Question de M. PLA Sebastien (Aude - SER) publiée le 17/06/2021

M. Sebastien Pla rappelle à M. le secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l'enfance et des familles combien la crise sanitaire précarise la jeunesse, en accroissant des inégalités déjà existantes. Avant la Covid-19, la pauvreté touchait fortement cette classe d'âge, soit un tiers des 5,3 millions de personnes pauvres recensées en France en 2018, et depuis tous les voyants sont au rouge : précarité, chômage, mal-être, manque de perspectives, déscolarisation, fermeture des universités, difficultés économiques, absence de moments de culture et de fête…
Il dénonce l'impact immédiat et massif de la pandémie sur cette génération et souligne que les dispositifs de soutien lancés par le Gouvernement n'ont pas suffi à enrayer la paupérisation d'une partie croissante des 18-25 ans, consistant en des mesures ponctuelles d'urgence (doublement de la « garantie jeunes », le repas à un euro, la création de 20 000 jobs étudiants et l'aide exceptionnelle de 150 euros), dont il estime qu'elles ne peuvent répondre en profondeur à l'ampleur du désarroi de cette classe d'âge.
Il lui rappelle que, comparativement aux autres tranches d'âge, le nombre de jeunes demandeurs d'emploi a fortement augmenté (+ 40 % entre février et avril 2021), et les difficultés quotidiennes pour se nourrir et se loger se sont également accrues : un jeune sur deux a réduit ses dépenses alimentaires au cours des six derniers mois et plus de 20 % d'entre eux ont eu du mal à payer leur loyer.
Il estime que la période du confinement a été un puissant facteur d'aggravation des inégalités scolaires mettant en évidence des différences de moyens si bien qu'un jeune sur six aurait arrêté ses études depuis le début de la crise sanitaire. La fermeture des établissements a ainsi porté gravement et durablement préjudice aux élèves et étudiants les plus en difficulté.
Les mesures de confinement, telles que la fermeture des lieux de sociabilité (bars, restaurants, discothèques), de travail et d'enseignement, ainsi que les limitations apportées à la liberté de se déplacer et de se réunir, ont été propices à l'apparition ou à l'aggravation de troubles psychiques chez les jeunes : la prévalence de syndromes dépressifs a plus que doublé chez les 15-25 ans par rapport à 2019 (22 % en mai 2020, contre 10,1 % en 2019)5 et près d'un jeune sur trois a eu des pensées suicidaires ces derniers mois (contre un jeune sur dix en février 2019).
Alors que le « Fonds social européen + » vient d'être doté d'un montant de 88 milliards d'euros pour 2021 à 2027, il lui rappelle qu'au moins 3 % devront être consacrés à ceux qui en ont le plus besoin via une aide alimentaire et une assistance matérielle de base, ou à la lutte contre la privation matérielle (incapacité à payer les dépenses imprévues, un chauffage adéquat, des repas nutritifs et des biens durables).
Il le questionne donc sur les initiatives qu'il compte engager pour définir un plan spécifique pour la jeunesse et lui demande de convoquer un Grenelle dédié sur cet enjeu générationnel.
Afin de parer à l'urgence, il sollicite aussi, une nouvelle fois, la mise en place d'un revenu minimal et inconditionnel qui garantisse aux moins de 25 ans l'exercice de leurs droits fondamentaux (accès aux besoins vitaux, à un logement, à un travail, à une vie sociale…).
Enfin il appelle de ses vœux la création de places supplémentaires en accueil de jour, notamment en psychiatrie et pédopsychiatrie, le déploiement d'équipes mobiles pouvant intervenir dans des situations de crise, et la fin des « sorties sèches » de l'aide sociale à l'enfance (ASE) des jeunes placés devenus majeurs.
Sur tous ces points, il lui demande de bien vouloir lui préciser ses intentions exactes, et l'enjoint à agir sans attendre, sans quoi cette génération pourra se qualifier de « génération sacrifiée ».

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l'enfance et des familles publiée le 18/11/2021

Les jeunes de moins de 25 ans ont accès, lorsqu'ils travaillent et sous condition de ressources, à la prime d'activité, dans les mêmes conditions que les autres bénéficiaires de cette prime. Ils ont aussi accès au revenu de solidarité active (RSA) dans trois hypothèses : lorsqu'ils sont en charge d'enfants nés ou à naître, lorsqu'ils vivent en couple avec un bénéficiaire du RSA ou lorsqu'ils ont travaillé deux ans au cours des trois dernières années (RSA « jeune actif »). Il n'est pas envisagé d'élargir les conditions d'éligibilité, car le RSA jeunes actifs ne répond pas à tous les enjeux d'accompagnement, en particulier concernant l'accès à l'emploi et à la formation, qui sont spécifiques à ce public.  C'est pourquoi il convient de privilégier l'accès, pour les jeunes de moins de 25 ans, aux différents dispositifs d'insertion socio-professionnelle existants.  C'est l'objectif du plan 1 jeune 1 solution, qui vise à orienter et former 200 000 jeunes et à construire 300 000 parcours d'insertion pour les jeunes les plus éloignés de l'emploi. La garantie jeunes, qui est une modalité intensive du parcours d'accompagnement vers l'emploi et l'autonomie, s'adresse à des jeunes de 16 à 25 ans très éloignés de l'emploi ; ces derniers font alors l'objet d'un accompagnement renforcé, axé sur une pluralité de mises en situation professionnelle, sur une durée de 12 à 18 mois. 200 000 parcours devraient être mis en place sur l'ensemble de l'année 2021. 2000 postes supplémentaires en mission locale ont été créés à cet effet. Une aide financière allant jusqu'à 500 € par mois a été instaurée pour les jeunes diplômés boursiers sans ressources de moins de 30 ans, faisant l'objet d'un accompagnement par un conseiller de Pôle emploi ou de l'Association pour l'emploi des cadres dans sa recherche de premier emploi. Par ailleurs, certains jeunes présentent des fragilités plus importantes, notamment les jeunes majeurs en difficultés sociales qui ne bénéficient pas de soutien familial. C'est pourquoi, dans le cadre du projet de loi relatif à la protection des enfants, le Gouvernement souhaite garantir un accompagnement vers l'autonomie pour les jeunes majeurs de moins de 21 ans, anciennement confiés à l'aide sociale à l'enfance. Enfin, suite aux annonces du Président de la République du 12 juillet 2021, le Gouvernement a présenté mardi 2 novembre 2021 le Contrat d'Engagement Jeune pour les jeunes les plus éloignés de l'emploi. Dans la lignée du plan 1 jeune, 1 solution, le Gouvernement entend ainsi leur proposer un accompagnement profondément renouvelé avec un objectif d'entrée plus rapide dans l'emploi. Le Contrat Engagement Jeune c'est de l'engagement, de l'assiduité, de la motivation et un État qui accompagne tous les jeunes de moins de 26 ans sans formation ni emploi depuis plusieurs mois.

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