Question de M. ROJOUAN Bruno (Allier - Les Républicains-R) publiée le 01/07/2021
M. Bruno Rojouan attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports sur les difficultés de maîtrise des langues étrangères des Français et sur le manque d'exposition à ces langues à la télévision.
Le retard des Français dans la maîtrise des langues étrangères est pointé depuis de nombreuses années déjà. Le pays se place dans les derniers rangs des États européens qui se sont soumis aux tests de Surveylang l'étude européenne sur les compétences langagières et linguistiques commandée par la Commission européenne en 2011, confirmée par de nombreuses études ultérieures loin derrière les pays de tête, d'Europe du Nord tels que la Suède ou la Finlande ou d'Europe centrale et orientale. En anglais, la France est le pays d'Europe où les élèves rencontrent le plus de difficultés : 23 % des élèves atteignent le niveau espéré à la fin du collège, tandis que la moyenne des pays européens se situe à 41 %. A la fin du collège, le test montre que 75 % des élèves ne sont pas capables de produire une langue anglaise globalement correcte, 73 % en espagnol et 62 % en allemand.
Dans un monde de plus en plus numérisé et dans lequel une grande partie des enfants passent davantage de temps devant les écrans plutôt que dans les livres, il serait opportun de mettre à profit le temps passé devant la télévision.
Comme l'a précisé M. le ministre de l'éducation nationale lui-même lors d'une interview sur BFM TV en septembre 2018 : « si en Scandinavie, ils sont si bons en anglais, c'est parce qu'ils regardent des films en version originale (VO) ». En effet, dans de nombreux pays se situant en tête des populations maîtrisant le mieux les langues étrangères, on retrouve un facteur commun : l'absence de doublage des programmes télévisés et des films au cinéma. Si les raisons de cette absence de doublage sont économiques et nous intéressent peu, ce sont les conséquences qui sont intéressantes. Les jeunes enfants sont exposés, dès leur plus jeune âge, à l'écoute des langues étrangères, surtout l'anglais, la majorité des programmes, y compris les dessins animés, étant diffusée en langue originale sous-titrée.
En France, au contraire, on observe un doublage systématique même lorsqu'il n'est pas nécessaire. Par exemple, à la télévision, lorsqu'une interview est conduite, dans le cadre d'un journal d'information ou d'un reportage, elle est systématiquement doublée en français, empêchant les téléspectateurs d'entendre la version sonore originale alors que des sous-titres suffiraient amplement. Ceci est symptomatique d'un manque d'exposition général aux langues étrangères à la télévision.
Si la manque de maîtrise ne vient pas uniquement de ce fait, il est certain qu'il est intéressant d'exposer les enfants, dès leur plus jeune âge, aux langues étrangères à travers les dessins animés puis plus tard à travers les films à la télévision et au cinéma. Bien que France Télévision propose depuis 2013 de regarder des films dans leur version originale, cette possibilité n'est que trop peu utilisée et devrait être en partie imposée.
De plus, les sous-titres ont eux aussi leurs vertus. Ils améliorent la vitesse de lecture ainsi que l'orthographe puisqu'à défaut de lire régulièrement, les enfants visualisent ainsi l'orthographe de nombreux mots.
À ce sujet, de nombreux Français n'ont pas accès aux films en VO sous-titrée. En dehors des grandes métropoles, les cinémas des territoires ruraux ne passent pas systématiquement, voire jamais, les films dans leur langue originale. Il pourrait être intéressant d'en imposer une certaine proportion de diffusion, en partenariat avec le centre national de la cinématographie (CNC).
Aussi, il souhaite savoir si le Gouvernement compte prendre des mesures afin d'exposer davantage les Français aux langues étrangères à travers la télévision voire au cinéma, à l'instar de nombreux autres pays, afin d'améliorer la maîtrise de ces langues.
- page 4039
Transmise au Ministère de la culture
La question est caduque
Page mise à jour le