Question de M. ROJOUAN Bruno (Allier - Les Républicains-R) publiée le 06/05/2021
M. Bruno Rojouan attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance sur la pénurie de matériaux et la flambée des prix qui touchent actuellement le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP).
Depuis plusieurs mois, les acteurs du BTP alertent sur les difficultés d'approvisionnement de l'acier et du bois. Aujourd'hui, dans le département de l'Allier notamment, ils doivent faire face à une véritable pénurie de nombreux matériaux : le bois et ses dérivés, le polyuréthane et le polystyrène, les plaques de plâtres, etc. Naturellement, cette pénurie se traduit en une forte hausse des prix par les quelques sources d'approvisionnement de ces matériaux qui subsistent en flux tendu.
Après une année 2020 compliquée en raison de la crise sanitaire et de l'arrêt obligatoire de nombreux chantiers, la filière BTP fait face à une nouvelle crise économique importante. En effet, les marchés et devis signés sont généralement non révisables. Les entreprises vont alors devoir travailler à perte, ne pouvant répercuter la hausse des prix des matériaux sur les clients. Les finances des entreprises de BTP en sont tributaires, avec toutes les conséquences que cela entraîne. D'une part, dans le meilleur des cas, les entreprises devront avoir recours au chômage partiel. Dans le pire des cas, certaines entreprises devront fermer et licencier leurs employés. De plus, les travailleurs occasionnels (interim, contrats à durée déterminée (CDD) particuliers, etc.) qui sont main courante dans ce secteur, ne se verront pas offrir ce type de travail. D'autre part, les entreprises du bâtiment se sont investies dans le plan de relance de l'État, notamment avec la rénovation énergétique des bâtiments, chantiers qui seront dès lors arrêtés.
La hausse des prix est majoritairement due à la spéculation en raison du manque de matériaux. Il est malheureux que les entreprises de BTP doivent en assumer les conséquences seules.
Aussi, il souhaite savoir comment le Gouvernement compte soutenir les entreprises de la filière BTP dans cette crise des matériaux et ses conséquences financières et logistiques.
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Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la relance publiée le 01/07/2021
Le secteur du bâtiment et des travaux publics est une composante essentielle de l'économie nationale. Il représente plus de 600 000 entreprises qui emploient plus d'un million de salariés. Alors qu'après avoir subi de plein fouet la crise du Covid-19 la filière entamait fin 2020 son redressement, elle est aujourd'hui confrontée, à l'instar de plusieurs autres filières, à une tension sur certains de ses approvisionnements qui entraine une forte montée des prix, et d'importants retards de livraisons. La reprise de l'activité industrielle, notamment en Asie, dans un contexte d'incertitudes pour beaucoup de producteurs de matières premières et de redémarrage plus lent des capacités de production conduit à ces tensions importantes sur les approvisionnements qui touchent un large panel de matières premières et de produits. L'automobile, l'agroalimentaire et le bâtiment, l'électronique, la métallurgie et la chimie sont fortement impactés par ces tensions sur l'approvisionnement en métaux, en semi-conducteurs, en intrants chimiques, en plastique. La ministre déléguée chargée de l'industrie a réuni le 14 avril dernier, autour du président de France Industrie, les représentants des filières les plus touchées par la crise d'approvisionnement de composants et de matières premières, afin de faire le point sur la situation et sur les meilleures approches pour accompagner les entreprises confrontées à ces situations de tensions sur les approvisionnements. D'ores et déjà, le ministère de l'économie, des finances et de la relance, et ses ministres délégués à l'industrie et aux petites et moyennes entreprises, ont demandé à tous les responsables ministériels des achats, à tous les directeurs de plateforme régionale achats et aux acheteurs de l'État relevant de leur périmètre, d'utiliser les outils à leur disposition pour atténuer les effets de ces tensions sur les entreprises, et notamment d'utiliser les possibilités de prolongation des délais d'exécution des contrats et, eu égard à la gravité de la situation actuelle, d'envisager avec bénévolence la renonciation aux pénalités de retard. Les collectivités locales et les établissements publics, locaux comme nationaux, sont invités à faire de même. Ces tensions confirment également la pertinence de l'action menée par le Gouvernement depuis plusieurs années, et accélérée avec France Relance, pour renforcer la résilience de nos approvisionnements et des chaînes de valeur, dans le but de soutenir notre autonomie stratégique dans des secteurs clés. Le Gouvernement va poursuivre et amplifier ces efforts, dans tous les secteurs importants ou sensibles de notre économie. Le Gouvernement est particulièrement attaché dans ce contexte au respect de relations équilibrées entre clients et fournisseurs, afin d'éviter par exemple que ne soient invoquées abusivement des clauses de force majeure. Si des clauses abusives ou des pratiques commerciales déraisonnables sont en cause, le Gouvernement fera le maximum pour assurer une application exigeante du droit des contrats : les juridictions commerciales ont précisément pour vocation de veiller à cet équilibre, qui peut également être facilité par l'intervention d'une médiation. À ce titre, compte tenu de la situation spécifique du secteur du bâtiment et des travaux publics, le ministre délégué chargé des petites et moyennes entreprises a mis en place une médiation de filière entre les différents acteurs du secteur, du producteur, aux transformateurs, distributeurs, jusqu'au client final pour identifier les éventuels comportements abusifs, et sécuriser les approvisionnements et l'activité des entreprises. Afin d'assurer un suivi précis de la situation, en concertation avec les filières les plus concernées, la ministre déléguée chargée de l'industrie a demandé à France Industrie de coordonner une task force qui se réunit régulièrement avec les services de la direction générale des entreprises (DGE) pour examiner de manière hebdomadaire le tableau de bord des tensions et toutes les pistes pour réduire à court terme les conséquences immédiates et à moyen terme, dans le but d'améliorer structurellement la résilience de notre industrie face à de tels chocs exogènes.
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