Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UC) publiée le 22/04/2021
M. Yves Détraigne attire l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur le récent appel en faveur d'un accès à l'insuline pour tous, formulé par plusieurs associations à l'occasion du lancement du « Global Diabetes Compact » par l'organisation mondiale de la santé (OMS).
En effet, cent ans après sa découverte, l'insuline reste hors d'accès pour au moins la moitié des personnes qui en auraient besoin dans le monde. Elle représente pourtant un traitement vital pour des millions de personnes atteintes de diabète à travers le monde, la fédération internationale du diabète estimant même que d'ici 2045, le nombre de patients aura augmenté de 51 %. L'accès à des traitements abordables est donc crucial pour la survie des patients.
Or, à ce jour, les capacités de production mondiale restent concentrées entre les mains de trois producteurs, ce qui entraîne des répercussions sur l'approvisionnement et les prix de l'insuline dans les pays en développement, mais aussi dans certains pays riches comme les États-Unis.
Au Mali, le prix d'un flacon d'insuline avoisine les 7 euros alors que le salaire minimum dépasse à peine les 50 euros. Une étude montre même qu'une année d'approvisionnement en insuline absorbe plus 17 % des revenus d'une famille. Ces prix élevés représentent un obstacle majeur à l'accès à l'insuline. Pourtant, les prix de production sont estimés à moins de 72 dollars par an et par personne, et les inventeurs de l'insuline en avaient cédé les brevets pour un dollar symbolique, en 1923.
L'obstacle du prix s'ajoute à d'autres contraintes sur le terrain, comme l'accès aux meilleurs outils d'administration (seringue, stylos
) ou encore le besoin de conserver l'insuline à une température comprise entre 2 et 8 degrés.
Pour contribuer à résoudre les questions d'accès à l'insuline, les associations demandent des engagements concrets en termes de transparence des coûts et de multiplication des lieux de productions locaux.
Considérant que l'initiative de l'OMS doit être une opportunité pour aller au-delà des déclarations de principe, il lui demande quelles mesures le Gouvernement envisage, avec ses partenaires européens notamment, afin d'assurer de façon pérenne un accès à l'insuline pour tous.
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Transmise au Ministère de l'Europe et des affaires étrangères
Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 21/10/2021
La France s'efforce de promouvoir l'accès aux médicaments et aux soins de santé comme bien public mondial et se montre particulièrement soucieuse de leur accessibilité. Concernant le diabète - dont les cas augmentent de manière rapide et sous toutes les latitudes - l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé un Pacte mondial, le 14 avril 2021, afin de s'attaquer aux principaux obstacles à la réalisation des objectifs relatifs à cette maladie. Le ministre des solidarités et de la santé a participé à ce lancement et annoncé son soutien à cette initiative. Ce pacte a pour objectif de réunir l'ensemble des partenaires, de regrouper les outils de l'OMS disponibles pour la prévention et la prise en charge du diabète, et de mettre l'accent sur l'amélioration de l'accès aux médicaments et aux technologies. Cette démarche internationale améliorera ainsi la connaissance de cette maladie, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, et y associera les personnes touchées. S'agissant de l'accès à l'insuline (incluse dans la liste des médicaments essentiels depuis 1977), l'OMS relève que son prix constitue actuellement un obstacle au traitement dans la plupart des pays à revenu faible ou intermédiaire. Trois fabricants contrôlent la majeure partie du marché mondial, fixant des prix hors de portée pour de nombreuses personnes et de nombreux pays. Or, l'OMS souligne que les personnes atteintes de diabète de type 1 ont besoin d'insuline pour survivre et pour maintenir leur glycémie à des taux permettant de réduire le risque de complications courantes, comme la cécité ou l'insuffisance rénale, et que les personnes atteintes de diabète de type 2 ont besoin d'insuline pour contrôler leur glycémie afin d'éviter les complications. Le processus de pré-qualification de l'insuline par l'OMS, lancé en novembre 2019, devrait favoriser l'accès à ce médicament en augmentant la circulation de produits de qualité sur le marché international, ce qui permettra aux États de disposer d'un plus grand choix et aux patients de bénéficier de prix plus bas. L'OMS et ses partenaires uvrent ainsi à l'élargissement de l'accès à l'insuline et à d'autres produits médicaux et technologies essentiels en permettant la fabrication de produits génériques et en renforçant la capacité des pays à gérer la chaîne d'approvisionnement. La France a, par ailleurs, co-parrainé la résolution présentée par la Russie sur la prévention et le contrôle du diabète lors de la 74e Assemblée mondiale de la santé en mai dernier. Ce texte reprend des priorités fortes de la stratégie française en santé mondiale, telles que la réalisation de la couverture santé universelle, l'accès égal à des soins primaires (dont le G7 santé, sous présidence française en 2019, s'était fait le fer de lance) et des mesures concrètes concernant le diabète comme la promotion de mesures de prévention et de détection précoces, l'accès aux outils de diagnostic et de mesure de la glycémie, l'harmonisation des exigences réglementaires et le développement de produits génériques (bio similaires), le renforcement de la transparence des marchés de médicaments antidiabétiques, la mise en uvre de solutions financières pour répondre aux besoins des populations défavorisées et marginalisées. Cette résolution est de nature à favoriser les progrès vers l'accès universel et équitable à l'insuline que la France appelle de ses vux.
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