Question de M. BRISSON Max (Pyrénées-Atlantiques - Les Républicains) publiée le 27/05/2021

M. Max Brisson appelle l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation à propos de la situation des étudiants primo-diplômés de la filière métiers d'art et du design (MADE), concernés par la réforme de 2018.
À l'origine, la réforme des diplômes des métiers d'art (DMA) proposait un passage de 2 ans, équivalant à un diplôme de BTS, à 3 ans, équivalant au grade de licence et rejoignant les homologations européennes à bac +3, sous la forme d'un diplôme national des MADE. Fixé par le décret n° 2018-367 du 18 mai 2018, il devait notamment faciliter la poursuite des études pour les étudiants diplômés, en offrant une meilleure mobilité internationale et des passerelles plus claires avec les autres formations de ce secteur.
Engagée en 2018, elle s'est traduite dans les faits par une réduction drastique du nombre d'heures hebdomadaires d'ateliers, passant de 16 heures sur un diplôme de DMA à 8 heures voire 6 heures sur un diplôme de MADE. Pourtant, 16 heures d'atelier étaient considérées par les enseignants comme un plafond minimal non-négociable pour des métiers nécessitant l'apprentissage de savoir-faire particuliers, rendu possible uniquement par des heures de pratique.
Cette réduction horaire induit des conséquences lourdes à terme sur l'insertion sur le marché du travail des étudiants. Ainsi, les promotions actuelles de primo-diplômés sont confrontées à d'importantes difficultés pour intégrer des formations complémentaires ou s'insérer sur le marché de l'emploi, notamment du fait de leur manque de pratique. Il en découle alors que les étudiants ne bénéficient pas d'un niveau technique suffisant, entravant la poursuite de leurs études ou obligeant les ateliers à compenser ce temps de formation manquant. À condition toutefois qu'ils en aient le temps, les compétences et les ressources.
Si le volume horaires des heures d'atelier sont « sensiblement les mêmes qu'en DMA », il demeure que la réforme a procédé à la suppression de l'année de mise à niveau (MANAA), indispensable aux sortants de Bac général ou arts appliqués qui pouvaient alors rattraper le niveau requis en atelier, posé par les sortants des formations BMA, bac pro, CAP, FMA et métiers d'art.
En outre, cette réforme, menée sur l'ensemble de la filière des métiers d'art sans concertation ni audit avec les acteurs concernés, provoque des tensions importantes et place les étudiants primo-diplômés de 2021 dans une situation délicate. Inadaptée aux réalités du secteur, elle inquiète tout particulièrement les étudiants et leurs familles certes, mais également les enseignants ainsi que les professionnels du secteur qui ont manifesté leur soutien aux étudiants.
Par conséquent, au-delà de la précarité de la situation et des inquiétudes des étudiants, les conséquences de la réforme interrogent sur le maintien de la qualité de la formation à la française et des savoir-faire des artisans.
Aussi, pour faire face à la situation délicate dans laquelle se trouve les étudiants, il interroge le Gouvernement sur les mesures qu'il envisage de mettre en œuvre pour répondre aux inquiétudes et aux difficultés rencontrées par les étudiants primo-diplômés de la promotion 2021.
De surcroît, il l'invite à engager une concertation avec les acteurs du terrain afin de réfléchir aux dispositifs nécessaires pour pallier cette situation et perpétuer la qualité de la formation du secteur ainsi que les savoir-faire des artisans français.

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Transmise au Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche


La question est caduque

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