Question de Mme APOURCEAU-POLY Cathy (Pas-de-Calais - CRCE) publiée le 29/07/2021
Mme Cathy Apourceau-Poly attire l'attention de Mme la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales sur le manque de moyens auquel font face les élus, et en particulier ruraux dans le cadre de la prévention des inondations et coulées de boues.
Chaque année maintenant, le Pas-de-Calais voit de nombreux villages victimes des ruissellements provenant des parcelles cultivées. L'implantation de haies, l'entretien des noues pourraient être une solution pérenne, toutefois, le plan de relance ne s'adresse qu'aux agriculteurs propriétaires des terrains, ce qui est légitime.
Cependant, elle lui demande quels outils sont ou peuvent être proposés pour permettre aux élus locaux de mener les travaux et les réflexions avec les parties prenantes, afin de lutter contre les inondations.
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Transmise au Ministère de la transition écologique
Réponse du Secrétariat d'État auprès de la ministre de la transition écologique, chargé de la biodiversité publiée le 29/09/2021
Réponse apportée en séance publique le 28/09/2021
Mme le président. La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly, auteure de la question n° 1775, transmise à Mme la ministre de la transition écologique.
Mme Cathy Apourceau-Poly. Depuis quelques années maintenant, les dérèglements climatiques s'accumulent sur notre territoire, comme dans le monde. À l'échelle locale, celle de mon département du Pas-de-Calais, les épisodes de sécheresse succèdent aux pluies diluviennes, qui lessivent les sols et provoquent des mouvements de terrain, des coulées de boue et des destructions matérielles importantes.
Les zones rurales sont particulièrement touchées, mais souvent ignorées. Je pense ainsi à la vallée de la Canche, où une dizaine de communes ont encore été touchées au printemps dernier. En effet, si l'extension urbaine, qui implique l'artificialisation des sols, est l'une des causes premières des inondations et des coulées de boue, ce n'est pas le cas de nos campagnes.
En ruralité, c'est davantage le défaut de pilotage et le manque de moyens dévolus à l'aménagement du territoire et à la concertation qui posent problème. En effet, quand les exploitants agricoles sont majoritairement en fermage, c'est-à-dire ne sont pas propriétaires des terres qu'ils exploitent, qui doit intervenir pour rétablir les obstacles empêchant le lessivage des sols ?
De même, l'angle d'attaque choisi par le Gouvernement de créer des lignes budgétaires dans le plan de relance pour les propriétaires fonciers est une bonne idée. Toutefois, cela retire aux élus locaux la maîtrise de l'aménagement du territoire. Les maires, qui ont une vue d'ensemble de l'aménagement du territoire, ne sont pas consultés et n'ont pas de pouvoir pour mener des travaux d'entretien des fossés et des noues, et replanter des haies sur les terrains privés.
De nombreux acteurs travaillent isolément sur ces questions, ce qui rend inefficace la prévention des inondations. Plus problématique encore, l'absence de concertation induit des incompréhensions entre les exploitants, les pouvoirs publics et la collectivité. On a donc, d'un côté, des techniciens performants, mais non coordonnés, et, de l'autre, des élus volontaires, mais dépourvus de moyens, et des exploitants dont le rôle n'est pas la gestion des bassins versants.
Pour mettre en uvre une politique efficace de prévention des inondations, il faut un chef d'orchestre. Les maires sont des candidats tout désignés pour ce rôle, mais le transfert de compétences en matière d'urbanisme aux établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) dépossède encore plus les communes, tandis que la mécanique de la taxe pour la gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations, dite taxe Gemapi, casse toute solidarité nationale.
Madame la secrétaire d'État, il faut donc redonner des moyens à la puissance publique locale. Quels leviers peuvent être mis à la disposition des élus locaux pour leur permettre d'agir ?
Mme le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.
Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État auprès de la ministre de la transition écologique, chargée de la biodiversité. Madame la sénatrice Apourceau-Poly, vous m'interrogez sur les outils disponibles pour lutter avec toutes les parties prenantes contre les inondations, en particulier celles qui sont causées par les ruissellements provenant de parcelles cultivées.
Les collectivités disposent de plusieurs leviers en matière de prévention des inondations. Soutenues financièrement par l'État, elles peuvent élaborer des programmes d'action de prévention des inondations, les PAPI, pour mettre en place une stratégie globale de gestion du risque, y compris du risque inondation exceptionnelle par ruissellement, et bénéficier ainsi d'un cofinancement du fonds Barnier.
Nous avons également souhaité accroître les moyens de la prévention des inondations pour soutenir encore plus les collectivités dans cette résilience des territoires. Les ressources du fonds Barnier ont été augmentées, dès cette année, de 56 %, et portées à 205 millions d'euros. Dans le cadre du projet de loi de finances pour 2022, le Gouvernement prévoit d'augmenter encore les ressources de ce fonds de 30 millions d'euros.
Le soutien financier de l'État aux porteurs de projets pour l'animation des PAPI a été revalorisé. Par ailleurs, la labellisation a été simplifiée.
En outre, dans le cadre de la compétence Gemapi, les collectivités peuvent engager toute action qu'elles jugent nécessaire afin de prévenir les inondations, y compris celles qui sont causées par ruissellement. Ces actions peuvent être financées à travers la taxe Gemapi. À l'échelon national, des travaux sont en cours dans le cadre de la commission mixte inondation afin de faciliter la prise en compte de l'activité agricole et des espaces naturels dans la gestion des risques d'inondation.
Dans les Hauts-de-France, nos services sont pleinement mobilisés sur ces actions concrètes, qui doivent nous permettre de mieux connaître les origines et les phénomènes de ruissellement. En outre, un effort sera engagé pour mieux informer sur les différents dispositifs financiers mobilisables fonds Barnier, fonds européens, fonds des agences de l'eau, mesures soutenues par la politique agricole commune et volet « implantation de haies » du plan de relance, pour ne citer que ceux-là.
En parallèle, la chambre d'agriculture des Hauts-de-France accompagne les exploitants agricoles. En 2018, elle a publié un guide sur la lutte contre le ruissellement et l'érosion des terres agricoles.
Comme vous l'avez souligné, madame la sénatrice, loin d'être une question de moyens, puisque les dispositifs existent, c'est une question de mobilisation et de concertation : il faut un travail commun entre les collectivités et les acteurs du territoire. Sur ce sujet, le Gouvernement partage votre engagement.
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