Question de Mme ESTROSI SASSONE Dominique (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 20/05/2021

Question posée en séance publique le 19/05/2021

M. le président. La parole est à Mme Dominique Estrosi Sassone, pour le groupe Les Républicains. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Dominique Estrosi Sassone. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Monsieur le Premier ministre, j'espère que vous aurez l'obligeance de me répondre, comme vous venez de répondre à un certain nombre de nos collègues, car le sujet que je veux aborder est important.

Les policiers nous protègent, mais l'État n'est plus capable de les protéger. Ils ont peur. Leur émotion, leur indignation, leur colère se sont exprimées dans la dignité il y a tout juste deux heures.

De jour comme de nuit, les policiers travaillent, vont sur le terrain, patrouillent sur tout le territoire de la République, notamment dans les quartiers prioritaires et difficiles. Ils réalisent des instructions, mais, lorsqu'ils interpellent des voyous ou de jeunes malfrats, il arrive trop souvent que ces derniers ne soient pas condamnés.

La réponse pénale est insuffisante. Si elle n'est pas à la hauteur, c'est aussi parce qu'elle est mal appliquée et défaillante.

Monsieur le Premier ministre sous la pression, vous promettez une plus grande fermeté,…

M. Jean Castex, Premier ministre. J'ai déjà répondu !

Mme Dominique Estrosi Sassone. … mais les mots ne suffisent plus : il faut que vous changiez de logiciel !

M. Jean Castex, Premier ministre. On l'a fait !

Mme Dominique Estrosi Sassone. Il faut instaurer des peines minimales automatiques contre tous les agresseurs des forces de l'ordre et de sécurité.

Monsieur le Premier ministre, allez-vous réellement assurer la protection et la sécurité des policiers en décrétant l'urgence de la réponse pénale ? (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'intérieur - Citoyenneté publiée le 20/05/2021

Réponse apportée en séance publique le 19/05/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de la citoyenneté. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur, chargée de la citoyenneté. Madame la sénatrice, pour moi aussi, c'est un plaisir d'être présente dans cet hémicycle et de répondre à votre question au nom du ministère de l'intérieur, que je représente pour cette séance de questions d'actualité au Gouvernement. (Sourires.)

D'abord, je tiens à vous dire que nous saluons le soutien que vous adressez aux policiers. Le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin est d'ailleurs en ce moment même à leurs côtés, pour leur apporter son appui. (Murmures à droite.)

Si vous me le permettez, je voudrais me joindre à vous pour les assurer, en notre nom à tous ici, de notre totale mobilisation. En effet, les policiers comme les gendarmes ou les pompiers nous disent au quotidien qu'ils ont besoin à la fois de moyens et de soutien.

Pour ce qui concerne les moyens, nous les mettons sur la table. Vous le savez, puisque vous avez fait le choix d'augmenter le budget de la mission « Sécurités » lors de l'examen des crédits du ministère de l'intérieur, en soulignant à l'époque qu'il s'agissait d'une hausse importante et historique.

Bien sûr, la question de la chaîne pénale est absolument fondamentale. C'est la raison pour laquelle le Premier ministre s'est exprimé tout à l'heure. Accompagné du ministre de l'intérieur et du garde des sceaux, il a aussi reçu les syndicats pour faire en sorte de leur apporter une véritable réponse, et de mettre fin à ce sentiment d'impunité qui pousse des délinquants de plus en plus jeunes à commettre les faits que vous avez parfaitement décrits.

Au-delà des moyens et de la chaîne pénale, je crois profondément que la mobilisation de toute la classe politique aux côtés des forces de l'ordre est fondamentale.

C'est le travail que nous menons dans le cadre du Beauvau de la sécurité. Ce soutien que nous leur apportons est d'autant plus essentiel que, lorsque nous recevons les familles des policiers et des gendarmes, comme je l'ai fait au ministère de l'intérieur, certains petits garçons nous expliquent qu'ils n'osent pas dire à l'école que leur papa est policier ou gendarme, car ils ont peur d'être harcelés ou frappés, parfois dans l'enceinte même de l'établissement. (Marques d'agacement sur les travées du groupe Les Républicains.)

Je souhaiterais conclure en disant que la réalité du travail des policiers et des gendarmes n'est souvent pas celle qui est décrite dans les médias et sur les plateaux de télévision. À 400 reprises, chaque semaine, des policiers et des gendarmes interviennent pour sauver la vie de femmes et d'enfants confrontés à des violences intrafamiliales.

M. Cédric Perrin. Mais ce n'est pas la question !

M. François Bonhomme. Répondez à la question !

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée. Je sais que vous le savez, mais parmi les personnes qui nous regardent ou qui interviennent sur les plateaux de télévision, beaucoup jettent l'opprobre sur les forces de l'ordre et le métier difficile qu'elles exercent.

Plusieurs sénateurs Les Républicains. Ce n'est pas le sujet !

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée. Je veux dire à nos forces de l'ordre que le Gouvernement est à leurs côtés, au travers des moyens qu'il leur consacre, de ses actes, ou de la solidarité qu'il leur accorde. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Huées sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à Mme Dominique Estrosi Sassone, pour la réplique.

Mme Dominique Estrosi Sassone. Je vous demandais si vous seriez prêts à instaurer des peines minimales automatiques contre les agresseurs des forces de l'ordre.

M. David Assouline. Arrêtez, il y a une échelle des peines, tout de même !

Mme Dominique Estrosi Sassone. Vous n'avez pas répondu à ma question : je le regrette.

Mme Dominique Estrosi Sassone. Dans votre précédente réponse, monsieur le Premier ministre, vous avez de nouveau critiqué le bilan sécuritaire de Nicolas Sarkozy.

M. Julien Bargeton. Eh oui, cela n'a pas marché !

Mme Dominique Estrosi Sassone. Or, je vous rappelle, monsieur le Premier ministre, que vous étiez l'un de ses plus proches collaborateurs et que vous avez contribué à ce bilan sécuritaire ! (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Marc-Philippe Daubresse. On y était, on s'en souvient !

Mme Dominique Estrosi Sassone. Aujourd'hui, ce que les policiers attendent,…

M. le président. Concluez !

Mme Dominique Estrosi Sassone. … c'est la certitude de la sanction et l'impunité zéro.

M. le président. Il faut conclure !

Mme Dominique Estrosi Sassone. Qui protégera les policiers et, demain, la République si vous n'êtes pas à leurs côtés ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Françoise Gatel applaudit également.)

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