Question de M. LUREL Victorin (Guadeloupe - SER) publiée le 25/11/2021

Question posée en séance publique le 24/11/2021

M. le président. La parole est à M. Victorin Lurel, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

M. Victorin Lurel. Ma question, à laquelle j'associe mes collègues Victoire Jasmin, Catherine Conconne et Maurice Antiste, s'adresse à M. le ministre des outre-mer.

Depuis plusieurs jours, la Guadeloupe est littéralement sous les feux de l'actualité. Monsieur le ministre, une autre menace plane : celle de la contagion et de l'extension du domaine de la lutte – des luttes sanitaires aux combats idéologiques et politiques plus globaux.

La Martinique et la Guyane sont assises au bord d'un volcan. La Polynésie française a lancé son premier préavis de grève générale. Il suffit d'une étincelle pour déclencher un brasier en Nouvelle-Calédonie, à quelques jours du référendum.

L'année 2009 est toujours là pour nous instruire. Pourtant, j'estime que vous auriez pu mieux protéger Pointe-à-Pitre, livrée à elle-même.

À notre demande, le Premier ministre nous a longuement reçus.

Au-delà du nécessaire volet sécuritaire, pourriez-vous, monsieur le ministre, informer la représentation nationale des suites concrètes du plan d'action global, systémique et structurel annoncé, ainsi que de son calendrier à court et à moyen terme ? Face aux résistances, comment prévenir une cinquième vague et sauver des vies ?

Nos collègues Bernard Jomier, Roger Karoutchi et Jean-Michel Arnaud vous ont ici fait des propositions qui pourraient vous inspirer. (Applaudissements sur les travées du groupe SER. – M. Pierre Laurent applaudit également.)


Réponse du Ministère des outre-mer publiée le 25/11/2021

Réponse apportée en séance publique le 24/11/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre des outre-mer.

M. Sébastien Lecornu, ministre des outre-mer. Monsieur le sénateur Lurel, je tiens à commencer par rendre hommage à vos prises de position en faveur de la vaccination en Guadeloupe, car tout le monde n'a pas eu votre courage. (Applaudissements sur les travées des groupes SER, GEST, RDSE, RDPI et UC, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.) Vous l'avez fait avec un sens de l'État et un sens de la République qu'il convient de souligner dans cet hémicycle.

Je vous apporterai des réponses simples, mais claires.

La première réponse, c'est bien évidemment le retour à l'ordre public.

Le ministre de l'intérieur a annoncé voilà quelques jours des renforts importants du RAID et du GIGN. Il faut en effet dire que ceux qui cassent et s'en prennent aux forces de l'ordre, la nuit, en tirant à balles réelles n'ont rien à voir avec des manifestants ou des personnes exprimant des revendications sanitaires. La réponse pénale est en cours et pratiquement une centaine d'interpellations ont eu lieu au moment où je vous parle.

La seconde réponse, c'est bien sûr la poursuite du dialogue.

La loi de la République sur l'obligation vaccinale des soignants, votée par l'Assemblée nationale et le Sénat et validée par le Conseil constitutionnel, doit s'appliquer dans l'Hexagone, mais aussi dans les territoires d'outre-mer. Néanmoins, cette autorité de la loi ne saurait empêcher le dialogue social entre un employeur et ses employés.

C'est pourquoi Olivier Véran a décidé de mettre en place une structure afin de trouver une solution à chacune des 1 400 personnes actuellement suspendues, parce qu'elles ne sont pas en conformité avec l'obligation vaccinale.

M. Pascal Savoldelli. Il fallait réfléchir avant !

M. Sébastien Lecornu, ministre. Un chiffre : sur les 355 médecins de ville suspendus il y a quelques jours parce qu'ils n'étaient pas vaccinés, 150 viennent de se mettre en conformité en se vaccinant. Le Gouvernement vous rendra compte très prochainement de ces avancées.

Il en est de même au sein du service départemental d'incendie de secours (SDIS). Une mission a été mise en place pour aider le dialogue social entre les élus du département et les syndicats de sapeurs-pompiers.

Demain après-midi, nous réunirons l'ensemble des élus de la Guadeloupe. Il s'agira non seulement d'évoquer les mesures sanitaires, mais aussi la jeunesse, car c'est elle qui se retrouve sur les barrages. Deux ans de covid-19 sont passés par là et ont touché une jeunesse désœuvrée.

Enfin, et je vous remercie d'avoir abordé ce point dans votre question, monsieur le sénateur, l'arrivée de la cinquième vague aussi dans les territoires d'outre-mer doit nous préoccuper. Je vous annonce donc que nous allons, sans tarder, rétablir les tests avant embarquement pour les personnes vaccinées comme non vaccinées qui se rendent de l'Hexagone vers les territoires d'outre-mer.

Sur tous ces sujets, je reste à votre disposition, monsieur le sénateur. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et INDEP.)

M. le président. La parole est à M. Victorin Lurel, pour la réplique.

M. Victorin Lurel. Monsieur le ministre, je vous remercie de votre réponse, mais, pour certains qui ont d'autres desseins, les réponses, quelle que soit leur qualité, ne seront jamais suffisantes.

On ne répond pas à une crise anthropologique, j'ose dire ontologique, psychologique et existentielle, par des réponses uniquement matérielles et financières. Il faut une réponse politique.

Sans sombrer dans le largage cartiériste, la question de confiance, celle du vouloir vivre ensemble, devra tôt ou tard être posée aux élites et au peuple guadeloupéen : voulez-vous, oui ou non, rester dans l'espace français ?

Il faudra bien faire tomber les masques. (Applaudissements sur les travées du groupe SER. – M. Alain Richard applaudit également.)

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