Question de M. HOULLEGATTE Jean-Michel (Manche - SER) publiée le 04/11/2021
Question posée en séance publique le 03/11/2021
M. le président. La parole est à M. Jean-Michel Houllegatte, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
M. Jean-Michel Houllegatte. Madame la ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion, la jeunesse est durement frappée par la crise, puisque 14 % des jeunes vivent actuellement sous le seuil de pauvreté.
Il s'avère que le futur contrat d'engagement jeune, présenté hier, rate totalement sa cible. En outre, alors que le Président de la République en parle depuis le mois de juillet, sa date d'entrée en vigueur, le 1er mars prochain, arrive bien tard, quoique sans doute de façon opportune électoralement
Ce contrat s'adresse seulement à 400 000 jeunes sans emploi ni formation ; il met donc de côté 600 000 d'entre eux, auxquels s'ajoutent les étudiants qui connaissent de grandes difficultés. Il exclut aussi les jeunes qui enchaînent les contrats courts sous-payés et tourne ainsi le dos à cette jeunesse précaire qui a la volonté de s'en sortir, mais qui subit la crise.
En trois mois, l'enveloppe a fondu ; le nombre de bénéficiaires, quant à lui, a été divisé par deux et même par dix ; c'est la révélation du jour ! En effet, si l'on exclut les jeunes déjà pris en charge par les dispositifs existants, seuls 100 000 nouveaux entrants seraient en fait concernés. Les logiques budgétaires ont repris le dessus !
Alors, madame la ministre, outre l'effet d'annonce, quel sera le nombre réel de nouveaux entrants ?
Pouvez-vous nous confirmer que les dispositifs actuels comme la garantie jeunes et l'accompagnement renforcé, qui accueillent 300 000 jeunes, n'ont pas vocation à être pérennisés, mais qu'ils vont se fondre dans le nouveau dispositif, ce qui impliquerait la création de seulement 100 000 nouvelles places ?
Enfin, quels moyens en formation et en accompagnement seront offerts aux missions locales ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
Réponse du Ministère du travail, de l'emploi et de l'insertion publiée le 04/11/2021
Réponse apportée en séance publique le 03/11/2021
M. le président. La parole est à Mme la ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion.
Mme Élisabeth Borne, ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion. Monsieur le sénateur Jean-Michel Houllegatte, je ne suis pas sûre, voyez-vous, que l'on progresse beaucoup au service de l'insertion professionnelle des jeunes en s'envoyant des chiffres à la figure ! (Exclamations sur les travées des groupes SER et CRCE.)
Ce que je peux vous dire, monsieur le sénateur, c'est qu'il y a 1 million de jeunes dans notre pays qui ne sont ni en emploi ni en formation. Pas plus que vous je ne m'en satisfais. Or, parmi ces jeunes, il y en a 500 000 qui sont durablement dans cette situation. Eh bien, c'est à ces jeunes qui, malgré une reprise économique très dynamique, avec des entreprises qui cherchent à recruter, ne parviendront pas tous seuls à trouver un emploi que nous nous adressons. Il y a là 500 000 jeunes durablement éloignés de l'emploi auxquels nous voulons apporter des réponses.
Ces réponses, à l'évidence, capitalisent sur ce que nous faisons depuis plus d'un an, avec notamment le plan « 1 jeune, 1 solution », dont je rappelle qu'il a permis à plus de 3 millions de jeunes de trouver un emploi, une formation, un apprentissage ou un accompagnement.
Mme Cécile Cukierman. Tiens, un chiffre !
Mme Élisabeth Borne, ministre. Elles capitalisent sur les réussites de ce plan, mais aussi sur les forces de la garantie jeunes. Pour ma part, je voudrais rendre hommage aux missions locales, qui font un travail formidable en faveur de l'insertion des jeunes. C'est pourquoi nous associons tous ces acteurs au contrat d'engagement jeune que nous proposons.
Que voulons-nous accomplir avec ce contrat ? Nous voulons, je l'ai dit, capitaliser sur les forces de la garantie jeunes, qui offre notamment un accompagnement intensif pendant les quatre ou six premières semaines. Mais nous voulons que cette intensité soit la même tout au long de l'accompagnement des jeunes, du premier au dernier jour, pour maximiser leurs chances de retour à l'emploi.
Nous voulons aussi multiplier la possibilité pour les jeunes de trouver une réponse sur le territoire. Il convient donc que ce contrat soit proposé non seulement par les missions locales, mais aussi par Pôle emploi et par les associations de lutte contre la pauvreté, avec lesquelles nous travaillons.
Les moyens seront là : nous venons de déposer un amendement au projet de loi de finances pour 2022, dont l'objet est de porter à 2,6 milliards d'euros les moyens qui seront consacrés l'année prochaine au contrat d'engagement jeune. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à M. Jean-Michel Houllegatte, pour la réplique.
M. Jean-Michel Houllegatte. Madame la ministre, je comprends votre malaise (Mme la ministre se récrie.) : il y a eu des effets d'annonce, mais en 24 heures on a divisé le nombre de bénéficiaires par deux !
La jeunesse de France est un investissement d'avenir. Elle a besoin qu'on lui fasse confiance et qu'on ne la suspecte pas de se complaire dans un assistanat.
Notre jeunesse est généreuse, elle s'implique dans de nombreux combats : pour le climat, contre les discriminations, ou encore pour l'égalité hommes-femmes.
Pour répondre à cette précarité subie, il ne suffit pas de poster des vidéos en tee-shirt noir sur les réseaux sociaux ; il faut bien faire confiance à la jeunesse !
M. le président. Il faut conclure !
M. Jean-Michel Houllegatte. C'est le sens, notamment, de la proposition de loi relative aux droits nouveaux dès dix-huit ans, de Rémi Cardon et Monique Lubin, qui vise à créer un minimum jeunesse. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
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