Question de M. TABAROT Philippe (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 23/09/2021
Question posée en séance publique le 22/09/2021
M. le président. La parole est à M. Philippe Tabarot, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Philippe Tabarot. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre, et j'y associe nos collègues Valérie Boyer et Roger Karoutchi.
Monsieur le Premier ministre, nous avons réclamé ici, au Sénat, des gestes pour les pieds-noirs, les harkis, les anciens combattants, notamment lors des différentes lois de finances : augmentation des crédits en faveur du monde combattant ; proposition de versements exceptionnels pour les rapatriés. Votre majorité a rejeté systématiquement nos propositions.
Soudainement, peut-être je dis bien peut-être
à quelques mois des élections, le souvenir rejaillit opportunément à l'Élysée : le président Macron demande pardon aux harkis au nom de l'État avec une nouvelle loi de réparation.
Oui, monsieur le Président de la République, les harkis méritent que leur souffrance soit reconnue. Ils se sont battus pour la France et la France les a abandonnés.
Certes, le « en même temps » est votre marque de fabrique, mais ce « en même temps mémoriel » est particulièrement malvenu.
Monsieur le Premier ministre, mes questions sont claires.
Comment peut-on accuser, comme Emmanuel Macron l'a fait en Algérie, en février 2017, les Français de crimes contre l'humanité et reconnaître en même temps les souffrances de leurs fidèles soutiens ?
Comment peut-on aller se recueillir devant le monument des martyrs du FLN à Alger et, en même temps, ne jamais se rendre sur les charniers de pieds-noirs et d'harkis, près du Petit-Lac à Oran, qui datent de cette funeste journée du 5 juillet 1962 ? (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)
Mme Valérie Boyer. Bravo !
M. Philippe Tabarot. Comment s'apprêter à célébrer en grande pompe le soixantième anniversaire des accords d'Évian, alors que cette date marque une défaite pour la France et le début d'un « permis de tuer » ces mêmes harkis que vous prétendez aujourd'hui mettre à l'honneur de l'histoire de France ?
Monsieur le Premier ministre, pouvez-vous donc prendre l'engagement qu'aucun membre de votre gouvernement ne participera aux cérémonies du 19 mars prochain, pour être enfin cohérent avec vos discours ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. M. Jean-Michel Arnaud applaudit également.)
Réponse du Ministère auprès de la ministre des armées - Mémoire et anciens combattants publiée le 23/09/2021
Réponse apportée en séance publique le 22/09/2021
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de la mémoire et des anciens combattants.
Mme Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants. Monsieur le sénateur Tabarot, vous l'avez dit avec vos mots, le conflit d'Algérie
Mme Éliane Assassi et M. Patrick Kanner. La guerre !
Mme Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée. est un conflit complexe, à la mémoire complexe, ou, plutôt, qui a fait apparaître des mémoires multiples et souvent rivales.
L'objectif du Président de la République, et l'objectif que je me suis assigné pendant un peu plus de quatre ans dans ce ministère, est justement de faire en sorte que ces mémoires se parlent, qu'elles soient toutes respectées et qu'elles se respectent entre elles.
C'est un objectif ambitieux, et le chemin est difficile, mais je souhaite véritablement, tout comme le Président de la République, que le soixantième anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie je sais que vous allez me dire que ce n'est pas la fin ! soit l'occasion d'honorer toutes ces mémoires, et je dis bien toutes : la mémoire des anciens combattants, la mémoire des harkis, la mémoire des rapatriés.
À ce sujet, des actions particulièrement intéressantes sont menées par l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre, avec des anciens qui viennent devant des jeunes : en même temps (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.), des anciens harkis, des anciens du FLN, des anciens rapatriés viennent prendre la parole devant ces jeunes générations. C'est à cela qu'il faut que nous arrivions.
Mesdames, messieurs les sénateurs, je suis fière d'avoir porté de très nombreuses actions dans ce gouvernement pour les anciens combattants, pour les harkis et pour les rapatriés. Nous en ferons le bilan lorsque nous discuterons du projet de loi sur les harkis annoncé par le Président de la République. Ce débat devra être apaisé, respectueux et digne. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
Mme Valérie Boyer. C'est vous qui n'êtes pas digne avec le « en même temps » !
M. le président. La parole est à M. Philippe Tabarot, pour la réplique.
M. Philippe Tabarot. Pour nous, chère madame, le devoir de mémoire n'est pas à la carte, au gré des échéances électorales. Voilà tout simplement ce que je voulais vous dire. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. Protestations sur les travées du groupe RDPI.)
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