Question de M. DOSSUS Thomas (Rhône - GEST) publiée le 06/05/2021
Question posée en séance publique le 05/05/2021
M. le président. La parole est à M. Thomas Dossus, pour le groupe Écologiste Solidarité et territoires.
M. Thomas Dossus. Madame la ministre chargée de la mémoire et des anciens combattants, le 25 mars dernier, les portes du conseil régional d'Occitanie ont été forcées par des militants de l'Action française au cri de « Mort aux islamo-gauchistes », reprenant le vocabulaire en vogue au Gouvernement.
Le 17 avril, un ancien ami du Président de la République, Philippe de Villiers, appelait dans Valeurs actuelles à l'insurrection, pour « éviter la disparition de la France ».
Le 21 avril, des généraux ont publié une tribune factieuse, menaçant le pays de guerre civile pour lutter contre « l'indigénisme » et « les hordes de banlieue » et n'entraînant que des réactions tardives et timorées de votre gouvernement.
Ces actes et propos ne sont pas isolés. Partout, la parole se libère et l'extrême droite la plus radicale passe aux actes. Cette extrême droite est une menace grandissante et mortelle pour notre République.
Face à ce danger, les digues ont sauté, avec La République En Marche, qui trouve parfois l'extrême droite trop molle, mais aussi avec une partie de la droite républicaine présente dans cet hémicycle. (Vives protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)
J'en veux pour preuve la liste interminable d'amendements stigmatisants qui ont été adoptés par le Sénat lors de l'examen du projet de loi « Séparatisme », à l'encontre de nos concitoyens musulmans (Exclamations indignées sur les travées du groupe Les Républicains.),
Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Pas du tout !
M. Thomas Dossus.
ou encore les attaques frontales et scandaleuses de certains ministres ou parlementaires de votre majorité à l'encontre du monde universitaire, qualifié d'islamo-gauchiste.
Ces discours ne sont pas sans conséquence, jusque dans nos territoires, notamment à Lyon. (Huées sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. Mes chers collègues, je vous invite à rester calmes !
M. Thomas Dossus. Le 3 mars dernier, le Gouvernement a annoncé la dissolution du mouvement fasciste Génération identitaire. Cette décision était nécessaire et bienvenue.
Ce mouvement est très implanté à Lyon. Dans cette ville, depuis cette dissolution, sont survenus les événements suivants : le 19 mars, une quarantaine d'hommes ont lancé des pavés et saccagé la vitrine d'une librairie ; le 24 avril, une quarantaine d'individus d'extrême droite ont lancé des projectiles sur une manifestation ; enfin, le 1er mai, le local d'une radio lyonnaise a été attaqué par une quarantaine d'hommes d'extrême droite. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Pierre Charon. La question !
M. Thomas Dossus. Ces bandes violentes agissent au vu et au su de tous, sans être inquiétées. Et pour cause, l'époque leur est favorable.
Leur parole a été légitimée, et, par conséquent, leur violence s'est libérée dans la foulée. Ainsi, tout le monde peut le constater, l'outil de la dissolution ne suffit pas. (Brouhaha.)
Mme Françoise Gatel. Votre temps de parole est terminé !
Mme Béatrice Gosselin. C'est fini !
M. Thomas Dossus. Madame la ministre, ma question est simple : à quel moment votre gouvernement va-t-il cesser d'être complaisant avec l'extrême droite et va-t-il lutter réellement contre son expansion, avec une détermination à la hauteur de la menace qu'elle fait peser sur la République ? (Applaudissements sur les travées des groupes GEST, ainsi que sur des travées du groupe SER. Marques d'indignation sur les travées du groupe Les Républicains.)
Réponse du Ministère auprès de la ministre des armées - Mémoire et anciens combattants publiée le 06/05/2021
Réponse apportée en séance publique le 05/05/2021
M. le président. Mes chers collègues, un peu de calme. Je ne veux pas d'émeute ! (Sourires.)
La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de la mémoire et des anciens combattants.
Mme Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants. Mesdames, messieurs les sénateurs, je n'ai pas saisi toute la question, car le bruit ambiant m'a empêché d'entendre l'intégralité de l'intervention (Rires sur les travées du groupe Les Républicains.)
Monsieur le sénateur Dossus, je vous répondrai sur deux thèmes.
Premièrement, vous avez évoqué la « tribune des généraux », en affirmant que notre gouvernement serait inactif. Je veux rappeler un point : les armées ne représentent pas un parti politique, quel qu'il soit, malgré ce que certains élus ont l'air de penser ; un militaire n'est pas un militant ; les armées sont là pour protéger les Français, tous les Français. Quiconque aurait un avis différent déshonorerait nos armées et notre République.
Florence Parly a eu l'occasion de l'indiquer, les 52 officiers généraux qui ne sont plus en activité seront traduits devant un conseil supérieur d'armée en vue de leur radiation et les 18 militaires d'active ayant violé le devoir de réserve seront soumis à des sanctions disciplinaires, sous la responsabilité du chef d'état-major des armées.
Deuxièmement, le ministère de l'intérieur travaille, lui aussi, activement : le ministre a engagé la procédure de dissolution de Génération identitaire. Le Conseil d'État a estimé que cette association était bien responsable de provocation à la haine et à la discrimination.
Vous ne pouvez donc pas dire, monsieur le sénateur, que nous n'agissons pas et que nous ne sommes pas vigilants.
Toutes les manifestations et les paroles qui incitent à la fracture et à la violence, notamment d'extrême droite, dans notre pays sont combattues au plus haut niveau. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
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