Question de Mme EVRARD Marie (Yonne - RDPI) publiée le 15/04/2021
Mme Marie Evrard attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur le décalage existant entre l'étiquetage mis en place en France avec le nutri-score et l'ADN même des produits laitiers sous indications géographiques (IG). Cette situation est source de confusion pour le consommateur et peut avoir de graves conséquences pour certaines filières et leurs produits, comme les fromages sous IG.
Devenue obligatoire au 1er janvier 2021, l'apposition d'un nutri-score sur tous les produits alimentaires a pour objectif d'améliorer et de faciliter l'information du consommateur sur la qualité nutritionnelle du produit en apposant en face avant des produits un logo en cinq lettres (de A à E) correspondant à une échelle de cinq couleurs (du vert au rouge). Son calcul repose uniquement sur les quantités de matière grasse, de sucre, de protéines, de sel et de fibres.
Or, il s'avère que la très grande majorité des indications géographiques (appellation d'origine protégée - AOP - et indication géographique protégée - IGP) sont classées en D (93 %) et en E (6 %) là où certains produits industriels ultra-transformés obtiennent de meilleures notes. À titre d'exemple, le fromage soumaintrain est classé D au système nutri-score alors qu'il dispose du label IGP. Il existe donc une contradiction entre les labels de qualité dont disposent certains produits laitiers comme les fromages et leur classement en D ou E dans le nutri-score qui laisserait penser qu'ils ne sont pas des produits de qualité.
Le nutri-score limite donc l'information à une simple composition nutritionnelle des produits, sans prendre en compte les caractéristiques des produits laitiers AOP et IGP - fabriqués à partir d'une liste d'ingrédients simples : lait, présure, ferments et sels - et qui ne comportent ni additifs, ni nanomatériaux. Il ne prend pas en compte non plus les conditions de production consignées dans un cahier des charges validé par l'État et la Commission européenne. Celles-ci sont l'expression d'un terroir, d'un savoir-faire ancestral et unique sur une zone géographique donnée. La liste des ingrédients et les conditions de production ne peuvent donc pas être modifiées.
Cette situation crée de la confusion pour les consommateurs et peut avoir des conséquences considérables pour des filières et des économies locales associées. Alors que ces produits laitiers AOP et IGP, comme les fromages sous IG, sont une composante de notre patrimoine gastronomique français et international, elle lui demande les actions qui peuvent être conduites pour les exempter de l'étiquetage obligatoire du nutri-score, à l'instar des demandes formulées en Espagne et en Italie.
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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 15/07/2021
Le Nutri-score est le dispositif que les pouvoirs publics français ont choisi de recommander à l'issue d'une démarche scientifique, innovante, inclusive et fondée sur le dialogue avec les parties prenantes. Ce logo fournit au consommateur, sur la face visible des emballages alimentaires, une information lisible et facilement compréhensible sur la qualité nutritionnelle globale des produits, au moment où il fait ses courses. Il peut ainsi comparer les produits et orienter ses choix vers des aliments de meilleure qualité nutritionnelle. Fondée par l'arrêté du 31 octobre 2017, la démarche d'engagement en faveur du Nutri-score est volontaire, en conformité avec le droit européen. Le Nutri-score est largement déployé par les professionnels de l'alimentation et plébiscité par les français. En juillet 2020, 415 entreprises étaient engagées dans la démarche Nutri-score en France, dont les parts de marché représentent environ 50 % des volumes de vente. Désormais, ce sont près de 500 entreprises qui se sont engagées en faveur du logo. De même, près de 94 % des français ont déclaré être favorables à sa présence sur les emballages. Enfin, plus d'un français sur deux déclare avoir changé au moins une habitude d'achat grâce au Nutri-score. De nombreux travaux scientifiques ont permis de montrer que le Nutri-score était un outil efficace pour discriminer la qualité nutritionnelle des denrées alimentaires, de manière cohérente avec les recommandations alimentaires, en France mais également dans de nombreux pays européens. Le Nutri-score et les signes de l'origine et de la qualité (SIQO) répondent à des objectifs différents. Les SIQO constituent une « garantie » pour les consommateurs en termes de qualité, de savoir-faire, de protection de l'environnement, d'origine et de terroir, quand le Nutri-score informe le consommateur sur la qualité nutritionnelle des produits transformés, et permet de comparer les produits entre eux. Les fromages font déjà l'objet d'une adaptation dans le calcul du Nutri-score, pour prendre en compte leur teneur élevée en calcium. Si les fromages sont classés pour la majorité en D et parfois en E, ceci s'explique par le fait qu'ils contiennent des quantités non négligeables de graisses saturées et de sel et sont également caloriques. Mais, comme tous les produits classés D ou E avec le Nutri-score, les fromages peuvent parfaitement être consommés dans le cadre d'une alimentation équilibrée. Informer les consommateurs sur la réalité de la qualité nutritionnelle de ces aliments n'exclut pas de les consommer mais en quantités et/ou fréquences conformes aux recommandations nutritionnelles du programme national nutrition santé (deux produits laitiers par jour pour les adultes, trois produits laitiers pour les enfants), ce qui est totalement en cohérence avec la signification de leur classement sur l'échelle du Nutri-score. Des évolutions du mode de calcul du Nutri-score sont néanmoins possibles ainsi, sept pays sont désormais engagés en faveur du Nutri-score : la France, la Belgique, l'Espagne, l'Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Suisse. Une gouvernance a été mise en place entre ces pays, comprenant notamment un comité scientifique. Ce comité, composé d'experts scientifiques indépendants, s'est réuni pour la première fois le 12 février 2021 et aura pour mission d'évaluer la pertinence scientifique des propositions d'évolution du mode de calcul du Nutri-score. La France soutiendra les évolutions dans ce cadre. La Commission européenne prévoit par ailleurs, dans sa stratégie « de la ferme à l'assiette », publiée en mai 2020, une proposition législative d'étiquetage nutritionnel en face avant, harmonisé et obligatoire, pour le 4e trimestre 2022. Dans ce cadre, le Gouvernement souhaite que le Nutri-score soit le dispositif retenu. Enfin consciente que le système doit prendre en compte des spécificités liées aux produits comme les fromages, la France portera des propositions dans un cadre européen afin que l'algorithme du Nutri-score et les critères utilisés tiennent compte de ces spécificités.
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