Question de Mme ROSSIGNOL Laurence (Oise - SER) publiée le 27/05/2021
Question posée en séance publique le 26/05/2021
M. le président. La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
Mme Laurence Rossignol. Tout d'abord, je souhaite associer à ma question les collègues de mon groupe ici présents, ainsi que mon ami Olivier Léonhardt, sénateur de l'Essonne, qui vous avait déjà interrogé, monsieur le ministre des affaires étrangères, sur la situation de l'Algérie.
Il y a deux ans est né en Algérie un mouvement citoyen, pacifique et mixte, qui constitue un immense espoir pour la jeunesse algérienne. Ce mouvement, que demande-t-il ? Un pouvoir civil, des libertés démocratiques, un meilleur partage des richesses et la fin de la corruption. Bref, un avenir.
Depuis quelques mois, à la faveur de la crise sanitaire, la répression s'est abattue sur ce mouvement. On ne compte plus les citoyens, les militants, les journalistes arrêtés, emprisonnés, condamnés. Le but du pouvoir est, par la peur et la domination, de casser ce mouvement.
Les libertés fondamentales d'opinion, de manifestation, d'information, ainsi que le droit à un procès équitable, qui sont garantis par la Déclaration universelle des droits humains, sont bafoués. Monsieur le ministre, que pouvons-nous faire pour les garantir en Algérie ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER, ainsi que sur des travées du groupe CRCE.)
Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 27/05/2021
Réponse apportée en séance publique le 26/05/2021
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Madame la sénatrice, comme vous le savez, nos deux pays, l'Algérie et la France, sont unis par des liens humains ancrés dans l'histoire des liens tout à fait essentiels.
Notre volonté est de renforcer cette relation, et elle s'exprime au plus haut niveau, puisque le président Abdelmadjid Tebboune et le président Macron se parlent régulièrement.
Le Premier ministre se rendra bientôt à Alger pour un comité interministériel de haut niveau, qui devait avoir lieu il y a quelques jours, mais qui a été repoussé en raison de la pandémie. Et, avec mon homologue le ministre des affaires étrangères, j'entretiens des relations régulières.
Les autorités algériennes ont manifesté l'ambition de réformer l'Algérie en profondeur, dans un esprit de dialogue et d'ouverture qui corresponde aux attentes exprimées par les Algériens, de manière pacifique et avec dignité, lors du Hirak.
Notre seul souhait, c'est la réussite des réformes au bénéfice de l'Algérie et des Algériens. En effet, madame la sénatrice, c'est aux Algériens, et à eux seuls, de déterminer cette voie et de fixer les modalités de leur destin, dans le respect des libertés publiques, de la liberté d'expression et de la liberté de la presse, auxquelles la France est attachée partout dans le monde.
Je trouve singulier que vous posiez cette question à ce moment précis. Des élections législatives vont en effet se dérouler dans quinze jours en Algérie, et la campagne est ouverte depuis deux semaines.
Vous permettrez que, par respect pour la souveraineté du peuple algérien, je ne fasse pas de commentaire supplémentaire.
M. le président. La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour la réplique.
Mme Laurence Rossignol. Monsieur le ministre, nous respectons tous la souveraineté du peuple algérien, mais, actuellement, 137 personnes sont emprisonnées dans ce pays pour délit d'opinion.
Le processus que vous décrivez, celui de la réforme en profondeur de l'Algérie par la démocratie, est un processus idéal. C'est celui dont nous rêvons tous, mais il n'a pas lieu !
Ce qui se passe actuellement en Algérie est l'inverse d'un processus de réforme. Vous savez bien que les atteintes quotidiennes aux libertés sont extrêmement dangereuses pour l'avenir de ce pays. La jeunesse algérienne est aujourd'hui sans avenir ; elle le sait, elle le ressent. Aussi, que se passe-t-il ? Elle fuit massivement. Savez-vous que, depuis l'année dernière, 50 % de jeunes Algériens supplémentaires ont quitté leur pays pour rejoindre les côtes de l'Europe ?
Ce qui se passe en Algérie, c'est notre cur qui le ressent ! (Applaudissements sur les travées du groupe SER. Mme Éliane Assassi applaudit également.)
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