Question de Mme PRÉVILLE Angèle (Lot - SER) publiée le 03/06/2021

Mme Angèle Préville souhaite rappeler l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports sur un enseignement qui a complètement disparu, à savoir l'éducation manuelle. Tout enfant doit pouvoir être en mesure d'acquérir des savoirs et des savoir-faire. C'est pourquoi tout enfant a droit à une éducation manuelle, car c'est un levier puissant pour comprendre, apprendre, progresser et se construire.

La main et le cerveau sont liés et travaillent ensemble. Nous sommes nés de cela, nous avons évolué grâce à cette synergie, et ce depuis l'aube de l'humanité. Alors que notre société est de plus en plus informatisée, numérisée, dématérialisée, alors que nous avons tant besoin de prise directe avec la réalité, alors que nos enfants grandissent beaucoup trop devant les écrans, pourquoi les priver de ce ressort magnifique de connexion avec le réel, de ce chemin de facilité vers la connaissance ?

Faire avec ses mains permet d'aider à acquérir toutes les notions et de les consolider, y compris les notions les plus abstraites et les plus intellectuelles.

De plus, comment un élève qui n'a pas la chance d'avoir des parents artisans ou bricoleurs, qui donc n'a pas vu, senti, vécu ni essayé le travail manuel, et qui n'a plus goût à l'école peut-il savoir qu'il est fait pour travailler manuellement, qu'il va aimer cela et qu'il sera heureux d'embrasser une profession manuelle ?

Nombreux sont ceux à avoir grandi en suivant des cours d'éducation manuelle. De tels cours manquent cruellement aujourd'hui. Si tous les enfants pouvaient durant leur scolarité s'essayer à la menuiserie, à la couture, à la poterie, à la cuisine, au tricot, à la vannerie et à mille autres choses, ils pourraient s'orienter en connaissance de cause. Ils seraient alors certains que leur accomplissement est là.

De plus, la pandémie a été riche d'enseignements : l'éducation manuelle aurait été d'un grand secours, ne serait-ce que pour faire un masque. Les enfants auraient pu participer, s'investir dans l'élan de solidarité nationale et dans cette situation si difficile à vivre, acteur impliqué, être reconnu et faire partie de ceux qui ne sont pas restés uniquement sidérés.

Elle a fait adopter, dans la loi n° 2019-791 du 26 juillet 2019 pour une école de la confiance, une disposition visant à favoriser l'éducation manuelle. Elle lui demande s'il ne serait pas temps d'inscrire concrètement dans les programmes l'éducation manuelle de l'école maternelle au lycée.

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargé de la jeunesse et de l'engagement publiée le 14/07/2021

Réponse apportée en séance publique le 13/07/2021

M. le président. La parole est à Mme Angèle Préville, auteure de la question n° 1707, adressée à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

Mme Angèle Préville. Madame la secrétaire d'État, j'évoquerai un enseignement qui a quasiment disparu, l'éducation manuelle. Tout enfant doit pouvoir être en mesure d'acquérir des savoirs et des savoir-faire. C'est pourquoi il a droit à une éducation manuelle, qui est un levier puissant pour comprendre, apprendre, progresser et se construire.

La main et le cerveau sont liés et travaillent ensemble. Nous sommes nés de cela, nous avons évolué grâce à cette synergie, et ce depuis l'aube de l'humanité.

Alors que notre société est de plus en plus informatisée, numérisée, dématérialisée, alors que nous avons tant besoin de prise directe avec la réalité, alors que nos enfants grandissent beaucoup trop devant les écrans, pourquoi les priver de ce ressort magnifique de connexion avec le réel, de ce chemin de facilité vers la connaissance ?

Faire avec ses mains permet d'aider à acquérir toutes les notions et à les consolider, y compris les notions les plus abstraites et les plus intellectuelles. Sinon comment un élève qui n'a pas la chance d'avoir des parents artisans ou bricoleurs, qui n'a donc pas vu, senti, vécu ni essayé le travail manuel et qui n'a plus goût à l'école peut-il savoir qu'il est fait pour travailler manuellement, qu'il va aimer cela et qu'il sera heureux d'embrasser une profession manuelle, laquelle lui permettra de se réaliser ?

Nous sommes nombreux à avoir grandi en suivant des cours d'éducation manuelle. De tels cours manquent cruellement aujourd'hui. Si tous les enfants pouvaient, durant leur scolarité, s'essayer à la menuiserie, à la couture, à la poterie, à la cuisine, au tricot, à la vannerie et à mille autres choses, ils pourraient s'orienter en connaissance de cause. Ils seraient alors certains qu'ils peuvent trouver là les moyens de s'accomplir.

