Question de M. CIGOLOTTI Olivier (Haute-Loire - UC) publiée le 18/11/2021
Question posée en séance publique le 17/11/2021
M. le président. La parole est à M. Olivier Cigolotti, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
M. Olivier Cigolotti. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
Alors que vient de s'achever la conférence internationale de Paris sur la Libye, Saïf al-Islam Kadhafi, le fils de Mouammar Kadhafi, a présenté dimanche sa candidature à l'élection présidentielle libyenne. C'est un électrochoc pour le pays, qui ne parvient pas à se reconstruire.
La chute du régime de Mouammar Kadhafi devait ouvrir une nouvelle ère, plus démocratique et plus prospère. Dix ans après, tous les espoirs ont été déçus. La Libye n'a cessé de vivre dans le chaos, livrée aux milices souvent instrumentalisées par des puissances étrangères.
Néanmoins, depuis la signature d'un accord de cessez-le-feu le 23 octobre 2020, à l'issue de la conférence de Berlin, un processus de sortie de crise semble se dessiner. Il a été confirmé, le 15 novembre 2020, par l'adoption de la feuille de route politique libyenne à Tunis et, le 10 mars dernier, par l'approbation du Gouvernement d'unité nationale de transition.
La prochaine étape, décisive, est celle des élections présidentielle et législatives du 24 décembre prochain.
La candidature du fils de Mouammar Kadhafi peut mettre à mal le processus politique libyen. Avec des conséquences directes pour la France. Ainsi, le refroidissement de nos relations avec l'Algérie nous force à survoler la Libye pour gagner le Mali ; si ce pays s'embrase de nouveau, cela ne sera plus possible.
La stabilité de la Libye est aussi pour nous un enjeu migratoire et de sécurité, sans parler de la responsabilité de notre pays dans cet échec cuisant.
Monsieur le ministre, selon vous, le processus politique libyen est-il en danger ? Si tel est le cas, quelle sera votre action pour le conforter ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC. M. Sébastien Meurant applaudit également.)
Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 18/11/2021
Réponse apportée en séance publique le 17/11/2021
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le sénateur Cigolotti, vous avez raison de souligner qu'une fenêtre d'opportunité existe pour parvenir à une sortie de crise en Libye.
Elle s'est ouverte au moment du forum politique qui s'est tenu au mois d'octobre dernier, lorsqu'une feuille de route a été définie pour prévoir un cessez-le-feu dont on a pu constater qu'il s'appliquait.
Elle s'est confirmée, vendredi dernier, lors de la conférence internationale pour la Libye, qui a été initiée par le Président de la République et à laquelle participaient tous les acteurs, soit seize chefs d'État ainsi que des pays représentés par certains de mes homologues.
Au terme de cette conférence, qui a eu lieu en la présence conjointe du président du Conseil présidentiel libyen Al-Manfi et du Premier ministre du gouvernement provisoire Dbeibah, deux décisions majeures ont été actées. Tout d'abord, un processus électoral interviendra avant la fin de l'année et la date du 24 décembre a été annoncée ; ensuite, sur le plan sécuritaire, les forces étrangères commenceront à se retirer de part et d'autre, et un premier engagement a été pris concernant le retrait de trois cents mercenaires tchadiens à l'est du Tchad.
Tout cela est positif, après dix années marquées par des migrations irrégulières, du trafic d'êtres humains, des flux irréguliers d'armes, des ingérences étrangères ; bref, des années de désastre.
Monsieur le sénateur, vous me posez une question sur les candidatures. Il me paraît évident que c'est aux Libyens eux-mêmes de décider qui est candidat ou pas. Une haute commission électorale, neutre et indépendante est prévue pour cela. Elle a commencé à engager le processus électoral, auquel 3 millions de Libyens se sont déjà inscrits sur une population totale de près de 7 millions d'habitants, ce qui témoigne d'une attente et d'une volonté fortes. Il revient à cette haute commission de valider ou pas les candidatures, et ce n'est pas le rôle de tel ou tel ministre qui interviendrait de l'extérieur.
Vous avez cité un candidat, en particulier, mais il y en a déjà plusieurs autres, ce qui montre que le processus est dans une phase positive, même si certains veulent le retarder et l'empêcher. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à M. Olivier Cigolotti, pour la réplique.
M. Olivier Cigolotti. Merci, monsieur le ministre, de votre réponse, mais la Libye est au cur de nombreux enjeux stratégiques, notamment pour l'Europe. Durant la dernière décennie, le pays n'a pas su endiguer la violence et la guerre civile. Il est devenu, comme la Syrie, le théâtre d'une guerre par procuration et un enjeu de convoitises à la fois régionales et internationales.
Monsieur le ministre, la France doit absolument rester vigilante quant à l'évolution du processus libyen. (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées des groupes INDEP et Les Républicains.)
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