiance de leurs populations en créant du développement ciblé, mais efficace. Ce n'est qu'à ce stade que les tensions s'apaiseront au sein de ces populations déroutées par ces attentats terroristes à répétition.

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