La pandémie a été riche d'enseignement : l'éducation manuelle aurait été d'un grand secours, ne serait-ce que pour faire un masque. Imaginez comment les enfants auraient pu participer, s'investir dans l'élan de solidarité nationale et dans cette situation si difficile à vivre en tant qu'acteurs impliqués, être reconnus et faire partie de ceux qui ne sont pas restés uniquement sidérés !

Lors de la discussion du projet de loi pour une école de la confiance, j'avais fait inscrire dans le code de l'éducation la nécessité de favoriser l'éducation manuelle. Le ministre Jean-Michel Blanquer partageait alors mon point de vue, puisqu'il avait été favorable à mon initiative. Ne serait-il pas temps maintenant d'inscrire concrètement dans les programmes de l'éducation nationale l'éducation manuelle, de l'école maternelle jusqu'au lycée ?

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargée de la jeunesse et de l'engagement. Madame la sénatrice Préville, je vous remercie de votre question. J'estime très sincèrement que vous avez raison de remettre en lumière une méthodologie d'acquisition des compétences qui n'a, en réalité, rien de désuet. Vous connaissez peut-être l'association L'Outil en Main, qui se déploie un peu partout sur nos territoires : cette association, avec laquelle mon ministère travaille très étroitement, accompagne les jeunes dans la découverte des métiers de l'artisanat.

Je vous remercie d'autant plus pour cette question que je sais que le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports a à cœur de déployer plus fortement une acquisition des compétences par le savoir-faire, la découverte des métiers et un enseignement complémentaire à l'éducation théorique ou technique.

Ces compétences sont présentes dans le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, dans les programmes de toutes les disciplines, mais elles ont vocation à être complétées.

Dans les informations qui m'ont été transmises par le ministre de l'éducation nationale, il est indiqué que, dès le cycle 1, c'est-à-dire la maternelle, les compétences manuelles sont enseignées par le biais de manipulations simples pour les tout-petits, et vont jusqu'à la construction d'objets et la découverte des métiers comme ceux que vous avez cités – je pense à la vannerie en particulier.

Ces modalités permettent aux élèves de progresser dans l'acquisition de ces compétences et des savoirs associés, mais également d'affiner l'habileté manuelle, qui n'est malheureusement parfois pas pratiquée à la maison. Comme nous ne vivons pas tous dans le même type d'environnement ou de territoire, on constate une certaine inégalité d'accès à ce type d'activités.

L'éducation manuelle est plus particulièrement une priorité dans l'enseignement intégré de science et technologies proposé en classe de sixième et de cinquième. Dans le cadre de projets pluridisciplinaires ou non, les enseignants sont amenés à proposer de faire de la construction au sens très large : maquettes, jardin, élevage, affiches. L'expérience et la définition d'une procédure requérant des gestes maîtrisés au service de la recherche sont au cœur des enseignements de spécialité de sciences de la vie et de la terre et de physique-chimie au lycée général, et sont aussi présentes dans les lycées technologiques, avec la dynamique du chef-d'œuvre en CAP.

L'idée du ministre de l'éducation nationale est d'intégrer l'acquisition des compétences manuelles dans l'ensemble des parcours, qu'ils soient technologiques ou généraux, dès le plus jeune âge, c'est-à-dire à la maternelle, et jusqu'au lycée.

En conséquence, l'éducation manuelle comprise comme l'ensemble des « activités d'investigation, de conception, de modélisation et de réalisation » est présente et a vocation à être renforcée, de la maternelle au lycée.

Cette omniprésence permettra aux élèves d'acquérir des compétences encore plus larges au sens pédagogique, dites « d'analyses distanciées et critiques », mais également de développer cette habileté si chère aux plus jeunes enfants.

Voilà, madame la sénatrice, les éléments que je souhaitais vous indiquer pour répondre à votre question.

M. le président. La parole est à Mme Angèle Préville, pour la réplique.

Mme Angèle Préville. Je vous remercie, madame la secrétaire d'État, mais je voudrais insister sur le sujet.

Je suis d'accord, l'éducation manuelle est pratiquée dans les écoles primaires et les écoles maternelles, mais elle est cruellement absente au collège ! Si elle était une matière à part entière, elle permettrait aux jeunes de développer leur autonomie et de réaliser des projets. Ce que j'aurais voulu, c'est que l'éducation manuelle soit inscrite aux programmes.

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