Question de Mme BILLON Annick (Vendée - UC) publiée le 02/09/2021

Mme Annick Billon attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères au sujet de la situation des femmes en Afghanistan après l'effondrement du pays aux mains des Talibans.
Depuis le 15 août dernier et la chute de la capitale afghane, les craintes sont grandes de voir resurgir un régime totalitaire islamiste et l'application stricte de la charia.
Avant la première prise de pouvoir par les Talibans en 1996, cette période avait été synonyme d'avancées sociales, source d'émancipation professionnelle et d'accès aux libertés publiques.
Mais les conditions dans lesquelles les Talibans ont exercé le pouvoir durant la période comprise entre 1996 et 2001 auront été des heures sombres de l'histoire du pays. Les femmes et les filles étaient les premières victimes. Elles étaient privées d'un grand nombre de droits fondamentaux, notamment les droits à l'éducation, à la santé, à la liberté de mouvement, et à la participation politique et sociale.
Depuis 2001, le pays avait su se reconstruire en rétablissant des droits pour les femmes, en leur permettant notamment d'accéder à des postes politiques et d'accéder à l'éducation. Tous ces efforts réalisés jusqu'à la chute de l'Afghanistan à la mi-août dernier sont donc aujourd'hui oubliés. De nombreuses citoyennes deviennent ainsi vulnérables, à la portée d'opinions asservissantes, et de pratiques barbares.
La main tendue des puissances étrangères sera précieuse. L'Union Européenne à travers la voix de Mme la présidente de la Commission européenne, exhorte les États membres à accueillir des réfugiés afghans. Il en va de la solidarité internationale. La France est déjà au rendez-vous. Plus de 2 000 réfugiés sont arrivés sur notre sol ces derniers jours. Il faudra rester attentifs au sort des jeunes filles et des femmes afghanes qui ont déjà subi la misère la plus absolue par le passé. Nous nous devons de les protéger de l'obscurantisme et de la barbarie.
Une « diplomatie féministe » forte doit donc voir le jour. La France et l'Union Européenne se doivent d'être les garantes du respect des droits et libertés de ces femmes.
Notre pays doit tenir son rang de pays d'accueil ; aussi, elle lui demande quels seront les moyens mis en œuvre par le Gouvernement dans le ciblage des populations vulnérables de femmes, afin de les accueillir dans les meilleurs délais sur notre sol.

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Transmise au Ministère de l'Europe et des affaires étrangères


Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 30/06/2022

La France suit avec une grande attention la situation des droits humains et des libertés fondamentales en Afghanistan, et tout particulièrement les droits des femmes, qui sont la cible de graves atteintes depuis la prise de Kaboul par les Talibans. Après avoir anticipé le rapatriement des Afghanes et Afghans ayant travaillé dans ses emprises, la France a mené, dès le 15 août 2021, des opérations d'évacuation d'urgence qui ont permis d'évacuer 2 635 ressortissants afghans menacés, dont près d'un tiers étaient des femmes, ciblées en raison de leur lien avec notre pays et/ou de leur engagement (magistrates, journalistes, artistes, militantes). Au total, entre mai et décembre 2021, plus de 3 600 ressortissants afghans ont été évacués, dont un grand nombre de femmes et de filles. Lorsqu'elles entrent sur le territoire national, les Afghanes évacuées bénéficient d'un traitement rapide et ont le droit de déposer une demande d'asile ou de réunification familiale. Dans le cadre de cette procédure, et comme tous les demandeurs d'asile, les femmes afghanes se voient proposer une solution d'hébergement, un accompagnement médical et psychologique ainsi qu'une aide financière, laquelle varie selon le nombre de personnes constituant leur foyer. À l'issue d'une période de six mois, elles peuvent avoir accès au marché du travail. Les mineures afghanes ont, quant à elles, accès à l'éducation dès leur arrivée sur le territoire français. À ce jour, le départ d'Afghanistan demeure subordonné à l'autorisation des autorités de fait talibanes qui se montrent très strictes, en dépit des assurances qu'elles ont données à la communauté internationale. Nous continuons à porter des messages en faveur du respect des droits humains, et tout particulièrement des droits des femmes. Sur initiative de la France, ces exigences figurent parmi les conditions de la résolution 2593 du Conseil de sécurité des Nations unies, que nous n'avons de cesse de rappeler. C'est dans ce contexte que nous avons condamné avec la plus grande fermeté, aux côtés de l'Union européenne, la récente décision des Talibans d'interdire l'accès à l'école secondaire aux filles afghanes. Le 31 mars 2022, la France a annoncé une contribution de 23,5 millions d'euros en soutien à la population afghane, qui vient s'ajouter aux 100 millions d'euros d'aide humanitaire d'ores et déjà fournis en 2021 pour venir en aide aux Afghanes et aux Afghans.

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