Question de Mme LUBIN Monique (Landes - SER) publiée le 14/10/2021

Question posée en séance publique le 13/10/2021

M. le président. La parole est à Mme Monique Lubin, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Monique Lubin. Ma question s'adresse à Mme la ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion.

Madame la ministre, en janvier 2021, vous n'avez pas voulu de notre proposition de loi ouvrant le RSA aux jeunes de moins de 25 ans.

Alors que 22 % des jeunes font partie de ceux que l'on qualifie de « pauvres », je tiens à rappeler, comme notre collègue Pascal Savoldelli vient de le faire, que le Président de la République avait annoncé la création d'un revenu d'engagement destiné aux jeunes de moins de 25 ans les plus en difficulté, dont le nombre est estimé à 1,2 million. Cette mesure, qui se voulait forte, s'est transformée en une éventuelle demi-mesure, qui aurait pu concerner 500 000 jeunes ; maintenant, il se murmure même qu'il n'y aurait rien d'ici à la fin de cette mandature. Il semble d'ailleurs, madame la ministre, que vous veniez de le confirmer.

Pourtant, la crise sanitaire a révélé au grand jour la situation extrêmement fragile dans laquelle de très nombreux jeunes se trouvent. Et que l'on ne vienne pas nous dire qu'ils n'ont qu'à travailler et que, pour ce faire, ils n'ont qu'à traverser la rue ! Ceux qui ont franchi pour la première fois les portes des associations caritatives pendant l'épidémie de covid-19 étaient justement ceux qui travaillaient pour subvenir à leurs besoins quotidiens.

Dans cette tranche d'âge des 18-25 ans, les situations sont très diverses : des jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation – NEET, selon l'acronyme anglais – aux étudiants pauvres, en passant par ceux qui n'osent pas élargir leurs horizons, ceux qui ne vivent plus chez leurs parents pour différentes raisons, ceux qui vivent de petits boulots et tant d'autres encore. Ils sont tous différents, mais ils ont un point commun : parce qu'ils ont moins de 25 ans, ce pays, qui fait d'eux des citoyens dès l'âge de 18 ans, ne leur donne pas droit au revenu minimum de subsistance, qui leur permettrait justement de démarrer dans la vie.

Je sais bien que l'on me répondra, ici ou là, que c'est aux parents d'assumer, ou que ces jeunes n'ont qu'à faire comme leurs anciens, qu'à se débrouiller. Mais que deviendront ceux dont les parents ne peuvent pas assumer le soutien financier sur une durée aussi longue, que deviendront ceux qui n'ont ni les clés ni les réseaux nécessaires pour s'en sortir seuls ?

Madame la ministre, quand donnerez-vous une majorité sociale aux jeunes de ce pays ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER, ainsi que sur des travées des groupes CRCE et GEST.)


Réponse du Ministère du travail, de l'emploi et de l'insertion publiée le 14/10/2021

Réponse apportée en séance publique le 13/10/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion.

Mme Élisabeth Borne, ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion. Madame la sénatrice Monique Lubin, je vous le confirme : notre volonté est bien de permettre à chaque jeune d'accéder à l'emploi. En effet, nous pensons que les jeunes peuvent attendre de nous mieux et plus qu'une allocation.

C'est là toute la philosophie du plan « 1 jeune, 1 solution », qui a pleinement atteint ses objectifs. Cet investissement, dont je rappelle qu'il est de plus de 9 milliards d'euros, porte ses fruits : le nombre d'embauches est resté au niveau d'avant-crise ; le taux de chômage des jeunes y est revenu. Je voudrais insister sur ce point : certes, il peut sembler banal d'être déjà revenu au niveau d'avant-crise, mais après la crise de 2008-2009 le chômage des jeunes avait augmenté de plus de 30 % !

Si la reprise économique offre de nombreuses occasions d'embauche, je suis néanmoins parfaitement consciente que certains jeunes ne pourront pas accéder à l'emploi sans un accompagnement renforcé. On constate en effet que près d'un jeune sur deux qui est sans emploi ni formation l'est depuis plus d'un an, alors qu'une majorité d'entre eux souhaite effectivement accéder à l'emploi.

Comme le Président de la République nous l'a demandé, nous devons faire plus pour ces jeunes. Cela suppose d'aller chercher ceux qui ne vont pas vers les missions locales, mais aussi d'améliorer les parcours d'accompagnement de ces jeunes, pour leur redonner confiance et leur permettre de choisir un métier, puis d'accéder à une formation et, in fine, à un emploi.

La logique que je défends s'inspire de la garantie jeunes : elle comprend un accompagnement personnalisé mobilisant toutes les solutions qui ont fait leurs preuves dans le cadre du plan « 1 jeune, 1 solution » et assorti d'une allocation pour ceux qui en ont besoin.

Madame la sénatrice, je vous le confirme donc : les travaux sont en cours de finalisation et je ne doute pas que nous pourrons compter sur votre soutien pour les moyens supplémentaires qui vous seront présentés dans le cadre du projet de loi de finances pour 2022. Je le redis : comme nous le faisons depuis le début de la crise avec le plan « 1 jeune, 1 solution », nous voulons permettre à tous les jeunes, y compris à ceux qui ont le plus de difficultés, d'accéder à un emploi. (M. François Patriat applaudit.)

M. le président. La parole est à Mme Monique Lubin, pour la réplique.

Mme Monique Lubin. Madame la ministre, ce n'est pas à cet hémicycle que vous allez expliquer ce qu'est la garantie jeunes : nous la connaissons parfaitement ! De fait, nous ne parlons pas de la même chose : pour ma part, je vous invite à mettre en œuvre un revenu minimum de subsistance pour tous les jeunes, de manière à aider à entrer dans la vie active ceux d'entre eux dont les parents n'ont pas les moyens de les soutenir. (Applaudissements sur les travées du groupe SER, ainsi que sur des travées des groupes CRCE et GEST.)

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