Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UC) publiée le 07/10/2021

M. Yves Détraigne souhaite appeler l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur la situation humanitaire au Liban.

Depuis deux ans, une crise économique aggravée par la spirale de l'hyperinflation plonge ce pays dans une série de pénuries que les habitants subissent de plein fouet. 78 % des Libanais vivent désormais sous le seuil de pauvreté, à la suite de ce que l'organisation mondiale de la santé (OMS) tient pour l'effondrement le plus brutal d'un pays depuis 1850.

Alors que la monnaie a perdu plus de dix fois sa valeur et que les pénuries d'électricité et de carburant se multiplient, la rentrée scolaire, qui devait avoir lieu lundi 27 septembre 2021, a été reportée au dernier moment. La décision a été prise le dimanche en début de soirée par le ministère de l'éducation, en constatant que les parents étaient incapables de payer la scolarité et les fournitures, les écoles n'ayant pas de budget et les enseignants, désarmés, prévoyaient une grève.

La classe moyenne disparaît véritablement du pays. 40 % des médecins, par exemple, sont déjà partis en deux ans. Et cet exode est aussi devenu la priorité de Libanais beaucoup plus modestes, même si c'est plus difficile.

Pour beaucoup d'observateurs, la situation est aussi désastreuse sur le plan psychique qu'au pire moment de la guerre civile. Au quotidien, la tension est palpable. Des bagarres éclatent pour un rien et tournent parfois à l'échange de tirs ou prennent une tournure confessionnelle. Mais il y a aussi des Libanais épuisés, qui n'ont même plus la force de se révolter.

Considérant que la France et le Liban ont une histoire commune singulière et que notre pays se doit, comme il l'a toujours été, d'être à ses côtés, il lui demande de quelle manière le Gouvernement entend apporter son aide au Liban et aux Libanais.

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 23/12/2021

La détérioration continue de la situation économique, sociale et humanitaire du Liban est alarmante. La population libanaise subit de plein fouet les conséquences d'une crise multiforme dont elle n'est pas responsable. La France est, pour sa part, au rendez-vous de ses engagements avec le Liban. Plus de 85 millions d'euros ont été engagés par la France en soutien direct de la population libanaise au cours de l'année 2020 ; plus de 100 millions d'euros vont l'être au cours de l'année à venir, comme le Président de la République l'a annoncé le 4 août dernier. Dans les quatre domaines prioritaires que nous avons identifiés, la France tient ses engagements : en matière de reconstruction et de préservation du patrimoine ; d'accès à l'alimentation ; de soutien au secteur médical et sanitaire ; de soutien aux écoles et au secteur éducatif. L'action de la France s'inscrit également dans le cadre plus large d'une mobilisation collective pour venir en aide aux Libanais. Le Président de la République a réuni la communauté internationale à trois reprises avec les Nations unies : le 9 août et le 2 décembre 2020, puis le 4 août 2021. Le montant total des annonces formulées à l'occasion de cette troisième conférence a dépassé 370 millions de dollars pour l'année à venir, dont 100 millions d'euros pour la France. Nous continuons en parallèle de réaffirmer nos exigences et nos attentes vis-à-vis des autorités libanaises, y compris du gouvernement qui a été formé le 10 septembre autour du Président du Conseil Najib Mikati. Ces attentes sont également celles de la population libanaise et de la communauté internationale : la mise en place, sans délai, des réformes indispensables pour rétablir les conditions de vie des Libanais et commencer à sortir le pays de la crise. La France attend également que les élections prévues en 2022 puissent se tenir dans la transparence : les Libanais doivent pouvoir exprimer leurs aspirations en confiance, dans le cadre d'un processus démocratique.

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