Question de M. BONHOMME François (Tarn-et-Garonne - Les Républicains-A) publiée le 23/09/2021
M. François Bonhomme attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance sur les conséquences des exportations massives de nos bois, plus particulièrement de chêne mais aussi de pin maritime et douglas ; l'ensemble des essences va être concerné à terme.
Actuellement un tiers de chênes français partent pour la Chine, privant les scieries françaises d'une partie de la récolte qui leur est nécessaire : alors que les besoins sont de 1,7 million de m3, il ne reste que 1,3 million de m3 disponibles après les 600 000 exportés.
Les scieries nationales vont donc devoir chômer un jour sur 4 ou brider leur production à 75 % de leur capacité. 90 % des scieries de chêne manquent d'approvisionnement dans toutes les qualités.
Les professionnels soulignent par ailleurs l'impact écologique de cette situation. En effet, pendant le transport, le chêne perd la totalité du carbone stocké pendant sa croissance, détruisant ainsi tout le travail sylvicole de plusieurs générations de forestiers.
Les menuisiers, artisans, constructeurs, fabricants de parquets, acteurs majeurs de la santé de notre économie, sont inquiets pour leur avenir face à des indicateurs qui font craindre une évolution très défavorable de la situation.
En effet, l'embargo sur l'exportation des grumes et sciages frais décidé par la Russie et l'interdiction de la Chine de récolter ses propres chênes vont occasionner immanquablement une progression exponentielle des exportations françaises si des mesures urgentes ne sont pas mises en place.
Certains pays commencent à constituer des réserves stratégiques.
Les menuisiers, artisans, constructeurs, fabricants de parquets sont en demande d'une mise en sécurité urgente de leurs approvisionnements. L'enjeu vise désormais toute la filière et ses objectifs de neutralité carbone.
Il lui demande quelles mesures il entend prendre pour sauvegarder la filière bois.
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Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la relance publiée le 27/01/2022
Le Président de la République a rappelé l'importance de la filière bois lors de la présentation de France 2030. La filière bois porte des ambitions fortes en matière d'économie circulaire, de décarbonation de l'industrie, de stockage du carbone et de création d'emplois. Aussi, le Gouvernement est extrêmement attentif à ce que cette demande internationale ne conduise pas à des exportations de grumes vers des pays tiers au détriment des besoins de la filière et des emplois en France. Une partie de la balance commerciale négative de la filière bois résulte du décalage entre l'offre et la demande, tant en termes de qualité que de prix. Pour répondre à ces enjeux, la filière doit s'engager dans un processus de modernisation de ses outils industriels et de développement de sa compétitivité. C'est pour accompagner cette urgente évolution que le Gouvernement soutient activement la filière et le développement de la 1ère et 2nde transformation des produits bois. À ce titre l'abondement de 100 M décidé cet été par le Gouvernement dans le cadre du Plan de Relance constitue une marque de soutien fort. Il s'ajoute aux 200 M déjà consacrés à la relance de la filière : 150 M pour le renouvellement forestier en amont et 50 M pour la modernisation des industries de transformation du bois en aval. D'ores et déjà, l'appel à projet France relance bois doté de 16,7 M clos en mars dernier a permis de soutenir une cinquantaine de projets et actuellement les industriel peuvent candidater à l'appel à projet « industrialisation de produits et systèmes constructifs bois et autres biosourcés » ouvert depuis juillet. Cet appel à projet, opéré par l'Agence de la transition écologique (ADEME), permettra d'accompagner le déploiement des projets industriels de transformation du bois et d'accélérer la modernisation des outils de production des scieries françaises. Enfin, un appel à projet visant à soutenir la mixité des matériaux pour la construction bas carbone sera également lancé à l'automne prochain. De manière complémentaire, pour assurer l'avenir à long terme de la filière, le Premier ministre a demandé au ministre de l'agriculture et de l'alimentation, à la scrétaire d'État auprès de la ministre de la transition écologique, chargée de la biodiversité et à la ministre déléguée chargée de l'industrie d'organiser à l'automne 2021 des Assises de la forêt et du bois. Elles seront un espace de dialogue, décliné dans les territoires, qui permettra de partager les enjeux du patrimoine forestier, pour faire prospérer collectivement cette richesse. Enfin, le Premier ministre a demandé à l'office national des forêts de développer au maximum les contrats d'approvisionnement avec les scieries françaises pour éviter que la production de bois des forêts domaniales ne soit vendue aux enchères, s'exposant ainsi à l'action de traders qui exportent hors d'Europe. Le niveau d'action européen est aussi indispensable pour garantir l'avenir de la filière bois. Les autorités françaises ont de longue date appelé l'attention de la Commission sur le développement de la filière forêt-bois et sa résilience, ainsi que sur la nécessité de prendre des mesures au niveau de l'Union européenne pour réponse aux tensions observées sur le marché international du bois. Tout récemment encore, pour résorber ces tensions d'approvisionnement, le Gouvernement français a saisi la Commission européenne en lui demandant de prendre des mesures de sauvegarde au titre de la compétence commerciale et éviter ainsi l'emploi sous-optimal des ressources forestières européennes. L'implication de l'État au profit de la filière bois est pleine et entière. .
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