Question de Mme CONCONNE Catherine (Martinique - SER) publiée le 10/09/2021

Question posée en séance publique le 09/09/2021

M. le président. La parole est à Mme Catherine Conconne, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Catherine Conconne. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre. Je préfère le préciser d'emblée : je vais parler de la Martinique. Cela m'épargnera peut-être le sort de mon collègue Lurel, qui s'est entendu répondre sur la Guyane, alors qu'il parlait de la Guadeloupe ! (Sourires sur les travées des groupes SER et CRCE.)

Alors que la quatrième vague de contaminations du covid-19 affecte douloureusement la Martinique et que des mesures de confinement sont prises légitimement pour protéger nos populations en limitant l'accès à l'île, il faut dès à présent penser à demain et préparer les conditions d'une reprise de l'économie qui, seule, pourra empêcher la crise sociale de succéder à la crise sanitaire.

Aussi, je veux vous parler du tourisme, un secteur stratégique en plein essor aux Antilles, qui s'enfonce depuis mars 2020 dans une impasse, pris en tenaille entre la nécessité de maintenir des investissements indispensables à la poursuite de l'activité et l'absence durable de clientèle, sans aucune perspective d'amélioration à moyen terme.

Vous avez annoncé le prolongement des dispositifs d'aide économique, comme le fonds de solidarité pour l'outre-mer. C'est une bonne chose, mais les conditions d'éligibilité font qu'un trop grand nombre d'entreprises ne peuvent y accéder. Il en va de même des dispositifs d'aide à la prise en charge des coûts fixes dans l'hôtellerie et la restauration, qui excluent les entreprises dont le chiffre d'affaires est inférieur à un million d'euros – soit une très large partie de nos entreprises.

Le ministre des outre-mer a récemment indiqué que le plan de reconquête et de transformation du tourisme, en cours d'élaboration à l'échelon national, prendrait en considération les spécificités des territoires d'outre-mer. Je m'en réjouis, mais de quelle façon, et avec quels interlocuteurs ? Trop souvent, ces plans sont rédigés sans une concertation suffisamment large, sans contact direct avec la réalité.

Il nous faut des mesures adaptées à chaque territoire : le tourisme n'est pas de la même nature en Martinique, en Guyane ou à La Réunion ; les acteurs n'ont pas les mêmes stratégies ni les mêmes besoins.

Je demande une concertation étroite avec les professionnels de chaque territoire d'outre-mer, un changement de logique – tout partirait du terrain – et un plan de relance du tourisme qui nous permettrait d'attirer les investisseurs dont nous avons besoin, de rénover nos hôtels, de monter en gamme et de diversifier notre offre touristique.

Beaucoup de nos entreprises du secteur sont au bord du gouffre, ne les laissons pas tomber !


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du tourisme, des Français de l'étranger et de la francophonie publiée le 10/09/2021

Réponse apportée en séance publique le 09/09/2021

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé du tourisme, des Français de l'étranger et de la francophonie.

M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du tourisme, des Français de l'étranger et de la francophonie. Madame la sénatrice, le tourisme, outre-mer depuis le début et en métropole à certaines périodes, a été particulièrement touché par les conséquences de la crise sanitaire.

Depuis le début de la pandémie, le Président de la République a tenu à faire de ce secteur l'une des priorités nationales : 37 milliards d'euros ont été déployés en soutien via diverses mesures d'aide et de soutien.

Concernant la Martinique, Sébastien Lecornu, Alain Griset et moi-même avons pris des dispositions dès cet été, lors du pic de contaminations, afin d'adapter les dispositifs. Ce fut le cas du fonds de solidarité renforcé et de l'activité partielle, qui reste à charge zéro, alors que le dispositif évolue en métropole.

Bien entendu, nous sommes attentifs à tous les trous dans la raquette qui pourraient être signalés. Nous entretenons d'ailleurs un dialogue avec les acteurs du tourisme au sein du comité de filière tourisme et avec le président de la Fédération des entreprises d'outre-mer, la Fedom.

Nous veillerons à ce que les territoires d'outre-mer, singulièrement la Martinique, soient totalement parties prenantes du plan de reconquête annoncé par le Président de la République à Saint-Cirq-Lapopie.

Alain Griset et moi-même avons déjà engagé les travaux pratiques ; nous avons interrogé les acteurs concernés par voie écrite.

Toutefois, le terrain reste notre méthode privilégiée. C'est pourquoi nous avons consulté les acteurs du tourisme littoral au mois de juillet dernier et nous étions aux côtés des acteurs du tourisme rural dans l'Allier voilà quelques jours. Lorsque la situation le permettra, nous irons à la rencontre des acteurs du tourisme ultramarin, notamment antillais, afin de réfléchir avec eux aux mesures les plus à même de faire rebondir le secteur.

Le tourisme ultramarin est une pépite non seulement pour l'économie locale, mais aussi pour la destination France. Soyez assurée, madame la sénatrice, de notre entière détermination. (M. Alain Richard applaudit.)

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